Lorsque des experts, des professeurs en sciences médicales dont des microbiologistes parlent de danger, je m'interroge sur les jours du reste de nos vies. Qu'est-ce qui est le plus important ? Tenter de gagner la sympathie des gens en leur rouvrant les mosquées et les plages ou, quitte à leur déplaire, mettre toute son énergie dans la lutte contre la progression d'une pandémie face à laquelle la médecine avoue son impuissance, en attendant de trouver le remède idoine pour enrayer le mal ? Manque de moyens, manque de personnel et une décontraction déconcertante de la part d'une administration qui, dans les conditions extrêmement sensibles actuelles, pense qu'en affichant la fausse assurance dont elle fait montre, elle gagnera une confiance entamée depuis des lustres. Cette information, elle l'a mais elle fera mine de l'ignorer. C'est ce que le système fait depuis toujours. Faire l'impasse sur les attentes tout en promettant d'y remédier. Se détourner des priorités et en cibler d'autres. Les plus accessibles au regard extérieur. Comme les histoires de trottoir évoquées régulièrement. Et encore, pas tous ! Juste ceux qui longent le trajet qu'emprunte la catégorie d'Algériens censée peser sur la décision. «Ya m'chebeh men barra wach halek men dakhel !» Expression consacrée pour signifier que l'on n'est pas dupe. Elle s'adresse à celui qui privilégie le m'as-tu vu pour tromper sur ses valeurs intrinsèques ! Elle pourrait, dans un ordre d'idées autre, justifier le rejet, par la base, des centres de décision. Ceux qui encouragent la contradiction et les réactions opposées à celles auxquelles ledit système prétend aboutir. Le pays aura sans aucun doute à revenir sur la légèreté avec laquelle l'on confie la réflexion sur la résolution de problèmes, comme la Covid-19, à des structures qui n'y connaissent absolument rien. Que peut faire un ministère des Affaires religieuses contre un mal qui, lorsqu'il n'est pas bien pris en charge par un monde médical, formé pour le combattre, creuse encore plus le fossé entre un peuple et ses dirigeants ? Des faiseurs de fatwas qui ne détestent pas être consultés sur des questions qui flattent l'ignorance. M. B.