Doit-on qualifier la lutte anti-corruption de démarche compromise ou sérieusement étudiée quand des voix en disent pis que pendre et la qualifient de procédé mensonger destiné à brouiller les cartes ? Personnellement, je préfère croire, ou à défaut rêver, à une issue qui restitue ses droits à un mouvement populaire. A des hommes, des femmes, des jeunes et des moins jeunes qui se sont soulevés spontanément ou ont été encouragés à le faire, quelle importance, pour réclamer des droits et une justice qui accompagne leurs demandes et aide à les satisfaire. Je dis peu importe, parce que je ne partage pas l'avis de ceux qui ne reconnaissent pas à une opinion publique la capacité de s'organiser sous prétexte que, durant des décennies, cette dernière se serait laissé porter et aurait subi sans réagir. Je dis peu importe, parce que l'élan qui booste le courage est incontestablement puisé dans une colère qui mûrit au quotidien. Un ressentiment qui couve et grandit au même rythme que les raisons qui justifient l'explosion et lui donnent le crédit que l'on sait. Plutôt donc courir le risque que l'on mette de telles affirmations sur le compte de certitudes naïves qui souffrent en cohérence faute de compréhension et d'éclairages. Ne rien tenter est encore pire. Après tout, on en a connu quelques- uns, qui, pour arriver là où ils sont arrivés, se sont servis des démocrates, ceux dont on aime dire qu'ils ont subi et encaissé en silence, comme tremplin. Ce sont les mêmes qui encouragent le doute et les mêmes qui, lorsqu'ils ont la certitude qu'ils sont enfin arrivés à leurs fins, adoptent le discours fallacieux selon lequel tout ce qui arrive de fâcheux à l'Algérie aurait pour essence les mauvaises intentions étrangères. Faire taire la revendication en inondant des promesses en lesquelles les marcheurs hebdomadaires d'il y a quelques mois ne croient pas plus, aujourd'hui, alors qu'ils expriment autrement leur intention de ne pas abandonner la revendication, quelle que soit sa forme. Ils sont, hélas, pas mal nombreux ceux qui savent jouer des coudes pour avoir déjà servi de chaise à porteurs à une ambition infructueuse et donc sans lendemain. M. B.
