Mohamed Djemaï a pu quitter hier la prison d'El-Harrach à la suite d'un verdict qui lui permettait de retrouver sa liberté pour les raisons qui sont expliquées ici... L'ex-secrétaire général du FLN était poursuivi sur la base de deux chefs d'inculpation qui ont été retenus contre lui et qui l'ont d'ailleurs conduit en prison en septembre 2019. Mohamed Djemaï était tout d'abord soupçonné d'avoir détruit un document officiel contenant des informations sensibles liées à la corruption qui se trouvait au niveau de l'APN. Jusqu'à l'heure, on ignore la teneur réelle des informations contenues dans ce dossier mais tout le monde sait qu'aucune trace de ce dernier n'a été retrouvée au niveau de l'Assemblée. Très vite, les soupçons se portent vers Djemaï. À cette époque, il figure parmi les rares membres du personnel politique qui se mettent bien en évidence dans le contexte sensible que l'on sait. Son nom figure aussi parmi les personnages très critiqués par l'opinion et surtout assimilé à la catégorie des gens ayant pu accéder au monde politique grâce à la chkara. Mohamed Djemaï est un homme d'affaires et député. En août 2019, le ministre de la Justice inclut son nom parmi la liste des députés transmise à l'APN dans une demande de levée de l'immunité parlementaire. Le mis en cause renonce à son immunité volontairement et en informe l'Assemblée qui se trouve à ce moment engagée dans une série de demandes du même genre qui créent la panique parmi les concernés. L'ex-SG du FLN est auditionné par le juge d'instruction qui le place sous mandat de dépôt. Plus de quatre mois passent. Le document soupçonné d'avoir été détruit est retrouvé au niveau de l'APN. Le collectif de défense du prévenu affirme qu'il est intégral, «il n'en manque pas une page», déclarent-ils. Les avocats saisissent la chambre d'accusation qui décide de trancher en avril. La mise en liberté provisoire de leur client est à ce moment-là une certitude chez eux. Le juge chargé du dossier décide l'abandon des poursuites sur la base de ce chef d'inculpation mais reconduit de quatre mois le mandat de dépôt. Djemaï est sous le coup d'un second chef d'inculpation retenu contre lui lors de son incarcération. Il est poursuivi pour menaces et humiliation d'un journaliste lors de l'exercice de ses fonctions. Ce journaliste n'est autre que Saïd Bouokba, chroniqueur arabophone bien connu. Les détails de l'affaire ont été révélés durant l'audience qui s'est déroulée il y a une semaine : le juge a fait état d'un SMS envoyé par l'ex-SG du FLN au journaliste disant «il y a une justice au-dessus de celle des hommes, celle de Dieu... nos chemins ne se croiseront plus». Mohamed Djemaï ne comparaît pas pour destruction de document officiel, les avocats des deux parties estiment que l'affaire n'est pas compliquée et qu' un simple retrait de la plainte introduite par le plaignant suffira à régler la situation. Sur place, l'avocat du journaliste présente une lettre dans laquelle il atteste que son client retire officiellement sa plainte. Toutes les charges retenues contre Djemaï sont annulées. Dans son réquisitoire, le procureur de la République demande trois ans de prison et une amende de 500 000 DA. Le représentant du ministère public rappelle que l'action de la justice vise à protéger les journalistes durant l'exercice de leur fonction. «Si chaque journaliste qui écrit reçoit ce genre de message, cela entraînera forcément des conséquences fâcheuses», déclare à ce moment ce dernier. Le procès a pris fin sur cette note et Djemaï a été reconduit en prison dans l'attente du verdict. Hier, le tribunal de Sidi-M'hamed l'a condamné à deux années de prison, dont une année ferme, assorties d'une amende de 200 000 DA. Le prévenu a déjà purgé une année à El-Harrach. Il a rejoint son domicile en milieu d'après-midi. A. C.