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Bouteflika / Médiène : qui va tuer qui ?
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 14 - 07 - 2009

BackchichMoines de Tibhirine | vendredi, 10 juillet 2009 | par Catherine Graciet
Les révélations d'un général français accusant l'armée algérienne d'avoir tué les moines de Tibhirine relancent la lutte que se livrent le président Bouteflika et le patron de la sécurité militaire, le général Médiène.
La presse algérienne a pris la mouche suite au témoignage du général français François Buchwalter, ancien attaché militaire français en Algérie, dans l'affaire des moines de Tibhirine assassinés en mars 1996. La thèse officielle veut que les religieux aient été tués par des terroristes des GIA (Groupes islamistes armés) mais, pour le général Buchwalter, ils auraient été victimes d'une bavure de l'armée algérienne.
Si les médias algériens ont tardé à réagir aux révélations du militaire français — tout le sérail était très occupé avec le décès et les funérailles de la mère du président Abdelaziz Bouteflika, survenu dans la nuit du 5 au 6 juillet — ils ont depuis repris du poil de la bête. Et récusent énergiquement les affirmations du gradé français en y voyant une manipulation politique de Paris.
Ainsi le quotidien Liberté qualifie d' « invraisemblables » les faits décrits par le « barbouze français ». Le quotidien El Watan parle, lui, de « délires » et, pour L'Expression, la France a « souillé » la mémoire des moines. Voilà donc le général tricolore habillé pour l'hiver.
Un général français accuse l'armée algérienne d'avoir tué les moines de Tibhirine© Khalid
Pour sa part, le quotidien arabophone à grand tirage El Khabar a interviewé l'un des anciens fondateurs des GIA, Abdelhak Layada qui avait, dans le passé, trouvé refuge au Maroc — où il a rencontré le roi Hassan II pendant un quart d'heure — avant d'être restitué par le royaume alaouite à l'Algérie. Pour ce barbu repenti qui au moment de la mort des moines était entre les mains des services de sécurité algériens (il a été livré à Alger en 1993 et a recouvré la liberté en 2006), c'est un ancien émir des GIA, Djamel Zitouni, qui a assassiné les religieux « à la suite de tergiversations du renseignement français » qui, selon lui, aurait tardé à répondre si oui ou non ils négociaient avec le GIA sa libération à lui, Layada, contre celle des moines. Selon le repenti, les services secrets français ont ensuite « doublé les autorités algériennes et traité directement avec les ravisseurs », commettant ainsi une « grande trahison ».
Silence radio du côté des officiels algériens
Du côté des officiels algériens, c'est le grand silence et l'absence totale de réactions des cadors politiques. Le parti du RND (Rassemblement national démocratique), celui du Premier ministre Ahmed Ouyahia, dénonce « avec force cette nouvelle provocation à l'égard de l'Algérie qui a souffert des affres du terrorisme dans le silence et la complicité des autres ». Et le président de la Commission nationale consultative pour la promotion des droits de l'Homme (CCPDH), Farouk Ksentini, un proche du président Bouteflika estime que le gradé français est un « général d'opérette qui veut réveiller une affaire qui s'est essoufflée », selon la presse.
Rien de bien méchant ni de bien nouveau donc sous le soleil d'Alger. Pourtant, sur cette affaire, la rhétorique française et en l'occurrence sarkozyste a sensiblement évolué. 14 novembre 2006. Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur et candidat à l'Elysée, se recueille, lors d'un déplacement de 36 heures en Algérie, au monastère de Tibhirine et dépose une gerbe de fleurs en la mémoire des sept religieux assassinés. « J'espère qu'il (le monastère) pourra rester un lieu dédié à la prière, à la rencontre, à la concorde et à la paix, au-delà de la barbarie » déclare le futur président, ému. L'idée de cette visite au monastère lui aurait été soufflée par Boris Boillon, jeune diplomate prometteur qui a été deuxième conseiller à l'ambassade à Alger de 2001 à 2004 et qui allait devenir le « monsieur Maghreb » du président Sarkozy à l'Elysée avant d'être récemment muté comme ambassadeur de France à Bagdad.
En 2006, Nicolas Sarkozy cautionnait donc la thèse de la barbarie islamiste dans l'assassinat des moines, pour le plus grand bonheur des « décideurs » militaires algériens. Puis patatras boum boum, en 2009, après les révélations du général Buchwalter, voilà que le même Nicolas Sarkozy se prononce pour la levée du secret défense si la justice le demande et, cerise sur le gâteau, déclare que « les relations entre les grands pays, elles s'établissent sur la vérité, pas sur le mensonge » ! Là encore, du côté d'Alger, seule la presse s'offusque de ces propos alors que le régime algérien, et en particulier Abdelaziz Bouteflika, est pétri de culture révolutionnaire et ne serait jamais passé à côté d'une aussi belle occasion de tancer vertement la France au nom de la repentance et des crimes commis sous la colonisation.
