Le cri de détresse de Taoufik Makhloufi n'est pas sans raison. Il exprime le ras-le-bol des sportifs à l'égard de ceux qui ont la charge du sport, clubs, ligues, fédérations et ministère inclus. C'est une situation qui ne date pas d'hier. Makhloufi est juste l'expression de ce marasme, ce dégoût qui enveloppe l'état d'humeur des athlètes. Avant lui, d'autres sportifs ont tenté d'alerter l'opinion publique sur les obstacles qui entravent leur carrière. Ils sont représentatifs de toutes les disciplines sportives : judo, boxe, natation, handball, karaté, etc. Si bien que la cause Makhloufi et tous ceux qui sont bloqués à l'étranger était entendue. Faute de moyens en Algérie, ils ont dû effectuer de longs et périlleux voyages à la recherche d'un site de préparation que l'Etat algérien pouvait leur offrir. En restaurant simplement les infrastructures implantées à travers le pays-continent mais dont l'état de délabrement a atteint des stades avancés. Seraidi, Yakouren, Talaguilef et beaucoup d'autres sites pouvaient les accueillir en réunissant le minimum garanti de moyens. Un logis, des routes carrossables et quelques personnels qualifiés à leur disposition. C'est aussi vrai que rien ne remplace la compétition et le contact avec les athlètes de haut niveau. De mémoire, le dernier meeting d'athlétisme qui a réuni quelques sportifs de renom remonte à très longtemps à Annaba. Depuis, l'Algérie semble «allergique» à faire partie des différents circuits des sportifs où les confédérations et les fédérations internationales organisent sous différentes formes des compétitions de grand chelem. Sur ce plan, nos voisins du Maroc ont pris de l'avance, en abritant quelques meetings d'athlétisme, des circuits de tennis et beaucoup de tournois qualificatifs aux JO. Le Maroc, mais aussi le Sénégal, qui s'ajoutent à des nations plus rompues à organiser de telles manifestations. Alger est restée en marge non pas à cause d'un problème de finances. Le pays du pétrole a vécu des périodes opulentes en recettes pétrolières sans que les autorités sportives réussissent à convaincre les instances continentales et internationales de leur confier ne serait-ce que des stages de perfectionnement pour les arbitres et les entraîneurs. Et ce n'est pas, comme prétendent beaucoup, le fait du seul lobbying. L'Algérie a négligé ses infrastructures et a préféré envoyer ses meilleurs enfants ailleurs. Dans la jungle. Aujourd'hui, avec la crise du Covid-19, toutes les installations sportives sont closes, et les sportifs partis en préparation depuis voilà quatre mois sont toujours bloqués à l'étranger, au Kenya et en Afrique du Sud, en particulier. Un «drame» que certains ont soigneusement mijoté. Habiles en transferts en tous genres, ils ne pouvaient se suffire de la monnaie locale. Les dollars et les euros sont une valeur ajoutée à leurs tristes comptes. M. B.