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«La rue doit maintenir la pression»
Entretien avec Soufiane Djilali, président de Jil Jadid :
Publié dans Le Soir d'Algérie le 18 - 04 - 2019


Propos recueillis par Abla Chérif
Soufiane Djilali analyse ici les derniers développements survenus sur la scène politique et éclaire sur les points «chauds» ayant marqué l'actualité de ces derniers jours.
Le Soir d'Algérie : De nouveaux éléments sont entrés en compte ces dernières heures. Tayeb Belaïz a démissionné, un nouveau président du Conseil constitutionnel nommé et déjà décrié. Comment analysez-vous ce qui s'est passé ?
Soufiane Djilali : Les évènements s'accélèrent, en effet. Le régime a perdu son équilibre et la chute est inévitable. Bien entendu, le pouvoir tente de résister. Il a trop à perdre. Cependant, la pression populaire est telle qu'il sera très difficile de tenir longtemps. Le régime est très dégradé, décalé et obsolète et ne peut réinventer un futur pour lui. Alors, le départ de Belaïz et la venue de Feniche ne sont qu'un maillon, qu'un épisode de cette « révolution du sourire ». Toutes les semaines, sinon tous les jours, nous vivons des faits politiques exceptionnels. La roue de l'Histoire est en train de faire son œuvre.
Quelle est votre opinion sur le dernier discours du chef d'état-major ?
Tant dans la forme que dans le fond, ce discours montre toute l'ambiguïté que vit le système. Il a envie de perdurer et freine des quatre fers pour éviter le changement et, en même temps, il concède à chaque fois des espaces nouveaux en faveur de la contestation. Le chef d'état-major a ouvert, à Ouargla, le carcan de la Constitution concernant la période de transition. Il a, bien entendu, réitéré son respect à la Constitution au nom du Commandement de l'armée, ce qui signifie que cette dernière n'a aucune intention de sortir de son rôle légal, mais il a, en même temps, envisagé, implicitement, une solution politique en dehors de l'article 102. Il y a donc ici, une reconnaissance de l'impasse constitutionnelle. M. Gaïd Salah sort peu à peu de ses illusions pour rejoindre la réalité du terrain. C'est une bonne chose en soi.
L'avis des Algériens est partagé au sujet de la démarche de Gaïd Salah, certains sont pour, d'autres expriment leur méfiance, où vous situez-vous ?
Vous savez, au final, il ne s'agit pas de faire confiance ou non. Naturellement, les hommes au pouvoir veulent la conservation du système qui les a si bien servis. Si les Algériens n'avaient pas contesté le 5 ème mandat, le chef d'état-major aurait continué à servir la famille Bouteflika sans sourciller. S'il a changé de position c'est parce qu'un nouveau rapport de force a émergé de la rue. Le peuple a intégré l'équation politique. Il est devenu la force agissante. Malgré les louvoiements du système, il est déjà bel et bien fini. Il est essentiel que les Algériens maintiennent leur pression. Le pouvoir cède pas à pas mais n'hésiterait pas à reprendre des forces si la rue est de nouveau désertée.
Des actes de répression ont été commis par les forces de la police, le chef d'état-major s'en démarque et a annoncé avoir donné des instructions pour protéger les Algériens qui manifestent. Qui, à votre avis, a donné l'ordre de réprimer ?
Les actes de répression ont été décidés de façon concertée par la haute hiérarchie sécuritaire. Ni le chef de la gendarmerie ni celui de la police n'auraient pu prendre des décisions de cette importance stratégique à leur seul niveau. Vendredi dernier, la gendarmerie a bloqué les accès de la capitale, surtout à l'est d'Alger d'ailleurs, et la police a manœuvré sous couvert d'une «attaque» d'un groupe de voyous pour disperser dans la plus grande violence les manifestants.
Le traitement humiliant réservé à nos sœurs militantes entre dans la même stratégie. Par ailleurs, les attaques massives dans les réseaux sociaux, la volonté de réveiller les démons de la division en s'attaquant honteusement aux Kabyles sont aussi de la même veine. Alors, si le chef de l'état-major n'était pas au courant de ces opérations, c'est qu'il y a problème.
Beaucoup d'Algériens ont interprété les avertissements de Gaïd Salah à l'ancien patron du DRS comme étant une lutte de clans qui ne peut rien apporter au mouvement populaire. Etes-vous de ceux-là ?
A ce niveau de responsabilité, on prend des décisions, on ne fait pas des menaces. Il y a une disproportion douteuse entre les faits pour lesquels l'ancien chef du DRS est accusé et la réaction réelle des institutions sécuritaires. J'ai bien peur qu'il ne s'agit là que d'une agitation pour détourner l'opinion publique des vrais enjeux politiques. Etant loin des coulisses, je ne connais pas les détails de ce qui semble être une rivalité personnelle. Il ne me semble pas que cet épisode serve à grand-chose. Tout le monde, sans exclusive, doit mettre du sien pour rechercher la solution et non pas pour régler des problèmes personnels et qui n'intéressent pas, en tous les cas pour le moment, les Algériens.
