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Ben Ardhoune, un féministe rifain
Publié dans Le Soir d'Algérie le 07 - 12 - 2020

Beaucoup d'Algériens dénigrent Facebook, tout en y activant sous pseudo et en pestant contre la censure, alors qu'il leur permet justement d'invectiver, sous couvert d'anonymat. On a même vu des amis se mettre en congé, longue durée ou définitif, de Facebook sous prétexte que le niveau serait descendu au ras des pâquerettes, alors que le réseau reflète l'état de la société. D'autres, assez proches des premiers, manient Facebook avec des pincettes, avec l'air de ne pas y toucher, ce qui est techniquement vrai, mais qui révèle quand même une addiction honteuse. Il y a aussi la catégorie des planqués, la pire, celle qui encensait le Hirak, lorsqu'il était béni, et qu'il agrémentait leurs vendredis, et qui se sont empressés de changer de camp, au premier virage. Certains d'entre eux se sont crus obligés de s'expliquer, invoquant leur patriotisme séculaire, dont on ne doute guère, qui leur dictait la seule voie, susceptible de sauver le pays. Il s'agit de la voie de la dernière chance, pour eux, celle de la carte gagnante, qu'ils ont prise au risque de disloquer leur vieille colonne vertébrale, qui a tant souffert de leurs courbettes. Nous avons, enfin, les facebookiens défroqués, ceux qui ont fermé leurs comptes, par devoir de réserve, et sans doute pour ne pas subir d'attaques outrancières, comme FB en connaît.
Ceux-là ont tort, parce que les critiques, les injures et les attaques personnelles ont redoublé, sans qu'il leur soit possible d'y répliquer, si ce n'est par des mouches, formatées au rase-motte. Bref, qu'il soit d'origine infernale, qu'il soit contrôlé par le sionisme ou par la main de l'étranger, Facebook nous est indispensable tant qu'il fonctionne et qu'il n'a pas d'alternative. Et c'est là, à mon sens, une preuve d'objectivité, puisque ce média m'a odieusement censuré, il y a quelques semaines, parce que j'ai dit, en usant de la dérision, que je n'aimais pas les Turcs. J'ai écrit que je haïssais Erdogan, pour ce qu'il était, et les Turcs parce que les Ottomans avaient tué mon aïeul, et qu'un de leurs descendants m'avait refusé une autorisation de sortie. Du coup, leur comité de censure a sans doute décrété qu'il s'agissait d'incitation à la haine raciale et a supprimé mon message, ouvrant l'espace, par la suite, à des traits plus meurtriers. Comme ma fréquentation de Facebook ou mon addiction selon l'édit «scellé et non négociable» de ma fille chérie, n'a rien de honteux, il me faut sans doute exposer mes raisons. Nul besoin d'aller très loin, d'ailleurs, parce qu'elles sont toutes récentes, et la dernière en date l'est encore plus, puisqu'elle est de samedi dernier et que nous la devons à un ami réel et virtuel.
Il s'agit de l'universitaire Mohamed Maougal, membre comme moi d'une association en voie de disparition,(*) c'est vous dire, et qui rappelle certains épisodes dramatiques de notre histoire. La question qu'il pose est essentielle, voire aussi urgente que l'éradication de la pandémie de coronavirus : «Que vaut une arabisation qui ne met pas à jour des œuvres de grande valeur disparues ?» Comme auraient pu l'être les œuvres philosophiques d'un certain Ibn Rochd, un cas de «crime contre la science» sur lequel il nous invite aussi à méditer, avec les premiers concernés. Evoquant l'autodafé dont les livres du grand philosophe firent l'objet sur l'esplanade de la mosquée de Séville, il rappelle qu'ils ont pu être heureusement reversés dans la langue arabe. Et Mohamed Maougal n'oublie pas de remercier, pour cela, l'ami d'Ibn Rochd, Maïmonide, qui avait traduit en hébreu les œuvres philosophiques brûlées sur ordre du calife Yacoub El Mansour Essanhaji. Notre ami cite encore l'une des œuvres d'un autre grand philosophe, Al-Kindi, De radiis Stellarum (Des rayons stellaires), traduites en latin par des théologiens et idéologues catholiques. Maougal apprend aux historiens et autres spécialistes qu'il existe depuis 2003 une traduction française de l'ouvrage et il met au défi les principaux concernés de le rendre à sa langue d'origine, l'arabe.
Le second exemple, plus ancien, et c'est très relatif, vient aussi de Facebook, et il est en lien avec le premier, d'où le choix : il s'agit de l'islamologue Saïd Djabelkhir qui a déjà défrayé la chronique politique et religieuse et suscité l'ire de ses acteurs qui ont un pied dans l'une et dans l'autre. Faute de convaincre le plus grand nombre, une tâche ardue, voire une mission impossible dans nos contrées désertifiées, il a au moins contribué à enrichir la culture, dont la mienne. Dans le message publié sur sa page Facebook, il nous apprend qu'un théologien amazigh, nommé Ahmed Ben Al-Hassan Ben Ardhoune, a édité une fatwa qui rend justice à la femme. Il est dit que la femme amazighe qui travaille à la maison et au dehors a le droit de prendre la moitié du patrimoine de son époux en cas de divorce et aussi en cas de décès de l'époux. En bon marqueur de pistes, Saïd Djabelkhir ne nous dit pas tout et nous invite à chercher : Ahmed Ben Ardhoune (1540-1585) né dans la région de Chefchaouen, ville du Rif, et cadi de cette ville, a soulevé beaucoup d'émoi chez les théologiens du cru, avec sa fatwa favorable aux femmes. À tel point qu'un groupe de religieux de Fès, qui passait dans la région, après un pèlerinage sur un mausolée local, résolut d'en avoir le cœur net et d'avoir des explications de l'intéressé.
Au lieu de leur répondre, le cadi les invita à patienter un moment avec lui, et au bout de quelques instants, ils virent passer devant eux une procession de femmes lourdement chargées. Les unes portaient des fagots de bois, d'autres des charges aussi importantes de produits divers, au point qu'elles ne différaient pas des bêtes de somme, assignées ailleurs à ces tâches. Un spectacle habituel dans nos montagnes, il n'y a pas si longtemps, et qui perdure encore de nos jours. Devant cet argument sans paroles, les théologiens de Fès se rendirent à l'évidence et convinrent du bien-fondé de la fatwa d'Ahmed Ben Ardhoune, un féministe du XVIe siècle. Merci à Saïd Djabelkhir d'avoir ressuscité cette fatwa, pour notre édification, et certainement pour le plus grand déplaisir de nos théoriciens de l'égalité et de l'équité en Islam.
A. H.
(*) Il s'agit, vous l'avez compris, de l'Association des anciens médersiens ou ex-élèves des lycées franco-musulmans, destinés à faire de nous des théologiens, mais Dieu y a mis bon ordre.


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