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Pour l'OIT, l'offre d'emplois dans le monde est insuffisante au regard de l'évolution naturelle de la population
Près de 60% des salariés dans le monde travaillent au noir
Publié dans Le Soir d'Algérie le 28 - 01 - 2020

L'offre de travail dans le monde n'est pas d'ampleur suffisante pour permettre à chacun de vivre décemment. En publiant, lundi 20 janvier 2020, son rapport «Emploi et questions sociales dans le monde» 2020, l'Organisation internationale du travail (OIT) évalue à près d'un demi-milliard le nombre de personnes effectuant moins d'heures de travail rémunérées qu'elles ne le souhaiteraient ou n'ayant pas suffisamment accès à un travail rémunéré.
Le rapport annuel sur l'emploi et les questions sociales dans le monde – tendances 2020 — analyse les principaux enjeux du marché du travail, dont le chômage, la sous-utilisation de la main-d'œuvre, la pauvreté au travail, les inégalités de revenu, la part du revenu allouée au travail et les facteurs qui excluent les gens du travail décent. 120 millions hors du marché. Aussi, pour l'OIT, l'inadéquation entre l'offre et la demande de main-d'œuvre va bien au-delà des 188 millions de chômeurs dans le monde en 2019.
Ce qui lui fait dire que la mesure d'un taux de chômage officiel ne rend compte qu'imparfaitement de la réalité globale de l'emploi. A ces chômeurs, il faut ajouter 165 millions de personnes ayant un emploi mais désirant travailler plus et 120 millions d'autres qui sont en marge du marché. Ces dernières qui pourraient potentiellement obtenir un emploi échappent aux statistiques du chômage. La situation n'est guère appelée à s'améliorer.
Certes, le chômage mondial est resté relativement stable au cours des neuf dernières années, mais le ralentissement de la croissance économique va se heurter à l'augmentation naturelle de la main-d'œuvre. Les emplois créés ne seront pas suffisants pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail.
Dans ces conditions, il sera extrêmement difficile à la communauté internationale de parvenir à atteindre l'un des objectifs de développement durable (ODD). A savoir, éradiquer l'extrême pauvreté partout dans le monde d'ici à 2030.
Cet état de fait se double d'une autre problématique. Le fait d'avoir un emploi rémunéré ne garantit pas des conditions de travail décentes ni un revenu suffisant. Aussi, une grande partie des salariés se voit contrainte d'occuper des emplois informels, mal payés et n'offrant que peu ou pas d'accès à la protection sociale et aux droits du travail. Environ 2 milliards de travailleurs dans le monde (61% de la population employée estimée à 3,3 milliards de personnes) relèvent du travail au noir, indique l'OIT.
Et en 2019, plus de 630 millions de personnes au travail dans le monde, soit près de 20% de la population employée, ne gagnaient pas assez pour se sortir eux-mêmes et leur famille de la pauvreté. Ils gagnaient moins de 3,20 dollars par jour (en parité de pouvoir d'achat).
Dans ce contexte, le déficit de travail ne conduit pas seulement à l'inefficacité économique. Il peut aussi saper la cohésion sociale au sein d'un pays. L'OIT relève ainsi que 7 des 11 sous-régions du monde ont connu une augmentation des manifestations l'an passé. Ces troubles sociaux montrent que le mécontentement à l'égard de la situation sociale, économique ou politique est en hausse. «Pour des millions de gens ordinaires, il est de plus en plus difficile de vivre mieux grâce au travail, juge le directeur général de l'OIT, Guy Ryder. C'est un constat extrêmement préoccupant qui a des répercussions lourdes et inquiétantes sur la cohésion sociale.»
La pauvreté au travail, modérée ou extrême, devrait augmenter en 2020-21 dans les pays en développement
Le rapport montre que l'inadéquation entre l'offre et la demande de main-d'œuvre se répercute au-delà du chômage jusqu'à une large sous-utilisation de la main-d'œuvre. En plus du nombre de chômeurs dans le monde (188 millions), 165 millions de personnes ont un emploi insuffisamment rémunéré et 120 millions d'autres ont renoncé à chercher activement du travail ou n'ont pas accès au marché du travail. Au total, plus de 470 millions de personnes sont concernées à travers le monde. Le rapport s'intéresse aussi aux inégalités sur le marché du travail. A partir de données et d'estimations nouvelles, il montre qu'à l'échelle mondiale les inégalités de revenu sont supérieures à ce que l'on croyait jusqu'à présent, surtout dans les pays en développement.
