Même détermination, même enthousiasme patriotique depuis l'avènement du Hirak chez les citoyens de Béjaïa, et ce, malgré la fatigue et le jeûne, en ce 15e rendez-vous hebdomadaire. Une imposante marche a eu lieu hier, dans les artères principales de la capitale des Hammadites, pour exiger encore une fois le changement de système et l'instauration d'une nouvelle ère républicaine. « De quelles concessions et dialogue parlez-vous M. Gaïd Salah ? » Et «à quelles élections faites-vous allusion, sans aucune transition, d'autant plus que des militants des droits de l'Homme crèvent dans vos cellules ?» Sont autant de pancartes et banderoles portées et de slogans scandés, à tue-tête par des milliers de citoyens de la wilaya de Béjaïa, qui ont battu le pavé, pour un 15e vendredi de suite, en dépit du jeûne et de la chaleur, pour renouveler encore une fois leur détermination, à aller jusqu'au bout pour bâtir une deuxième République saine et démocratique. Le triste sort réservé au défunt militant mozabite Kamel-Eddine Fekhar ,décédé des suites de sa longue grève de la faim, mardi dernier à l'hopital de Blida, n'a fait qu'accentuer la colère des manifestants qui n'ont cessé de réclamer justice à sa cause. Beaucoup de portraits de l'idole mozabite ont été portés par des manifestants lors de ce 15e rendez-vous de mobilisation. La détermination, née de la première marche de protestation du 22 février pour faire barrage au cinquième mandat que briguait le président déchu Bouteflika, n'a pas baissé d'un iota, au vu du déferlement humain, qui s'est abattu sur le chef-lieu de la wilaya, dès les coups de 11h. Depuis la maison de la culture Taos-Amrouche, point de départ de la procession, jusqu'au port de Béjaïa, en passant par le boulevard de la Liberté, les manifestants drapés des emblèmes national et amazigh, en carrés bien organisés, avant de tenir une minute de silence à la mémoire de Kamel-Eddine Fekhar, n'ont cessé de dénoncer avec de salves de critiques aux tenants du pouvoir actuel, notamment en direction de la hiérarchie militaire, qui «s'entête» et qui semble ne se contenter que de sa seule et unique feuille de route «constitutionnelle» jusque-là, bannie par les grandes foules, dans tout le territoire national. «Système dégage» «Pouvoir assassin», «Ulac lvot ulac» (pas de vote),» Gaïd berra» «Djoumhouria machi caserna», ces slogans ont occupé, prioritairement, le leitmotiv de cette grandiose démonstration de rue des citoyens de la wilaya de Béjaïa, qui ne jurent de ne reculer devant rien jusqu'à l'instauration d'une nouvelle République laïque et démocratique. «On a besoin d'une transition, d'un Etat civil de beaucoup plus de jeunes pour le devenir du pays. Les vieilles marmites faisaient bien de la bonne sauce, mais il vaut mieux une cocotte nouvelle génération. On est fiers d'être algériens. Pour le dernier discours du vice-ministre de la Défense, on demande plus de clarté civile, non militaire», nous a déclaré Antar Y., un militant infatigable du Hirak, lors de cette manifestation. Par ailleurs, depuis quelques semaines, des comités de quartiers de la ville de Béjaïa organisent quotidiennement des rencontres-débats, animés soit par des militants, soit par de simples citoyens, ayant pour thème «la suite et les enjeux du Hirak» aux fins de trouver de nouvelles actions dans la perspective d'une alternative favorable à la sortie de crise. A souligner, aussi, que des veillées nocturnes ont été organisées par les mêmes citoyens et par des étudiants avec des bougies en hommage au docteur Kamel-Eddine Fekhar, notamment sur la place de la Liberté d'expression Saïd-Mekbel. Kamel Gaci