A quoi reconnaît-on une marche pour les libertés en Dézédie ? Aux gilets rouge-sang ! En apprenant la prochaine visite en principauté de Dézédie — en décembre — du prince héritier d'Arabie Saoudite, presque machinalement, nous avons été nombreux à penser au meurtre du journaliste et activiste islamiste Khashoggi. Pas tous, fort heureusement ! Car révulsé par cette visite, je le suis aussi, mais plus avant dans ma mémoire jamais cicatrisée. Bien plus avant, encore plus loin que le drame du consulat saoudien à Istanbul. J'ai repensé au million de dollars glissé dans la poche de Abassi Madani par les Al'Saoud. J'ai repensé aux écoles coraniques créées en un tour de main de passe-passe complice avec les autorités dézédiennes de l'époque et dans lesquelles les miens ont été façonnés au futur djihad. J'ai repensé aux prêcheurs missionnés dans mon pays par Riyadh. J'ai repensé aux 200 000 morts de la seconde guerre d'Algérie. Au-delà du sort, certes atroce, d'un journaliste saoudien, les babouches qui se poseront sur le tarmac de l'aéroport Houari-Boumediène en décembre signeront la confirmation d'un vieil adage : l'assassin revient toujours sur les lieux du crime ! Ce crime de masse pensé, commandité, financé et exécuté par procuration par ce régime serial-islamist-killer qu'est la monarchie saoudienne dans tous ses démembrements dégénérescents. Non, je ne suis pas insensible à la boucherie innommable commise contre un homme seul pris dans le traquenard soft d'une représentation diplomatique. Mais aucun mur lourd d'ambassade ne pouvait atténuer les cris des miennes et des miens que les «enfants de Saoud» découpaient à la scie rouillée et au sabre dans les vallées, plaines et montagnes de ma Dézédie. Les tombes fument encore de fureur. Elles fumeront encore plus longtemps, je l'espère, si nous empêchons les «pompiers-pyromanes» qui ont déclaré un jour qu'il «n'y avait ni vainqueur ni vaincu dans cette tragédie» d'inonder d'oubli nos martyrs. Décembre-Noir, je te déclare ! Décembre-Noir, je te baptise ! Au nom des miens dont la terre-sépulture est encore collée à mes ongles. Au nom des miens dont nous avons enterré les corps, mais pas les voix sentinelles ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L.