«Sans doute, tout le monde, notamment en tant qu'enfant, a eu un jour le plaisir ou l'occasion de plier un papier, le transformant en un chapeau, un avion, un bateau, ou tout simplement un jeu manuel… sans pour autant savoir que cette activité ludique, considérée d'ailleurs comme un jeu d'amusement pour enfants, pourrait bien un jour constituer une approche des mathématiques, d'un art et d'un savoir-faire.» En effet, pour revenir à l'origami, l'annexe de la maison de la culture Beghdadi-Belkacem de Aïn-Sefra a abrité une semaine culturelle sur l'origami (plier lex papier). Ces journées ont été organisées du 15 au 22 février par la maison de la culture de la wilaya de Naâma, en étroite collaboration avec l'association Alwane (couleurs) que préside l'artiste Bouchetata Brahim, peintre et origamiste. De ce fait, au programme de la semaine, une exposition comportant ses plis en travaux manuels sur différentes sortes de poissons et d'oiseaux, d'animaux et insectes, de fleurs et fruits ; une exposition de livres et de CD sur l'origami, ainsi qu'un atelier de travaux pour enfants. Dans le même sillage, une conférence sous le thème «compréhension de l'origami» a été également donnée par l'artiste lui-même. Notons que Bouchetata Brahim, parmi les très rares spécialistes de l'origami en Algérie, pour ne pas dire le seul, puisqu'il détient un niveau international, à la valeur de l'origamiste français Eric Joisel ou encore de l'Allemand Stéphane Weber, a en projet la préparation du premier livre en langue arabe sur l'origami. II est convié au Colloque international en Tunisie qui sera organisé par l'ATEDMCC (une association éducative culturelle) à Kalaâ-Kébira (Soussa) les 15/16 et 17 mars prochain, en compagnie des représentants de la France, de l'Egypte et de la Syrie, pour présenter une conférence et une exposition sur l'origami. Dans la conférence qu'il a tenue devant le public séfraoui, M. Bouchetata a longuement développé l'historique et les règles de l'origami : 1) Historique de l'origami : On pense que l'art de plier le papier est apparu conjointement à la découverte de la fabrication de ce matériau aux propriétés si particulières. C'est ainsi qu'il vit vraisemblablement le jour en Chine, vers le IIe siècle avant notre ère. La fabrication du papier connut un essor particulier au Japon à partir du VIIe siècle où apparut une tradition de pliage à signification symbolique utilisée lors de cérémonies ou ayant valeur de porte-bonheur et associée aux présents, tradition encore vivante aujourd'hui. Si l'art du pliage a suivi le papier au fur et à mesure de sa diffusion dans le monde, comme en témoigne l'existence de pliage de tradition ancienne dans plusieurs pays, c'est au Japon qu'il connut le développement le plus important, tenant une place dans la vie quotidienne. Ainsi, de nos jours, l'art de plier le papier est désigné dans le monde entier par le terme «origami» (des mots japonais oru, plier et kami, papier). Le pliage se transmettait par l'apprentissage direct, la démonstration. Depuis quelques décennies, un «solfège» a été fixé codifiant en quelques signes une notation qui permet de transcrire les étapes de réalisation des pliages. Ce code international permet la diffusion des modèles dans un langage universel. Des créateurs, toujours plus nombreux dans le monde entier, ajoutent au fonds traditionnel de nouveaux modèles, véritables créations, laissant libre cours à l'imagination, l'intelligence des formes, l'astuce selon la sensibilité et le style de chacun. 2) Les règles de l'art : L'origami consiste donc, à partir d'un seul carré de papier, à réaliser, par une succession de plis, toutes sortes de modèles, figuratifs ou non, sans découpage, collage, adjonction d'autres matériaux ni décoration du modèle terminé. Dans le domaine de l'objet réalisé, tout est permis et il y a lieu de croire que tout est possible : animaux, fleurs, personnages, véhicules, mobilier, constructions géométriques ou simplement décoratives... Les limites de l'imagination et de l'habileté des plieurs reculent sans cesse. Les règles de base sont parfois contournées, notamment en ce qui concerne le choix de la feuille de départ : l'utilisation de formats différents (rectangle, polygone régulier) permet de varier les axes de symétrie, tandis que, du point de vue esthétique, la texture et la (ou les) couleur(s) du papier assurent la mise en valeur du résultat. De même l'utilisation de plusieurs feuilles permet d'obtenir un résultat qui est l'assemblage de pliages identiques (origami modulaire) ou différents (origami composé). Enfin, certains plieurs ne se contentent pas de plier, ils peuvent froisser ou bien modeler le papier, en l'humidifiant au besoin, pour augmenter le réalisme des modèles. Toutes ces variantes n'ont, bien sûr, de valeur que dans la mesure où elles constituent une recherche d'élargissement des possibilités du papier et non des solutions de facilité dictées par un résultat à atteindre. 3) La pratique : L'origami est un passe-temps plein de charme et de délicatesse, qui peut être pratiqué par tous. Que vous soyez jeunes ou moins jeunes, mathématiciens ou philosophes, scientifiques ou littéraires, actifs ou contemplatifs, le pliage vous fera savourer les joies de la création artistique, de la maîtrise de soi et de la réussite. 4) Le solfège : Traditionnellement, le pliage se transmettait par l'apprentissage direct, la démonstration. Depuis quelques décennies, un «solfège» a été fixé, codifiant en quelques signes une notation qui permet de transcrire les étapes de réalisation des pliages. Ce code international, qui a sa source dans les livres de diagrammes de l'artiste japonais Akira Yoshizawa, permet la diffusion des modèles dans un langage universel. B. Henine