La Cour suprême a été destinataire de nouveaux dossiers impliquant d'anciens ministres et walis. De nouveaux noms figurent cette fois dans la liste des mis en cause, ceux de Salim Saâdi et Rachid Benaïssa, respectivement anciens ministres des Ressources en eau et de l'Agriculture. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Le fait que Salim Saâdi figure parmi les personnes citées dans les affaires de justice en cours révèle que les enquêtes déclenchées contre la corruption ne se limitent pas dans le temps et remontent à bien plus loin qu'on ne pouvait le penser. Ministre de l'Agriculture puis de l'Industrie entre 1979 et 1986, il a également occupé la lourde charge de ministre de l'Intérieur de 1993 à 1994, années terribles durant lesquelles l'Algérie se trouvait frappée de plein fouet par le terrorisme. En 1999, et donc à l'arrivée de Abdelaziz Bouteflika au pouvoir, il est nommé à la tête du département des ressources en eau. Et c'est pour la gestion de ce secteur qu'il se trouve aujourd'hui cité dans une enquête judiciaire ouverte autour du dossier de l'Agence nationale des barrages et transferts (ANBT). Le communiqué rendu public par la justice ne fournit aucune information supplémentaire sur l'affaire en question, mais il indique, en revanche, que Abdelmalek Sellal, ainsi que d'anciens walis de Béjaïa, Mostaganem et Tizi-Ouzou sont également poursuivis dans le même cadre et fait savoir, en outre, que ce dossier a été transmis par le tribunal d'Alger à la Cour suprême. Les charges retenues à l'encontre des mis en cause sont nombreuses et portent sur «l'octroi délibéré d'indus privilèges à autrui lors de la conclusion de marchés et d'avenants de marchés en violation des dispositions législatives et réglementaires en vigueur», «demande et acceptation d'indus privilèges», «perception de redevances et d'avantages à l'occasion de la préparation ou de la conduite de négociations en vue de la conclusion de marchés», et «dilapidation de deniers publics et utilisation illégale des biens et deniers publics», et enfin «octroi de franchises et abattements d'impôts et de taxes sans autorisation légale». Le même communiqué informe qu'un second dossier, transmis par la cour de Tipasa, concerne une enquête judiciaire déclenchée autour de la plage Kouali et du complexe de loisirs de Tipasa. Un ancien wali de Tipasa et plusieurs responsables de cette wilaya sont poursuivis pour «octroi d'indus privilèges à autrui en matière de marchés publics, abus de fonction, trafic d'influence et dilapidation de deniers publics». Rachid Benaïssa, ancien ministre de l'Agriculture, est, lui, officiellement cité dans un troisième dossier transmis par la cour d'Alger. Il s'agit de l'affaire de Amor Ben Amor dans laquelle, poursuit la même source, sont également poursuivis Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, pour «abus de fonction, octroi d'indus privilèges à autrui, dilapidation de deniers publics et conflit d'intérêts». Ces nouvelles affaires enfoncent davantage les deux anciens Premiers ministres déjà sous le coup de lourdes condamnations prononcées à leur encontre en décembre dernier par le tribunal de Sidi-M'hamed dans l'affaire de l'automobile. Ouyahia et Sellal, condamnés respectivement à quinze et douze ans de prison, sont dans l'attente du verdict du procès en appel qui s'est déroulé il y a deux semaines à la cour d'Alger. Depuis décembre dernier, Abdelmalek Sellal a été auditionné à plusieurs reprises par des juges d'instruction sur des dossiers en cours. Il a également comparu dans le procès Hamel durant cette dernière semaine. L'ex-chef de gouvernement est apparu très fatigué, une raison qui l'a amené à demander l'autorisation de ne pas être sorti de sa cellule plus d'une fois à la cour qui siégeait dans ce procès. Jugeant son témoignage suffisant, la magistrate avait répondu favorablement à sa doléance, mais ses comparutions devant le juge instructeur de la Cour suprême restent inévitables. Cette haute instance devrait, cependant, d'abord procéder à l'audition d'autres anciens ministres cités dans des affaires différentes. Parmi ces derniers, Houda Feraoun, Djamila Tamazirt, respectivement ex-ministres des Télécommunications et de l'Industrie. A. C.