Quel regard portez-vous sur la «chasse» aux oligarques, l'arrestation de Haddad ? Que peut apporter ce genre d'affaires à la révolution en cours ?
J'ai toujours vu Haddad comme étant potentiellement un Khalifa bis. Tout le monde connaît ce personnage dont la puissance politique semblait mystérieuse. Pourquoi le clan présidentiel en avait-il fait une icône de l'oligarchie ? Sincèrement, s'il semble s'être bien « sucré » avec l'argent public, je pense que beaucoup d'autres devraient être sur la liste des prédateurs et ne devrait pas être le bouc émissaire. Mon petit doigt me dit aussi que sa fortune ne lui appartient pas vraiment, en tous les cas, pas en totalité. M. Gaïd Salah, qui a ordonné à la justice (d'ailleurs en qualité de quoi ?) d'ouvrir des enquêtes approfondies sur les détournements d'argent, devrait faire en sorte que les Algériens sachent exactement qui sont les plus gros bénéficiaires derrière cette oligarchie mise en vitrine.
Cette révolution s'opère également au sein de la justice, socle de tout Etat de droit dans les sociétés. Certains sont pourtant encore sceptiques. Quel est votre avis sur la question ?
Il est vrai que des magistrats se sont alignés sur le « Hirak ». Cela est une très bonne chose. De là à penser que le système judiciaire est devenu aussi rapidement libre et propre en même temps est un pas que je ne franchirai pas. La justice a besoin d'une grande réforme commençant par la consécration constitutionnelle de son indépendance par rapport à l'exécutif. Sans une véritable institution judiciaire respectable et indépendante, il n'y aura pas d'Etat de droit.
A peine prononcée, l'option de l'organisation d'élection présidentielle le 4 juillet prochain a été rejetée par les manifestants. Les responsables actuels maintiennent, mais les évènements en cours compromettent déjà la démarche, le facteur temps joue aussi en défaveur de cette démarche. Une bonne ou une mauvaise chose, en somme ?
Une présidentielle pour le 4 juillet signifie l'enterrement vivant du mouvement populaire actuel.
C'est justement ce que j'ai reproché à ceux qui, consciemment ou non, ont soutenu la démarche du 102. C'était un piège évident dans lequel se sont précipités plusieurs acteurs. Maintenant que chacun a compris que l'application de cet article signifie le maintien du régime, de ses symboles, de ses lois, de ses faussaires et de ses usurpateurs de la souveraineté populaire, le pouvoir devra concéder sa caducité. La volonté populaire et le consensus politique pour une solution transitoire sont supérieurs à une Constitution faite par un homme et pour lui-même. Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude, dit l'adage. Le régime n'a eu de cesse de manipuler la loi fondamentale.
Il ne peut pas nous dire aujourd'hui qu'elle est la seule solution. Les amendements illégaux d'ailleurs, de 2008 et de 2016, doivent être annulés. Revenir à la Constitution de 1996 comme base de travail et la faire évoluer dans un sens voulu par tous est une voie à explorer. Rendre la justice indépendante, créer une cour constitutionnelle qui ne soit pas soumise au président de la République, réduire les prérogatives de ce dernier, renforcer les pouvoirs du Parlement et surtout ses moyens de contrôle de l'exécutif, mettre en place un organe indépendant pour tout le processus électoral… Il y a tout un champ de réformes essentielles à mettre en place.
Des propositions de sortie de crise sont soumises par des acteurs politiques. Quelle est la vôtre ?
Le 10 mars, bien avant la démission du Président Bouteflika, nous avions rendu publique, lors d'une conférence de presse, une feuille de route pour une sortie de crise. Nous avions alors proposé la mise en place d'une présidence de l'Etat après consultation de toute la «société politique», c'est-à-dire, partis politiques, syndicats, associations, personnalités nationales. Cette présidence de l'Etat doit être munie d'une feuille de route précise : discuter et amender des lois qui régissent l'activité politique, les médias et les élections. Une fois les conditions objectives pour une élection transparentes réunies, aller vers une présidentielle pour, ensuite, entamer les vraies réformes de l'Etat et des institutions.
Depuis le 10 mars, le cours de l'Histoire nous rapproche de cette solution. Je rappelle que nous étions, au début, bien seuls à refuser l'article 102, pour les raisons citées plus haut. Dans le document remis à la presse ce 10 mars, nous avions dit alors que le peuple s'était prononcé par «référendum à ciel ouvert» et que la Constitution, dans sa partie politique, était «caduque».
A. C.


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