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Qui veut du mal à Djabelkhir ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 27 - 01 - 2020

Djillali Liabès était l'un des plus brillants chercheurs en sciences humaines de sa génération, et il a été assassiné le 16 mars 1993 en exécution du plan islamiste d'élimination des cerveaux. Peu d'universitaires de sa génération retiennent de lui qu'il a été, un bref moment, ministre des Universités, mais la majorité se souvient de ses travaux et de ses contributions au Cread (Centre de recherches en économie appliquée pour le développement). En 1992, il a été nommé à la tête de l'Institut national des études de stratégie globale (INESG). Et c'est sans aucun doute cette dernière fonction, plus que celle de ministre, qui lui a valu d'être ciblé par les tueurs intégristes. Preuve en est, M'hamed Boukhobza, un autre chercheur qui lui a succédé à la tête de l'INESG, a été assassiné par les mêmes, trois mois plus tard, le 22 juin 1993. En hommage à Djillali Liabès, à ses contributions et à son sacrifice, les autorités ont décidé de donner son nom à l'Université de Sidi-Bel-Abbès, la ville dont il était originaire. Qui peut le plus peut le moins. Cruelle ironie du sort, c'est de cette université Djillali-Liabès qu'un enseignant anonyme, pour ne pas dire obscur, est parti en guerre contre un autre universitaire, qui veut aussi comprendre. Le nom de cet imprécateur de droit divin importe peu, puisque c'est sa cible qui nous intéresse, un autre chercheur, Saïd Djabelkhir.
En pays d'Islam, en général, et en pays arabes ligués en particulier, vous pouvez encourir la colère des intégristes si vous vous écartez de la ligne droite, tracée du ciel ou signalisée par eux. Vous pouvez aussi déclencher contre vous les foudres du pouvoir si vous vous hasardez simplement à exiger le respect des règles qu'il a lui-même établies et qu'il viole impunément. Mais, si vous vous mêlez de trop réfléchir, jusqu'à enfreindre la sacro-sainte interdiction de chercher à comprendre que l'on enseigne dans toutes les bonnes écoles, alors malheur à vous ! Pouvoir et théologiens réunis, alliés à une armada de « djihadistes » en herbe, pour ne pas dire terroristes velléitaires, se ligueront contre vous, après vous avoir catalogué « ennemi de Dieu ». Djabelkhir, l'homme « qui a apporté le bien avec lui »,(1) comme son nom l'indique, savait que dans toutes les mosquées d'Algérie, le sermon du vendredi jette l'anathème sur les novateurs. Il n'ignorait pas que dans toutes les mosquées de ce pays et d'ailleurs, où les fidèles écoutent sans broncher des imprécations contre les penseurs et les philosophes, il serait cloué au pilori. Sachant cela, et sûr de son bon droit et de ce que lui dictait sa raison, seulement sa raison, et non pas celle du plus fort, il y est allé quand même, et il a osé partir en guerre contre le dogmatisme.
Car c'est bien d'une guerre qu'il s'agit, et que Djabelkheir a relancée sûrement en connaissance de cause, car il sait que la bataille de la raison contre l'ignorance sacrée n'est pas encore gagnée. C'est une bataille qui peut sembler inégale, mais qui devrait évoquer aux nouveaux wahhabites, négligeant Dieu, et privilégiant les hadiths douteux, que son Prophète était seul au départ. Le chercheur qui n'est pas un prêcheur du pseudo-éveil de l'Islam et qui n'assène pas des vérités validées par des théologiens obscurantistes, s'est abreuvé aux sources mêmes de l'Islam. Et c'est justement le grief fondamental, dirigé contre lui, à savoir contredire de pseudo « ulémas », en agissant en scientifique et en revenant sur des éléments d'histoire non enseignés. Au lieu de vitupérer contre des affirmations, étayées par des points d'histoire et des textes du monothéisme, je convie cet enseignant féru de religion à lire Les Juifs dans le Coran.(2) Cet ouvrage publié l'année dernière est signé de Meir M. Bar Asher, au patronyme aussi parlant que celui de Djabelkhir, et qui n'a pas attendu que les musulmans s'attellent à la tâche. Mais comment pourrait-il en être autrement puisqu'il y a des domaines de recherche qui sont interdits aux musulmans, menacés d'excommunication et dont sont exclus aussi les non-musulmans.
Si certains journaux francophones ont fait état des menaces contre Saïd Djabelkhir et ont pris clairement position en sa faveur au nom de la liberté, j'ai noté un silence arabophone navrant. À moins que je ne me trompe, et je demande dans ce cas à être contredit, des quotidiens édités dans la langue du Coran, seul le journal Al-Fedjr a consacré son éditorial à ce grave sujet. Le titre de l'éditorial, signé de sa directrice, Hadda Hazem, est sans équivoque et proclame dans quel camp le journal se situe : « Vos menaces ne nous font pas peur ! » Le nous, ici, n'a rien à voir avec celui utilisé par certains apparatchiks et autres opportunistes, qui recouvrent leurs ambitions et objectifs personnels du drapeau et emblèmes de l'Algérie. Non, vous ne le faites pas pour l'Algérie, Messieurs ! Sinon, vous auriez réagi aux menaces contre Djabelkhir, mais l'avez-vous fait contre Kateb Yacine, Tahar Djaout et Rachid Mimouni ? Mais comme vous avez remis, il y a bien longtemps, le flambeau aux islamistes et que vous aspirez à atteler, de force, Ben Badis à la remorque du 1er Novembre, vous ne la lirez pas. Sinon, elle vous apprendrait que toute cette agitation est dans la tradition des intégristes qui mobilisent la religion à tout bout de champ, dès qu'ils veulent pervertir le débat démocratique.
Elle vous rappelle également ce que vous êtes censés savoir et que vous taisez par hypocrisie et calcul : « Non, Saïd Djabelkhir n'a rien inventé, et il n'a pas tiré ses affirmations du néant, il a puisé dans le patrimoine religieux, mais vous le haïssez parce qu'il vous a coupé l'herbe sous le pied. Il a contrarié vos projets de faire de la religion votre fonds de commerce, et même s'il est condamné par la justice, vous ne gagnerez pas la guerre, car le train de la liberté de pensée a démarré », vous dit Hadda Hazem. Et ce sera ma conclusion.
A. H.
1) Je me permets, avec humilité, de rebondir sur la signification de ce patrimoine, et je m'empresse de placer cette petite note, car je sais que les adversaires de Djabelkhir vont extrapoler, mais dans le sens de leurs noirs desseins.
2) Les Juifs dans le Coran (éditions Albin Michel - 2019). Meir M. Bar-Asher est professeur de langue et littérature arabes à l'Université hébraïque d'Al-Qods. Remerciements à Danielle Zemmour pour ce livre passionnant.


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