Dans le monde entier, la part du revenu national qui revient aux travailleurs (plutôt qu'aux autres facteurs de production) a nettement reculé entre 2004 et 2017, de 54% à 51%. Cette baisse «significative sur le plan économique» est plus marquée en Europe, en Asie centrale et dans les Amériques. Elle est plus forte que ce que laissaient entendre les précédentes estimations, comme le montre le rapport.
La pauvreté au travail, modérée ou extrême, devrait augmenter en 2020-21 dans les pays en développement, faisant davantage obstacle à la réalisation de l'Objectif de développement durable 1 relatif à l'éradication de la pauvreté partout dans le monde d'ici à 2030. La pauvreté au travail actuelle (définie comme des gains inférieurs à 3,20 dollars par jour en termes de parité de pouvoir d'achat) touche plus de 630 millions de travailleurs, soit une personne sur cinq dans la population active mondiale. Selon le rapport, d'autres inégalités importantes — définies par le sexe, l'âge et la situation géographique — demeurent des caractéristiques tenaces des marchés du travail actuels et limitent aussi bien les perspectives individuelles que la croissance économique générale. Surtout, un nombre impressionnant de 267 millions de jeunes (âgés de 15 à 24 ans) n'ont pas d'emploi et ne suivent ni études ni formation, et beaucoup d'autres doivent endurer de mauvaises conditions de travail.
Sous-utilisation de la main-d'œuvre et emplois de mauvaise qualité
«Nous ne trouverons une voie de développement durable et inclusive qu'en nous attaquant à ces inégalités sur le marché du travail et en favorisant l'accès au travail décent», déclare Stefan Kühn, l'auteur principal du rapport. Le rapport avertit que le renforcement des restrictions commerciales et du protectionnisme pourrait avoir de graves répercussions, directes et indirectes, sur l'emploi.
En ce qui concerne la croissance économique, le rapport constate que le rythme et la nature actuels de la croissance freinent les efforts déployés en vue de réduire la pauvreté et d'améliorer les conditions de travail dans les pays à faible revenu.
Le rapport recommande de faire évoluer le type de croissance pour encourager les activités à forte valeur ajoutée, en opérant une transformation structurelle, une modernisation technologique et une diversification des activités. «A cause de la sous-utilisation de la main-d'œuvre et des emplois de mauvaise qualité, nos économies et nos sociétés passent à côté des bénéfices potentiels que représente ce vaste réservoir de talents humains», affirme Stefan Kühn.
Les nouvelles données sur le revenu du travail indiquent également que les études antérieures ont considérablement sous-estimé l'ampleur réelle des inégalités dans les pays à faible revenu, en raison de leur recours aux dépenses des ménages en tant qu'indicateur du revenu total.
Par exemple, la part combinée des revenus des classes moyenne et moyenne supérieure, que l'on pensait auparavant similaire d'un pays à l'autre, est en fait beaucoup plus restreinte dans les pays à faible revenu, tandis que la part revenant à la classe supérieure est plus importante.
Dans l'ensemble, les inégalités mondiales de revenus sont donc plus prononcées qu'on ne l'estimait auparavant.
Synthèse par Djilali Hadjadj
L'accès à un travail rémunéré n'est pas une garantie de travail décent...
Un troisième message clé de ce rapport renforce ce que nous savons déjà, à savoir que le fait d'avoir un emploi rémunéré ne garantit pas des conditions de travail décentes ni un revenu suffisant pour une grande partie des 3,3 milliards de personnes employées dans le monde en 2019.
Trop souvent, l'absence de revenus ou d'autres moyens de soutien financier oblige les travailleurs à occuper des emplois informels, mal payés et n'offrant que peu ou pas d'accès à la protection sociale et aux droits au travail. C'est particulièrement le cas des 1,4 milliard de travailleurs à leur propre compte et des travailleurs familiaux dans les pays à revenu faible et intermédiaire, qui sont généralement employés dans le secteur informel, travaillent dans des conditions vulnérables et ont un revenu bien inférieur à celui des travailleurs salariés. Même dans les pays à revenu élevé, un nombre croissant de travailleurs indépendants doivent faire face à de mauvaises conditions de travail — une situation qui se reflète en partie dans la diminution des majorations de revenus des travailleurs indépendants par rapport aux salariés.
