Les demandes de mise en liberté provisoire ne se sont jamais autant multipliées que durant cette période d'épidémie de coronavirus à laquelle le pays fait face . Plusieurs demandes concernent les anciens ministres et hommes d'affaires placés en détention dans le cadre d'affaires de corruption. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Pour la semaine écoulée, des tentatives ont été entreprises en faveur de Djamel Ould Abbès, ancien ministre de la Solidarité, Youcef Yousfi, ex-ministre de l'Industrie, et Mahieddine Tahkout, patron d'un groupe du même nom et concessionnaire automobile. Deux de ces affaires ont même été plaidées le même jour, lundi dernier. Les avocats de Djamel Ould Abbès et de Mahieddine Tahkout ont présenté leurs arguments aux juges chargés des dossiers des concernés. Les plaidoiries étaient motivées par des raisons sanitaires, explique la défense des prévenus qui rappelle l'épidémie à laquelle fait actuellement face le pays. Ces derniers ont également fait part de leur crainte de voir leurs clients contaminés. L'argument de l'âge (87 ans) et de la santé fragile du personnage a été avancé pour Djamel Ould Abbès et il en a été ainsi pour l'ancien ministre de l'Industrie Youcef Yousfi (79 ans) et également présenté comme étant de santé précaire. Me Chellouche, membre du collectif de défense de Youcef Yousfi, nous fait savoir qu'une lettre a été récemment adressée au ministre de la Justice : «Nous avons attiré son attention sur la situation sanitaire actuelle et rappelé la nécessité de confinement dans les domiciles pour éviter le risque de contagion, nous avons également demandé au ministre de remettre notre client en liberté jusqu'au recours auprès de la Cour suprême.» Toutes ces demandes ont été rejetées, déclarent les avocats des trois concernés. De nouvelles demandes ont été introduites. Il faut savoir que des démarches similaires ont été entreprises en faveur de plusieurs autres personnalités et anciens hauts responsables actuellement incarcérés. Elles concernent également les ex-walis. «Ce sont des procédures normales, mais l'insistance vient en raison de l'épidémie de coronavirus, les juges nous écoutent poliment, mais le refus est à chaque fois quasi systématique», expliquent encore des avocats. Ce lundi, des sources proches du dossier Tahkout ont, au contraire, appris que le dossier de l'homme d'affaires avait été transmis par la Cour suprême au tribunal de Sidi-M'hamed qui procédera très prochainement à la programmation de la date du procès. Le cas Tahkout avait été dissocié de l'affaire de l'automobile jugée en décembre dernier puis rejugée en appel en mars dernier. La raison avancée n'est autre que la lourdeur des charges retenues à l'encontre des principaux accusés (Tahkout, son frère et son fils), ainsi que la complexité des éléments qui constituent l'affaire. A. C.