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LA COUPE DU MONDE DE MOHAMED BENCHICOU
Belcourt, quinze ans apr�s Yamaha, une heure apr�s Koren
Publié dans Le Soir d'Algérie le 15 - 06 - 2010

Belcourt ne savait d�j� plus distraire le d�sespoir quand Chaouchi rel�cha le ballon dans ses filets, ce dimanche noir o� le capitaine Koren, le capitaine slov�ne, avait tir� et que la cit� s��tait �croul�e, touch�e en plein c�ur, ramen�e � sa condition mis�rable, tu ne seras pas champion, mon fils, il n�y aura pas de d�fil�, cache le drapeau et viens fumer un joint, le cort�ge est annul�, tu ne seras pas champion, mon fils� Du temps des fr�res Yamaha, Belcourt savait rire de ses d�sappointements.
A la fa�on qu�avait la pl�be alg�roise de rigoler de son destin plut�t que d�en pleurer, Belcourt cultivait le g�nie in�galable de s��riger en �tranger � sa propre trag�die, de tout traiter avec une goguenarde philosophie, tout, la vie, la mort, le pass�, l�avenir, la patrie, les hommes, sa propre mis�re, surtout sa propre mis�re et, qui sait, peut�tre m�me Dieu ! J�apprendrai, plus tard, que c��tait une fa�on de survivre. M�me dans le quartier de Cervant�s, dans Belcourt des pauvres gens, m�me � Cervant�s, assemblage de masures loqueteuses o� l�on croupissait jusqu�� la mort, m�me � Cervant�s on avait appris � pi�ger son malheur dans l�autod�rision pour mieux l�endurer. Un don des fr�res Yamaha, mi-clowns mi-h�ros, qui savaient si bien parodier leur propre d�tresse, quand tous les autres s�en bouleversaient. Avec eux, ch�meurs et p�res de famille se consolaient de ce que m�me la solitude et les jours sans pain, m�me l�h�catombe donc, pouvaient, parfois, ne pas �tre pris au s�rieux et Cervant�s survolait alors dignement Belcourt de ses guenilles. En ce temps-l�, du temps des fr�res Yamaha, Belcourt ne d�filait pas pour un match, mais pour des choses �tranges, la dignit�, le droit d�exister, la d�mocratie, slogans d�automnes rouges de sang et de col�re, c��tait le 5 Octobre mon fils, et le capitaine avait tir�, pas le capitaine Koren, l�autre capitaine en treillis, sur un char, et la balle n��tait pas de marque Adidas, c��tait une balle r�elle, un automne de Belcourt o� Cervant�s ne voulait plus de ces guenilles, un automne de Belcourt, comme l�automne de mon p�re, ce 11 D�cembre 1960, sur injonction des �diles de l�ombre, la r�volution s�essoufflait et ils avaient besoin du secours des masses innocentes, les hurlements de Belcourt bouleverseraient la plan�te et parviendraient jusqu�aux oreilles des Etats en conclave � New York, avaient-ils assur�. �Ce fut ici, mon enfant��, ce fut ici, de ces hauts lieux de l�h�ro�sme ancien, ce fut ici, dans Belcourt, un matin d�automne, drapeau � la main, � travers le boulevard Cervant�s et les rues miteuses de notre enfance, la rue de l'Amiral-Gu�pratte puis le march� indig�ne d�El-Akiba, ce fut ici, dans les quartiers europ�ens, l�embl�me vert � la main, dans les quartiers o� on n�allait jamais, devant le caf� Quiko, le Monoprix et le cin�ma Roxy, la rue de Lyon et ses belles devantures, la rue de l'Union, puis la rue Lamartine, ce fut ici que je poussai mon dernier cri �Tahia El-Djaza�r !� � la rue Alfred-de-Musset, le capitaine avait tir�. Pas le capitaine Koren, l�autre capitaine en tenue de para, �bleu, blanc, rouge�, et la balle n��tait pas de marque Adidas, c��tait une balle r�elle, un automne de Belcourt o� Cervant�s ne voulait plus de ces guenilles, un automne de Belcourt, comme l�automne de mon p�re, une nuit de Toussaint rouge dans les Aur�s, mais tout cela, c�est si loin� Aujourd�hui Belcourt d�file pour un match et Chaouchi a rel�ch� le ballon dans ses filets, ce dimanche noir o� le capitaine Koren avait tir� et que la cit� s��tait �croul�e, touch�e en plein c�ur, ramen�e � sa condition mis�rable, tu ne seras pas champion, mon fils, il n�y aura pas de d�fil�, cache le drapeau et viens fumer un joint, l�un des fr�res Yamaha est mort, assassin� une nuit douteuse, personne ne raconte plus rien � nos enfants �gar�s, ceux-l� qui n�ont jamais su de quels p�ch�s ils �taient coupables, que j�ai vus �puiser leurs existences � vouloir rejoindre les r�cifs d�en face, � p�rir en mer, solennels et imposants, dans une noble na�vet�, � l��ge encore vert o� l�on croit ne conna�tre aucune raison de vivre et tous les pr�textes pour mourir, gamins de Belcourt, chair innocente de nos guerres douteuses, venus au monde apr�s ce qui sera appel� plus tard, l�ind�pendance, � la fin d�une guerre magnifi�e qui eut lieu dans l�exub�rance et la duplicit�, dans l�enthousiasme et les fourberies, l�ind�pendance, mon fils, o� nous n�avons pas cess� d�esp�rer pour nos enfants ce que nos p�res avaient esp�r� pour nous, ce que le temps nous refusait alors, ce qu�il nous refuse toujours, aujourd�hui que les anciens compagnons d�armes, mus par une avidit� nouvelle, ont fait r�tablir les parapets de Belcourt et ressuscit� Cervant�s, ses taudis et ses indig�nes, qu�il n�y a plus personne pour pousser le dernier cri, le cri exauc�, �Tahia El- Djaza�r !�, plus personne, seulement �One, two, three�, sur ordre des m�mes �diles de l�ombre, Dieu faisait patienter et nos anciens compagnons d�armes avaient ressuscit� la nuit� Belcourt, un soir que Chaouchi rel�cha le ballon dans ses filets, ce dimanche noir o� le capitaine Koren avait tir� et que la cit� s��tait �croul�e, touch�e en plein c�ur, ramen�e � sa condition mis�rable, tu ne seras pas champion, mon fils, il n�y aura pas de d�fil�, cache le drapeau et viens fumer un joint, le cort�ge est annul�, tu ne seras pas champion, mon fils, pas avant que tu ne devines que les hommes ont le degr� de libert� que leur audace conquiert sur la peur, lorsque, devenus adultes, les gamins de Belcourt, fatigu�s de l�insupportable, referont de ce quartier indig�ne de Cervant�s le temple discret o� l�on apprendra la col�re puis la d�sob�issance puis la t�m�rit�

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