Les contestations se multiplient au niveau de la wilaya de Bouira. Alors que la population est largement mobilisée par le mouvement populaire qui bat son plein, avec ses propres revendications d'ordre national, au niveau local, pas un jour ne passe sans que soit enregistrée une action de protestation dans une ou plusieurs communes de la wilaya. Hier dimanche, pas moins de trois actions ont été enregistrées au niveau des communes de Bouira, M'chédallah et Zbarbar, par des citoyens qui revendiquent, tous, l'amélioration du cadre de vie quotidien au niveau local. Ainsi, à Bouira, c'est suite à un appel lancé via les réseaux sociaux que des dizaines de citoyens se sont retrouvés, hier matin, devant le siège de la Direction de la santé et la population de la wilaya, pour réclamer l'amélioration des prestations au niveau des structures sanitaires relevant de ce secteur. Sur place, plusieurs présents ont tenu à apporter des témoignages concernant le laxisme et le laisser-aller constaté au niveau des structures de santé de la wilaya, particulièrement au niveau de l'EPH Mohamed-Boudiaf. Un établissement hospitalier censé, selon les protestataires, donner une meilleure image de la wilaya et répondre aux besoins de tous les citoyens, y compris ceux des autres wilayas. Or, souvent des malades, qui viennent en urgence, sont parfois orientés vers les structures sanitaires de la wilaya comme l'EPH de M'chédallah ou celui de Lakhdaria, et parfois vers le CHU de Tizi-Ouzou et, à chaque fois, la raison invoquée est le manque de spécialistes, de moyens ou carrément de médicaments. Des témoignages poignants qui ont été rapportés hier au niveau de la DSP, lors d'une réunion tenue entre le directeur de la DSP par intérim et plusieurs représentants des citoyens. Là, au niveau de la salle de réunions de la DSP, le directeur par intérim écoutait les témoignages de citoyens qui lui racontaient comment tel a perdu son enfant par manque d'une prise en charge sérieuse, tel autre comment il a perdu sa propre femme à cause du retard dans le diagnostic, tel autre encore comment il s'est retrouvé avec une plaie ouverte dans une salle de soins dépourvue de pansements, de sparadrap, et même d'éosine, etc. Et comme chacun racontait sa propre expérience ou ce qui lui a été raconté, c'est le service maternité qui est le plus mis à l'index avec ce manque de gynécologues, ce qui se répercute sur les pauvres femmes enceintes qui se retrouvent souvent ballottées entre plusieurs EPH de la wilaya ; Lakhdaria ou M'chédallah, et parfois hors wilaya vers Tizi-Ouzou mais, le plus souvent ces femmes ne sont pas acceptées et sont renvoyées vers l'hôpital de Bouira pour, enfin, voir le père de famille obligé de se rabattre sur les cliniques privées avec des prix faramineux que beaucoup ne peuvent plus se permettre et recourent à l'endettement. Autant de problèmes, sans parler du manque d'hygiène au niveau des blocs, au niveau de la morgue, et même au niveau des urgences. Aussi, et après avoir écouté toutes ces doléances, le directeur par intérim, et au moment de donner ses réponses, a refusé de consigner celles-ci dans un P-V ; chose qui n'a pas agréé les représentants des citoyens qui ont quitté la réunion avant même d'entendre la version du responsable. Selon les représentants des citoyens, s'il refuse de consigner ses réponses dans un P-V, c'est qu'il est incapable de prendre en charge ces doléances citoyennes. Par ailleurs, à M'chédallah, ce sont des villageois d'Ath Yebrahim, venus des localités de Thamourth Ouzemmour, Alaouche et Thadart, qui ont procédé, hier matin, à la fermeture des sièges de l'APC et de la daïra, pour protester contre le manque d'eau potable. Selon un citoyen de ce village, malgré l'existence du réseau, l'eau n'a pas coulé dans les robinets depuis un mois. Une situation devenue insupportable surtout en ces temps de canicules. Il faut savoir que ces localités, issues du grand village des Ath Yebrahim, sont alimentées depuis l'eau de la source de montagne «Ainsar Averkane» de Saharidj mais pour cause de mauvaise gestion de ce réseau d'AEP assurée pour le moment par l'APC, l'eau du robinet ne coule presque jamais. Hier, et après cette action de protestation, selon notre interlocuteur, le premier responsable de l'APC, qui est sorti rencontrer les protestataires , aurait promis une meilleure prise en charge de ce problème, en procédant, dans un premier temps, à la réfection de toutes les fuites au niveau des conduites principales de ces trois localités et en veillant à ce que les châteaux d'eau soient régulièrement alimentés à partir de la source «Ainsar Averkane» de Saharidj. Cela étant, et malgré les assurances du maire, les protestataires, eux, exigent soit des garanties formelles quant à une alimentation régulière depuis la source «Ainsar Averkane», soit le raccordement de leurs localités au réseau du barrage Tilesdit qui alimente une grande partie de la commune de M'chédallah… Enfin, à l'autre extrémité de la wilaya du côté nord-ouest, à Zbarbar, les citoyens de plusieurs villages se sont rassemblés hier devant le siège de l'APC pour exiger l'amélioration de leur cadre de vie en citant le manque d'AEP, d'éclairage public , de transport et surtout d'infrastructures de jeunesse comme les stades et, présentement, d'une piscine. Des manques que le P/APC, qui s'est exprimé hier sur les ondes de Radio Bouira, reconnaît mais pour lesquels il tient à rassurer les citoyens en leur rappelant que plusieurs projets de développement local, au titre des PVD 2019, sont inscrits et devront être pris en charge par les pouvoirs publics. Y. Y.