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À la droite de Dieu
Publié dans Le Soir d'Algérie le 26 - 06 - 2018

La religiosité n'est plus dans les cœurs mais dans l'apparat : elle s'affiche de façon ostentatoire et le phénomène n'est plus particulier à une croyance. De même qu'elle semble s'apparenter à un sectarisme qui ne tolère pas l'existence d'autrui, dans une guerre de religions qui ne dit pas son nom.
L'islamophobie dominante, et de plus en plus dirigeante en Occident, depuis l'arrivée de l'extrême-droite aux commandes, la réserve toutefois aux seuls musulmans, à coups de matraquages médiatiques via, notamment, les chaînes d'information continue. Le moindre fait de violence est spontanément associé à la «pratique» et au regain de la foi musulmane.
On oublie souvent de dire que les musulmans sont les premières victimes de cette guerre froide des religions : ils meurent chez eux en Libye, en Afghanistan, au Yémen, en Irak, en Syrie et au Pakistan sous des bombardements souvent financés par l'Arabie Saoudite, les Emirats, le Qatar ou la Turquie. Ils meurent de la main des bouddhistes en Birmanie (cas des Rohingyas vivant principalement dans le nord de l'Etat d'Arakan, à l'ouest de ce pays) ou ailleurs.
Prenant le contre-pied de cette tendance, Jérôme Fourquet, historien et politologue français, directeur du Département opinion et stratégies d'entreprise de l'Ifop, visite la sphère des catholiques de France qui, malgré un net recul sociologique, s'imposent par une grande force de mobilisation. Une enquête inédite au cœur du pays réel.
Son dernier livre, A la droite de Dieu(*) analyse «les crispations symboliques entre islam et chrétienté» dans un pays pourtant laïque comme la France, en s'appuyant sur la polémique des minarets. En effet, ladite «crispation» résulterait de «l'affirmation de la présence d'un islam de plus en plus visible, et qui viendrait supplanter les traces laissées par des siècles de chrétienté» qui n'est pas propre à la France comme en témoigne la votation populaire organisée en Suisse sur l'interdiction de la construction de minarets, en novembre 2009 : «Alors que la Confédération ne compte que 200 mosquées et 4 minarets (dont aucun ne servait à l'appel pour la prière du muezzin), 57% des Suisses votèrent pour l'interdiction des minarets au terme d'une campagne où fleurirent des affiches ornées d'une femme en burqa au regard noir, ou de 7 minarets dressés comme des missiles transperçant le drapeau suisse», rappelle Jérôme Fourquet.
Les mêmes réactions sont enregistrées en France. «Un sondage de l'Ifop réalisé dans la foulée indiquait que 53% des Français seraient opposés à l'érection (oh, le gros mot, ndlr) de minarets.»
Elles sont associées à un «imaginaire collectif (qui) demeure fortement imprégné par le christianisme», même si «la société est sécularisée».
L'enjeu que constitue «l'architecture religieuse» a toujours été «un enjeu de pouvoir pour marquer un territoire». Ainsi, «au XIXe siècle, les catholiques disposaient de la grande avenue pour leurs églises, tandis que les protestants pouvaient bâtir des temples uniquement dans les rues adjacentes».
Ailleurs, il est souvent fait mention du leader de l'AKP turc dans, sinon la genèse, du moins l'alimentation de cette crispation : «Le dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan avait, quant à lui, cité les vers d'un poète islamo-nationaliste, qui traduisent bien la dimension géopolitique de l'érection d'édifices religieux : ‘'les minarets sont nos baïonnettes, les mosquées nos casernes et les croyants nos soldats''.» Au-delà de l'enjeu architectural, Erdogan mit en avant l'arme démographique qui fait taire l'Allemagne et les Pays-Bas qui s'étaient opposés à la venue de ministres turcs souhaitant tenir des meetings auprès de leur communauté ; il envoya un message sur Twitter appelant ses compatriotes vivant en Europe à «faire cinq enfants» pour prendre une revanche sur les injustices et «devenir l'avenir de l'Europe».
L'auteur du livre revient sur les évolutions récentes de l'électorat catholique de France, dans un entretien accordé au journal en ligne de droite, Atlantico.(**) Majoritairement ancré à droite et jusqu'à présent réfractaire au vote FN, il a toujours laissé place au vote «catho de gauche» jusqu'à la présidentielle de 2012 : «Les catholiques ne sont évidemment pas un bloc politique homogène et plusieurs sensibilités s'expriment mais les ‘'catholiques de gauche'' sont minoritaires (25%) et environ la moitié des pratiquants votent à droite alors que 15% votaient pour le FN historiquement.»Le processus de «radicalisation» et de «droitisation» des catholiques s'opère autour d'une première prise de conscience : l'idée – confortée par l'échec de leur mobilisation contre la loi Taubira(***) – qu'ils étaient minoritaires dans la société française. Ils ne pèsent plus autant qu'en 1984 lorsque la gauche s'était attaqué à l'école libre, ce qui avait suscité une grande mobilisation qui l'avait contrainte à reculer et abandonner son projet.
Plus fondamentalement, les catholiques prennent conscience d'un autre enjeu : «La société française est en voie de déchristianisation très avancée (et même de déconfessionnalisation) et ce n'est pas uniquement contre cela qu'il faut se mobiliser mais contre aussi ce qui est perçu comme une concurrence très active ou efficace de la part d'une religion plus récemment installée sur notre sol qui est la religion musulmane. C'est un autre aspect du phénomène de radicalisation qui va là aussi aboutir à une radicalisation multiforme de toute une partie de la population catholique pratiquante.»
Là aussi, l'extrémisme n'a pas tardé à exploiter la peur, le racisme : «L'expression la plus visible de cette ‘'radicalisation'' ou ‘'droitisation'' de l'électorat catholique ce sont les résultats du deuxième tour de la présidentielle où 40% de catholiques pratiquants sondés votent Marine Le Pen. Certes, ils n'avaient pas de candidats de droite pour qui voter, mais en 2002 et même si l'offre politique était différente, le candidat FN de l'époque avait fait entre 15 et 18%. Il y a plus qu'un doublement du vote en faveur de l'extrême droite dans cet électorat, ce qui n'a pas manqué de susciter la controverse dans cette communauté.»
Jérôme Fourquet y voit «l'aspect le plus visible et le plus chiffrable», mais il recense par ailleurs «l'éclosion de nombreuses structures militantes, associatives qui ont des objectifs variés (évangélisation, poursuite du combat contre les lois de bioéthique...). Dernier exemple : on peut noter aussi la montée en puissance de toute la thématique de la défense des chrétiens d'Orient».
Les religions n'ont pas fini de se faire la guerre.
A. B.
(*) Jérôme Fourquet, A la droite de Dieu, éditions du Cerf, Collection Idées, 176 pages - janvier 2018.
https://www.editionsducerf.fr/librairie/livre/18361/a-la-droite-de-dieu
(**)http://www.atlantico.fr/decryptage/mais-qui-saura-seduire-durablement-catholiques-francais-maintenant-qu-ont-repris-gout-politique-jerome-fourquet-3278773.html
(**) Loi n°2013-404 du 17 mai 2013 ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, déposée devant le Parlement par Christiane Taubira, garde des Sceaux.


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