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DIAGNOSTIC D'UN SYSTÈME DE GOUVERNANCE SERVILE
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 05 - 06 - 2020


Abdellah CHEBBAH Mai, 2020
Un retour en arrière mérite réflexion pour la suite à donner aux événements que vit l'Algérie. En ce début du vingt et unième siècle, le pays est arrivé à un carrefour de vérités que la majorité du peuple réclame à travers une révolution éveillée, tranquille et pacifique. Le peuple Algérien aspire à vivre une vie normale dans son pays où la garantie de ses droits et de ses libertés lui soit octroyée. Le mouvement de revendications entamé depuis plus d'une année ne vise pas à la destruction des institutions du pays ni à celle de ses constantes et de ses valeurs, ni à une condamnation de personnes mais à une amélioration du fonctionnement digne d'un état moderne où la justice prime avant tout. Le système de gouvernance imposé de longue date ne convient plus aux générations montantes, ouvertes sur le monde, ni aux institutions de l'état devenues obsolètes.
On ne peut plus gérer ce pays avec une épée de Damoclès sur la tête et une main de fer policière ni avec des idéologies informelles opaques qui transcende chaque citoyen.
Ce pays que les Algériens aiment tant est en train de glisser entre leurs mains sans savoir quoi en faire. Tout va de travers et dans l'anarchie la plus totale depuis plus de 60 ans.
Pourquoi autant de haine, de mépris, de trahisons, de tricheries, d'amertumes et d'incertitudes?
Le pouvoir qui a pris les règnes du pays depuis l'indépendance s'est imposé au peuple brutalement comme un justicier sanguinaire et non comme un bâtisseur, un assembleur, un sauveur. Il a introduit des mécanismes et des réflexes d'assistés sociaux où tout ne peut se faire sans son consentement. L'initiative personnelle et la parole sont devenues des actes anti révolutionnaires. La revendication d'un droit ou d'une liberté individuels n'ont pas eu leur raison et leur sens dans ce système soi-disant socialiste qui se prononce pour le peuple et par le peuple dans une république démocratique et populaire. Dans un passé douloureux de colonisation s'est dessiné un avenir incertain dicté par une voix unique qui imposa alors le destin d'un peuple. Ainsi a été formaté le peuple Algérien.
Aujourd'hui, ce peuple se retrouve à arpenter plusieurs chemins à n'en savoir lequel est le bon. On retrouve les soumis malgré eux, majoritairement pauvres et démunis matériellement et moralement, les sans scrupules qui ne laissent aucune occasion leur échapper pour s'enrichir quitte à ruiner leurs semblables et le pays tout entier, les poltrons qui ne demandent qu' à les laisser tranquilles et en paix, les évadés, les exilés, les harragas qui ont compris qu'ils ne fait plus bon vivre en Algérie mais qui restent toujours attaché à leur pays, les indécis qui tournoient au gré du vent sans conviction ni avis et finalement les insoumis qui battent le pavé tous les vendredis et les mardis pour éclairer le chemin aux égarés qui n'arrivent pas à retrouver le bon chemin de la liberté. Pour le moment le Hirak se résume à cela, pas plus.
La raison primordiale qui a engendré toute cette mascarade est la suivante:
A l'aube de l'indépendance, l'architecture de la prise de pouvoir en Algérie s'est fondée sur la primauté du militaire sur le civil. Une hiérarchie illégitime de mercenaires, révolutionnaires inconnus par le grand public a tracé des cercles concentriques basés sur le principe de Peter au sein même de l'armée pour le transférer au niveau des institutions de l'état et finalement au niveau du peuple pour le maintien du pouvoir à travers la répression, le mensonge, la manipulation, l'incompétence, la corruption, la soumission et la servitude. La propagation de l'onde s'est étalée à tous les niveaux pour inscrire le plus de monde possible dans une sorte de complicité aveugle. L'institution militaire au centre des décisions a divisé le peuple en catégories. Le centre commun de ces cercles étant la rente pétrolière, seule source de revenues du pays qui fluctue suivant le marché et dont les dépenses n'ont jamais laissé de traçabilité. Nul n'étant imputable ni redevable de quoi que se soit. Tout cet argent se distribuait pour uniquement se maintenir au pouvoir. Par la force des choses tout le monde s'est mis à genoux devant les décideurs instruits par un pouvoir militaire, politiquement parlant une dictature militaire, sous couvert d'un civil parachuté sans l'aval du peuple. Pour preuve, aucune élection présidentielle propre et honnête ne s'est déroulée depuis l'indépendance pour prétendre à un pouvoir légitime et aucune démission ou de dénonciation d'imposteurs ne s'est faite officiellement. Le système mis en place a réussi son maintien par la corruption, le chantage, l'emprisonnement et par l'élimination physique. Les Algériens se sont ainsi singularisés.