Néanmoins, les salariés sont eux-mêmes fréquemment soumis à des contrats précaires, à de faibles rémunérations et à l'informalité. Au total, environ 2 milliards de travailleurs dans le monde sont employés de manière informelle, ce qui représente 61 pour cent de la main-d'œuvre mondiale.
… Et les femmes et les jeunes se heurtent à des obstacles supplémentaires pour participer au marché du travail
Les marchés du travail contemporains continuent également de se caractériser par une inégalité entre les sexes. En 2019, le taux d'activité des femmes n'était que de 47%, soit 27 points de pourcentage de moins que celui des hommes (74 pour cent). Il existe de fortes variations régionales dans les disparités entre les sexes en matière d'accès à l'emploi.
Les stéréotypes sexistes qui mettent en avant le rôle des femmes en tant que principales donneuses de soins et celui des hommes en tant que principaux soutiens de famille restent profondément ancrés dans certaines régions. La sous-utilisation de la main-d'œuvre féminine est très prononcée en Afrique du Nord et dans les Etats arabes, touchant environ 40% des femmes dans la population active élargie dans les deux sous-régions (contre seulement 20 et 12% des hommes, respectivement).
Outre l'accès à l'emploi, il existe également des disparités persistantes entre les sexes en ce qui concerne la qualité de l'emploi. C'est une réalité même dans les régions où les femmes ont fait des percées importantes sur le marché du travail. En Amérique latine et dans les Caraïbes par exemple, le niveau d'éducation moyen des femmes dépasse désormais celui des hommes, mais les femmes de la sous-région gagnent encore 17% de moins par heure de travail que les hommes. L'âge représente une autre caractéristique des inégalités sur le marché du travail. Il est stupéfiant de constater que 267 millions de jeunes âgés de 15 à 24 ans dans le monde (soit 22% de ce groupe d'âge) ne sont ni en formation ni en emploi. En outre, beaucoup de jeunes qui ont un emploi rémunéré se heurtent à des obstacles pour trouver un travail décent. En Afrique, par exemple, l'informalité concerne 95% des jeunes travailleurs. Etant donné que la taille absolue de la population du groupe d'âge 15-24 ans devrait connaître une forte croissance dans cette région, la création d'un nombre suffisant de possibilités de travail décent est l'un des défis les plus pressants. Les jeunes travailleurs sont également confrontés à des difficultés considérables sur le marché du travail en Europe et en Asie centrale : la qualité des emplois qui leur sont offerts s'est détériorée en raison de l'incidence croissante de l'emploi temporaire dans cette région.
LSR
La pénurie d'emplois devrait se poursuivre dans un proche avenir
Le taux de chômage mondial s'est établi à 5,4% en 2019 et devrait demeurer essentiellement le même au cours des deux prochaines années. Cela signifie que la baisse progressive du taux de chômage observée entre 2009 et 2018 marque le pas. De même, le taux combiné de sous-utilisation de la main-d'œuvre devrait se stabiliser à un peu plus de 13%. La réduction tendancielle de la croissance de l'emploi est liée à un ralentissement de l'activité économique mondiale, en particulier dans le secteur manufacturier. Compte tenu de la grande incertitude entourant l'incidence des tensions commerciales et géopolitiques sur la confiance des entreprises et des consommateurs au cours des prochaines années et donc, sur la création d'emplois, il est difficile de prévoir comment les diverses mesures de la sous-utilisation de la main-d'œuvre évolueront.
La baisse récente du taux de chômage mondial est principalement attribuable aux pays à revenu élevé. La croissance de l'emploi dans ces pays a été étonnamment forte, compte tenu du faible niveau moyen de croissance économique au cours de la dernière décennie. Cela peut contribuer à réfuter les affirmations selon lesquelles les changements technologiques entraînent des pertes d'emplois massives. Toutefois, la croissance de l'emploi dans les pays à revenu élevé s'est faite au prix d'une baisse de la croissance de la productivité du travail, les emplois étant créés principalement dans le secteur des services où la valeur ajoutée moyenne par travailleur est relativement faible.
En revanche, un certain nombre de pays à revenu intermédiaire, qui ont connu des crises économiques ces dernières années, ont encore des taux de chômage élevés et il est peu probable qu'ils enregistrent à nouveau une forte croissance de l'emploi dans un avenir proche compte tenu des perspectives mitigées de l'économie mondiale.


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