« Je vais bien ! » Témoignage d'un ressortissant algérien rescapé des explosions meurtrières dans Beyrouth. Il a requis l'anonymat. Nous ne donnerons donc que l'initiale de son nom... ... Abdeslam B. Ces scènes libanaises ne me sont pas inconnues. Non ! Elles sont furieusement ressemblantes à d'autres scènes. Que j'ai vécues ici. Dans mon pays. Que vous avez vécues ici. Dans votre pays. Et dont certains d'entre nous ont été peut-être acteurs. Des cohortes de citoyennes et de citoyens massés de part et d'autre d'une rue, qui hurlent leur amour à des Présidents étrangers, français dans les deux situations, en l'occurrence, Chirac, Sarkozy et Hollande chez nous, Macron à Beyrouth, ces dernières heures. Les mêmes visages vidés de fatigue, de lassitude et griffés de colère suprême. Les mains tordues d'avoir malaxé ce cœur amer et les yeux qui disent un peu pardon aux restes de dignité remisés. Juste ces poitrines, ces gorges qui crient « sauvez-nous » ! En Dézédie, ces cris s'accompagnaient de chorales scandant en trémolos incandescents « El Visa ! El Visa ! ». Alors, oui, il serait facile et tellement confortable d'évoquer aujourd'hui « l'ingérence » de la France dans ces pays, dont le nôtre. De dénoncer le paternalisme « françafricain » de Macron, pour ce qui concerne notre Principauté. Vraiment trop facile. Et surtout tellement court ! Lorsque les désespérés sortent implorer Chirac et Macron, il ne faut pas cracher sur les chemises blanches de ces visiteurs. Mais plutôt arracher les chemises que portent ceux qui ont poussé à ce désespoir. Les chemises, et avant, les costumes. Les maillots de corps. Les caleçons et les bottines vernies. Les mettre nus ! Les mettre à nu ! Un dirigeant qui pousse son peuple à appeler à l'aide le premier chef d'Etat étranger de passage devrait se voir confisquer ses mains. « Ses mains de l'intérieur ». Ces mains maudites qui ont sali l'espoir des gueux d'enfin vivre un jour, un jour dignes, chez eux ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L.