Venir à bout d'un tel système nécessite temps, militantisme et sacrifices. S'attaquer frontalement à une institution bien structurée issue du peuple s'est se tirer une balle au pied. Pour l'immédiat, le problème n'est pas le système central mais plutôt tous ceux qui l'entretiennent, ces esclaves du système. Il faudrait se focaliser sur ceux-là, les dénoncer, les écarter, les recenser pour les marginaliser. L'embryon de l'infection est là. Il faut contourner ce système de subordination et d'obédience insensé et immoral. Le manque de confiance et de sincérité a créé des divisions au sein du peuple qui a toujours été à l'avantage et ainsi profitables à la pérennité de ce système.
Aujourd'hui, avec l'avènement du Hirak, les choses semblent changer. L'union, la solidarité, la maturité citoyenne et l'attachement à la patrie a disloqué le centre névralgique et ses environs, bousculant le système à l'intérieur même de ses institutions. Les derniers événements montrent que celui-ci est en difficulté dans ces stratégies de maintien au pouvoir. Aucun pays au monde ne s'est attaqué en même temps à autant de personnalités politiques, voire militaires autrefois adoubées et acquises. Les cercles claniques commencent à se rétrécir tout en éructant les incohérences de gouvernance des tenants du système qui est en effervescence. Avec la baisse des revenus, celui-ci n'est plus en mesure de ratisser large. Le retour du hirak en force va tôt ou tard imposer une autodestruction du système de l'intérieur car les moyens s'amenuisent pour assujettir un grand nombre d'autant plus que chaque clan prêche pour sa paroisse. Son ultime stratégie est la répression à outrance diligentée par les polices politiques engendrées par les clans sans scrupules dont il faut neutraliser par le pacifisme et la dénonciation. Ceux qui osent encore se soumettre doivent comprendre qu'ils ne sont que des ustensiles en papier, jetés à la poubelle après usage.
Il est temps pour le hirak de détruire ces cercles concentriques en orientant ses slogans vers des revendications plus subtiles et politiquement correctes. ‘'Trouhou Ga3, Dawla madania, machi 3askaria''sont des slogans fleuves qui enflamment mais impossible de réaliser concrètement. Devant les faits accomplis engagés par le pouvoir, le hirak doit porter les revendications sur un état de droits et de libertés, sur l'expression démocratique, sur la souveraineté du peuple et sur l'indépendance de la justice qui doit être au dessus de tout comme socle de solutions. Pour pacifier socialement et politiquement le pays dans le vivre ensemble, il faut aussi ajouter à cela l'acceptation de la diversité, des divergences, des différences et des différents qui divisent la société.
Ces revendications doivent être portées par une frange de la société qui doit rapporter les revendications des démunis qui n'arrivent pas à s'exprimer convenablement pour les faire aboutir. Une élite capable de séduire et de convaincre, de près ou de loin, est importante car c'est la seule interlocutrice capable de débattre réellement de politique. Dans le cas contraire, tout ou tard, la violence prendra le dessus car d'un côté le peuple, perdant pour perdant, n'aura rien à perdre et le système hiérarchisé et bien structuré, craignant des règlements de compte hollywoodiens ne lâchera pas quitte à faire couler du sang.
Il faudrait donc que les Algériens prennent conscience de tous ces enjeux pour venir à bout de ce système dont ils sont tous complices mal gré, bon gré. La solution ne viendra que de l'intérieur, entre Algériens par le maintien des revendications jusqu'à l'autodestruction de ce système basé sur l'incompétence et l'arbitraire, sans plus se soumettre à une quelconque promesse.
Pour toute fin utile, si l'Amérique, la France, la Chine, la Russie et même l'Allemagne, prétendument désignés comme la main étrangère, refusent de s'ingérer directement, ce n'est pas à cause de la compétence de notre diplomatie mais bien plus pour des raisons évidentes puisque le régime est acquis de facto. Cette main est déjà à l'intérieur de ce régime. Comment expliquer le fait que des personnalités politiques algériennes disposent de facilités et de largesses tels que des comptes en banque garnis, des affaires et des résidences somptueuses dans ces pays-là ? De ce côté, les dés sont déjà pipés. Reste à dé-piper les nôtres.


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