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A FONDS PERDUS
O� sont pass�s les d�mocrates arabes ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 03 - 08 - 2010


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Passe que des magistrats italiens imputent le comportement criminel d�un compatriote � une pseudo �vuln�rabilit� g�n�tique�, rendue responsable de son �comportement agressif impulsif�.
On pourrait inscrire cette jurisprudence dans la tradition coloniale la plus minable, comme celle de l��cole psychiatrique d�Alger attach�e au nom du professeur Porot(*). Il ne faut pas �tre devin pour �tablir la filiation entre une islamophobie d�vastatrice et des th�ses pseudo-scientifiques. C�est un travers dont s�efforcent de se d�marquer d�illustres repr�sentants des grands courants de pens�es, notamment anglo-saxons. Larry Diamond, de l�Universit� de Stanford, o� il dirige le Centre sur la d�mocratie, le d�veloppement et le r�le du droit, revient sur cette filiation plus ou moins syst�matis�e entre l�autoritarisme, la r�pression, les violations des droits de l�homme en vigueur dans nos pays et les �l�ments constitutifs de notre identit�, notamment la langue arabe et la religion musulmane, dans une �tude au titre lourd de signification : �Why are there no arab d�mocraties?� - Pourquoi il n'existe pas de d�mocraties arabes ?(**) L�expansion du mod�le de d�mocratie occidentale depuis la �troisi�me vague� des droits de l�homme lanc�e en 1974 est impressionnante et affecte toutes les sph�res culturelles, � l�exception de la n�tre. Quand cette vague a commenc� en 1974, le monde ne comptait que 40 d�mocraties, �tablies dans leur �crasante majorit� en Occident. En 1990, deux ans apr�s la chute du Mur de Berlin et l�effondrement de l�Union sovi�tique, il y avait 76 d�mocraties �lectorales (ce qui repr�sente un peu moins de la moiti� des Etats ind�pendants dans le monde). En 1995, ce nombre grimpe � 117 � soit les trois cinqui�mes de tous les �tats. Apr�s avoir �tabli cet �heureux � h�g�monisme d�mocratique, l�auteur s��tonne que ce qu�il qualifie par ailleurs de �masse critique des d�mocraties� existe partout, sauf dans une seule r�gion du monde : celle qui couvre le Moyen-Orient et l�Afrique du Nord � c�est � dire la n�tre. �L'absence persistante� de tout r�gime d�mocratique dans le monde arabe, � la seule exception notable du Liban d�avant la guerre civile de 1975, est per�ue comme �une anomalie frappante�. L'hypoth�se, expresse ou tacite, la plus courante au sujet du �d�ficit d�mocratique arabe � le rattache � un terreau suppos� hostile aux valeurs d�mocratiques, � la modernit� et au progr�s � terreau form� d��l�ments disparates de la superstructure, notamment, la religion ou la culture, la langue, les traditions, ect. C�est notamment le cas de l�historien britannique Elie Kedourie qui s�autorisait � conclure, en 1992, qu'il n'y a �rien dans les traditions politiques du monde arabe, qui sont les traditions de l'islam politique, qui pourrait rendre famili�re, voire intelligible, l�effectivit� d�un gouvernement constitutionnel et repr�sentatif�, parce que les pays arabes seraient �habitu�s � l'autocratie et de l'ob�issance passive �(***). Larry Diamond refuse d�accr�diter cette th�se de la culture ou de la religion comme �explication convaincante du d�ficit d�mocratique arabe�, pour fixer davantage la g�opolitique et les structures politiques internes des Etats arabes. D�abord l�Islam n�est pas coupable parce que souligne-t-il, en rappelant les travaux de Alfred Stepan et Graeme Robertson(****), le monde musulman dans son ensemble affiche moins d�hostilit� � l�endroit des valeurs d�mocratiques que la sph�re arabe de ce m�me monde. Selon ces travaux, la comparaison de 16 pays � majorit� arabo-musulmane avec 29 pays � majorit� musulmane donne � ces deniers un avantage incomparable dans �l'extension des droits politiques d�mocratiques au profit de leurs citoyens�. En application du �crit�re minimal de la d�mocratie �lectorale� (�lections libres et �quitables) �tabli par l�ONG Freedom House, huit Etats non-arabes � majorit� musulmane sont comptabilis�s comme des d�mocraties, alors qu�aucun Etat arabe ne figure dans cette liste. Au-del� de ce grand agr�gat, il existe �un grand �cart dans l�exercice des libert�s� entre les Etats arabes � majorit� musulmane et les Etats musulmans non arabes. � la fin de l'ann�e 2008, seize Etats arabes du Moyen- Orient avaient un score moyen de 5,53 (� l��chelle de Freedom House, la plus mauvaise note de 7 indiquant le �moins de libert� possible). A l�oppos�, les trente autres �tats � majorit� musulmane ont obtenu une note moyenne de 4,75, soit une �diff�rence consid�rable � de plus d�un point. Pas plus que le facteur religieux, les divisions �sectaires et ethniques� aussi profondes soient-elles, comme c�est le cas en Irak et au Liban, ne peuvent �tre un frein � la d�mocratie. Ces deux derniers pays sont, aujourd�hui, plus proches de la d�mocratie �lectorale compl�te que des pays plus homog�nes, comme l'�gypte et la Tunisie qui sont, au contraire, les plus autoritaires. Le d�ficit d�mocratique aurait alors d�autres fondements. Peut�tre que les populations arabes ne veulent tout simplement pas de la d�mocratie formelle (�lectorale) ? L�auteur �carte cette hypoth�se au motif que des sondages cr�dibles auraient montr� que l�opinion publique est dans son �crasante majorit� (plus de 80% en Alg�rie, Jordanie, Kowe�t, Maroc, Autorit� palestinienne, et en Irak) favorable au syst�me d�mocratique de gouvernement et le trouverait utile, �malgr� ses inconv�nients �(*****).
