Candidat à l'élection présidentielle au nom de la société civile, c'est au sein de cette dernière que Abdelmadjid Tebboune compte puiser des soutiens. Sans appartenance politique revendiquée, le président de la République ne cache pas sa préférence pour une assise moins étroite que celle qu'offrent les partis politiques. Nawal Imès- Alger (Le Soir)- Au lendemain de sa prestation de serment, c'est vers la société civile, dont il se dit le candidat, que s'est tourné Abdelmadjid Tebboune. Une cérémonie en l'honneur de cette dernière a été organisée en signe de reconnaissance. Fait rare, les formations politiques y étaient quasiment absentes à l'exception des rares formations ayant clairement soutenu le candidat, à l'image du PRA. Le message est on ne peut plus clair: le président de la République compte trouver en la société civile une alternative aux partis politiques. Durant sa campagne électorale, interrogé au sujet de la défection du FLN, il n'hésitera pas à répondre que si les partis offraient des soutiens par milliers, c'est par millions que la société civile était susceptible d'en apporter. La classe politique susceptible de lui servir de relais est quasiment tétanisée. Au lendemain des élections, les partis traditionnellement assimilés à de véritables appareils d'Etat se trouvent dans une situation des plus inédites. Avec une erreur d'aiguillage qui risque de lui être fatale, le FLN fait une fois de plus face à ses démons. Une lutte intestine risque d'emporter ce qui reste du vieux parti. Au RND, la situation n'est guère meilleure. Avec un candidat malheureux aux élections, il lui serait difficile de faire une offre de service au nouveau locataire d'El-Mouradia. Mais ce n'est pas tout puisque le mouvement populaire l'a clairement signifié : les symboles du régime de Bouteflika, notamment les partis politiques qui se sont illustrés par un soutien zélé au prédécesseur de Tebboune, sont rejetés. Le Président, pour qui la construction de la nouvelle République passe par le renouvellement de la classe politique, ne saurait certainement s'encombrer de partis dont le parcours est intimement lié à une époque dont il souhaiterait résolument tourner la page. C'est donc naturellement vers la société civile qu'il se tourne. Le jour même de son élection, et au moment où il animait une conférence de presse, Tebboune a clairement évoqué le rôle que sera appelée à jouer la société civile. Mais que reste-t-il de cette dernière qui, vingt ans durant, a été au service de son prédécesseur ? Quasiment inerte et ne répondant qu'aux injonctions, la société civile devra réinventer de nouveaux mécanismes de fonctionnement, loin de l'allégeance qui l'a toujours caractérisée. Tebboune a déjà promis une restructuration de cette dernière pour en faire un véritable contre-pouvoir mais surtout pour qu'elle puisse jouer dans les semaines à venir un rôle de locomotive dans le processus de réformes que le Président compte initier. La révision de la Constitution, premier grand chantier, sera une occasion pour le lancement d'un débat aussi large que possible. Il devra être porté par cette société civile qui reste encore à inventer. Les relais traditionnels qu'ont été par le passé les organisations de masse représentant les femmes, les moudjahidine ou encore les agriculteurs, si elles revendiquent un nombre d'adhérents importants, elles restent très souvent sans ancrage réel dans la société. C'est cet ancrage qui donne à une action politique toute sa légitimité. C'est là aussi un des chantiers que le nouveau locataire d'El-Mouradia va devoir entamer. N. I.