Les déclarations du général Buchwalter font le jeu de Bouteflika
« De mon point de vue, le président Bouteflika va laisser faire exactement comme il l'a fait pour l'affaire Hasseni. Cela l'arrange car, au moment de la mort des moines, il n'était pas au pouvoir », analyse le journaliste algérien et rédacteur en chef de l'hebdomadaire Les Afriques, Ikhsane el Kadi. En effet, en 1996, Abdelaziz Bouteflika vivait une longue traversée politique du désert entre Genève et Abou Dhabi.
Même son de cloche chez cet ancien très haut fonctionnaire algérien pour qui peu importe que « l'affaire des révélations du général Buchwalter soit spontanée ou organisée, elle fait déjà une victime : le général Médiène, alias Tewfic, patron de la sécurité militaire algérienne ». Car Tewfic fait partie de ces généraux dits « janviéristes » qui, en janvier 1992, ont préféré interrompre le processus électoral qui allait mener les islamistes du FIS au pouvoir. Par la suite, l'Algérie basculera dans une sanglante guerre civile qui fera environ 150 000 morts.
Le temps a fait son œuvre pour les autres généraux à l'origine du coup d'Etat militaire de 1992 et qui ont pesé lourd dans la vie politique du pays tout au long des années 90 et du début des années 2000 : le général Smaïn Lamari, cerveau de la lutte anti-terroriste, est décédé en août 2007, le général Mohamed Lamari, chef d'Etat-major de l'armée a fait valoir ses « droits à la retraite » après avoir tenté en vain de soutenir Ali Benflis contre Abdelaziz Bouteflika à l'élection présidentielle de 2004, le général Larbi Belkheir, véritable parrain du système algérien, est aujourd'hui mourant, le général Khaled Nezzar fait régulièrement soigner ses problèmes de santé à Paris...
Tewfic, le dernier des Mohicans
Autant de défections qui font le miel du président Bouteflika. Et pour cause ! Depuis sa première élection, en 1999, ce dernier, qui clamait qu'il ne serait pas un « demi-président » n'a eu de cesse de manœuvrer pour desserrer l'étau militaire autour de la présidence de la République. Au péril de sa vie. En Algérie, l'armée et la sécurité militaire tiennent de facto le pouvoir depuis l'époque Boumediène.
Alors même qu'il avait été placé à la tête de l'Etat par les « faiseurs de présidents » pour appliquer la politique de la Concorde civile puis de la Réconciliation nationale et, surtout, pour que les responsables militaires en poste pendant la guerre civile ne soient pas inquiétés par la justice internationale pour les crimes commis dans le cadre de la lutte anti-terroriste, voilà justement qu'il les menaçait de les faire traduire devant un tribunal pénal international ! Peu avant sa mort en 2007, le général Smaïn Lamari craignait d'ailleurs que cela ne leur pende au nez.
« Le général Tewfic est certes le dernier de ces généraux encore en poste mais il est isolé et seul face à Bouteflika. Avec la démission du général Mohamed Lamari, chef d'Etat-major, en 2004, les chefs de l'armée préfèrent s'adonner au business qu'à la politique. De son côté, la sécurité militaire compte maintenant dans ses rangs de jeunes officiers qui n'appartiennent pas à la même génération que Tewfic. Toutes les conditions sont donc réunies pour que le président Bouteflika se débarrasse de lui », analyse notre ancien haut-fonctionnaire.
Bouteflika franchira-t-il le pas, même si la justice française lui donnait un sérieux coup de main en voulant faire la lumière une bonne fois pour toutes sur la mort des moines de Tibhirine ? Pour le général-major Rachid Benyelles, ancien chef d'Etat-major de la Marine et candidat malheureux à la présidentielle de 2004, il n'en sera rien : « l'immobilisme endémique de ce monsieur (Bouteflika) persistera. Tout est gelé et ça continuera ».
Il faut dire que le remplacement du général Tewfic est une question ô combien délicate. Il s'agit tout de même du chef de la sécurité militaire ! De plus, l'assassinat en 1992 du président Boudiaf en dit long sur les risques qu'encourent ceux qui s'en prennent aux pouvoirs et aux intérêts des militaires. Certes, Bouteflika pourra toujours opter pour une solution intermédiaire en faisant monter en puissance son ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, et les services de son ministère mais une chose est sûre, à Alger, la question qui se pose aujourd'hui est : entre Bouteflika et Tewfic, qui va tuer qui ?


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