Que dit la nouvelle Constitution sur les arts, la culture, la création et le patrimoine ? En plus des articles déjà consacrés, l'amendement qui fera l'objet d'un référendum le 1er novembre contient de nouvelles dispositions liées au domaine. Les Algériens sont appelés à voter sur le projet d'amendement de la Constitution dont le texte disponible sur internet est porteur de quelques nouveautés que certains considèrent comme formelles tandis que d'autres les voient comme une dérive autoritaire. En ce qui concerne les aspects liés à la culture et à la création artistique et académique, la nouvelle Constitution complète l'article 38 garantissant la liberté de création intellectuelle, artistique et scientifique et protégeant les droits d'auteur par un paragraphe soutenant «les libertés académiques et de recherche scientifique dans le cadre de la loi» alors que l'article 38 bis décrète inaliénable le droit du citoyen à la culture et affirme l'engagement de l'Etat «à protéger et préserver le patrimoine culturel matériel et immatériel». Cependant, l'article 41 modifié concernant la restriction de ces libertés est beaucoup plus explicite et paradoxalement tout aussi vague que son précédent puisqu'il pénalise toute idée, opinion ou image «portant atteinte aux constantes nationales, aux intérêts supérieurs de la nation ainsi qu'à ses valeurs religieuses et culturelles». Pour ce qui est de l'identité culturelle et linguistique du pays, la nouvelle Constitution maintient l'article consacrant tamazight langue nationale et officielle mais à un degré inférieur que l'arabe qui «demeure langue officielle de l'Etat». Et alors que celle-ci a droit à son «Haut conseil», le tamazight se contentera d'une «académie» directement dépendante de la présidence de la République. Pour rappel, de nombreuses atteintes aux libertés de création, d'opinion et de culte ont été perpétrées ces dernières années sous couvert d'articles de loi, laquelle contredit souvent les garanties offertes par la Constitution. La censure «traditionnelle» qui s'opère chaque fois au Salon international du livre d'Alger en est un exemple parmi d'autres. En effet, à chaque lancement du Sila, on nous annonce un certain nombre d'ouvrages interdits ou saisis, sans pour autant en préciser les titres et les motivations détaillées. Par ailleurs, certains écrivains et éditeurs ont carrément subi des descentes de police pendant le déroulement du Salon. Les arguments évoqués étaient alors liés au «non-respect de la foi religieuse» et autres lignes rouges consacrées par la Constitution. Aussi, en 2017, les cafés littéraires de Kabylie ont connu une vague de censure et de répression inégalée qui s'abattait par le biais des chefs de daïra ou des walis, lesquels refusaient de délivrer l'autorisation aux organisateurs de ces rencontres. Ceci a conduit à la «marche du livre» d'Aokas en juillet 2017 où des centaines de personnes ont manifesté, un livre à la main, pour protester contre cette censure systématique et contester le système des autorisations. Sarah H.