La religiosit� interviendrait m�me ici comme facteur multiplicateur de la revendication d�mocratique parmi les musulmans : �En fait, les plus religieux sont plus susceptibles que les moins religieux de croire que la d�mocratie, malgr� ses inconv�nients, est le meilleur syst�me politique.� Une enqu�te r�alis�e en 2003 et 2004 a �galement r�v�l� que �5 � 10% de la population soutient l'autoritarisme la�que et que la m�me proportion appuie l'autoritarisme islamique�. A quel autre facteur pourrait alors �tre rattach� notre d�ficit d�mocratique ? Au manque de bien-�tre mat�riel, peut-�tre, car souvent associ� au potentiel d�un pays � pouvoir conqu�rir et � conserver la d�mocratie. Ce param�tre ne r�siste pas non plus � la force des chiffres : �Si l'on compare le revenu par habitant (en dollars constants de 2007), le Kowe�t est presque aussi riche que la Norv�ge, Bahre�n est sur un pied d'�galit� avec la France, l'Arabie saoudite avec la Cor�e, Oman avec le Portugal, et le Liban avec le Costa Rica. Seuls l'�gypte, la Jordanie, le Maroc, la Syrie et le Y�men enregistrent des revenus inf�rieurs, mais il reste qu�ils ne sont toujours pas plus pauvres que l'Inde ou l'Indon�sie, �o� la d�mocratie fonctionne en d�pit d'un manque de prosp�rit� g�n�rale� �. Et si le probl�me �tait dans la structure �conomique marqu�e par des relents distributifs � au sens o� elle favorise la consommation au d�triment de la production et de la cr�ation de richesses - ? Parmi les seize pays arabes, onze sont des �Etats rentiers�, dans le sens o� ils sont fortement tributaires (de 70 � 90 % de leur fiscalit�) des revenus du p�trole et du gaz (un revenu non m�rit�) et qui est par ailleurs tr�s in�galitaire (du fait de la pr�dation renti�re). �La plupart sont tellement inond�s de liquidit�s qu'ils n'ont pas besoin d'imposer leurs propres citoyens�. C�est justement l� que r�side �une partie du probl�me� car, de l�avis de Larry Diamond, ils ne parviennent pas � faire aboutir les attentes organiques de la responsabilit� � qui s�expriment dans des �tats lorsque leurs citoyens paient l�imp�t. En dispensant du paiement de l�imp�t, la rente p�troli�re amenuise �la n�cessit� pour le gouvernement de solliciter le consentement de ses sujets� et �plus le niveau d'imposition est bas, moins est importante la demande de repr�sentation du public�. Peut-�tre que l�acquisition d�une citoyenne active ne peut se passer de l�imp�t comme moyen de socialisation de l�Etat ? �Pas un seul des 23 pays qui tirent l'essentiel de leurs recettes d'exportation du p�trole et du gaz n�est aujourd'hui une d�mocratie. Et pour de nombreux pays arabes, la mal�diction du p�trole ne sera pas lev�e de sit�t.� En tout cas, pas avant que l�imp�t ne s�y substitue pour pourvoir aux besoins des Etats.
A. B.
(*) Un bref aper�u est donn� de cette �cole par Abderrahmane Moussaoui, in De la violence en Alg�rie, les lois du chaos, paru aux �ditions Barzakh, Alger, 2006, page 15.
(**) Larry Diamond, Why are there no arab d�mocraties ? Journal of Democracy � �dit� par la National Endowment for Democracy et Johns Hopkins University Press - Volume 21, Number 1 January 2010, pp. 93- 104.
(***) Elie Kedourie, Democracy and Arab Culture (Washington, D.C.: Washington Institute for Near East Policy, 1992), 5�6.
(****) Alfred Stepan and Graeme B. Robertson, An Arab More Than a Muslim Democracy Gap, Journal of Democracy 14 (July 2003), pp. 30�44. Huit d�mocraties sont recens�es parmi les 47 Etats que compte le monde musulman dont aucune n�est arabe. Il s�agit de l�Albanie, du Bangladesh, des Comores, de l�Indon�sie, du Mali, du S�n�gal, de la Sierra L�one et de la Turquie. Pour creuser encore plus le foss� entre la langue et la religion, Larry Diamond inclut deux autres pays (Brunei et les Maldives).
(*****) Mark Tessler and Eleanor Gao, Gauging Arab Support for Democracy, Journal of Democracy 16 (July 2005) : 82�97, aussi Amaney Jamal and Mark Tessler, The Democracy Barometers: Attitudes in the Arab World, Journal of Democracy 19 (January 2008): 97�110.


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