«Notre vote à nous, c'est aujourd'hui que nous l'effectuons», affirmait, hier vendredi, un manifestant, drapé de l'emblème national, qui était, en compagnie de centaines d'autres citoyens, à la place des Martyrs dans l'attente de l'entame de la désormais traditionnelle marche du vendredi qui, était, ainsi, à son huitième épisode. M. Kebci - Alger (Le Soir) - La réplique de ce sexagénaire qui était en compagnie de trois de ses petits-fils était, bien entendu, destinée au nouveau chef de l'Etat intérimaire qui vient de convoquer le corps électoral pour une élection présidentielle pour le 4 juillet prochain. Et un autre manifestant, beaucoup plus jeune, la vingtaine entamée, d'abonder dans le même sens, usant d'ironie et de dérision comme savent si bien le faire nombre des gens de sa génération. «Nous avons répondu présents à Bensalah qui a invité le peuple algérien au vote. Que le chef de l'Etat et ceux qui l'ont installé prennent acte de notre avis», dit-il avant qu'il ne se lève pour entamer la marche, les mosquées environnantes, notamment Djamaâ el Kebir et Ketchaoua, commençaient à libérer les fidèle à la faveur de la fin de la prière hebdomadaire vers 13h30. Et aussitôt, la mythique place des Martyrs s'avéra exiguë pour contenir les milliers de personnes qui affluaient de toutes les ruelles. Et une grande banderole sur laquelle étaient portés des faiseurs de la glorieuse révolution de Novembre, entre autres Abane, Amirouche, Krim, Lotfi, Chaâbani, Didouche, Mellah, Boudiaf, assassinés pour certains et trahis pour d'autres, attirait l'attention des présents, surtout que ces illustres personnages entouraient, dans un triste contraste, d'autres figures que la rue qualifie de bande et dont elle réclame le départ inconditionnel. Et instantanément, un cortège monstre s'engouffrait dans la rue Bab Azzoune, puis la rue Abane-Ramdhane avant d'emprunter la rue Asselah-Hocine pour atterrir, une demi-heure plus tard, à la Grande-Poste. Ces milliers de manifestants, des jeunes, des vieux, des femmes, des filles, des enfants, en solo, en groupes d'amis ou en famille, reprenaient à gorge déployée les traditionnels mots d'ordre du mouvement avec, cette fois-ci, la triste palme réservée à Abdelkader Bensalah, invité en des termes peu amènes à emboîter le pas à celui auquel il doit l'essentiel de sa carrière politique, l'ex-Président Abdelaziz Bouteflika. «Bensalah dégage» ou encore «Bensalah, le Marocain, l'Algérie a ses enfants», «Bensalah, va dormir chez toi» étaient ainsi entonnés aux côtés de ceux, déjà connus, comme «L'Algérie est une République, pas une monarchie» ou encore «Algérie libre et démocratique». M. K.