Après l'appel à la solidarité lancé sur les réseaux sociaux pour venir en aide à l'artiste plasticien Mohamed Oulhaci, ce dernier a pu bénéficier d'une cagnotte qui lui a permis de subir une intervention chirurgicale dont il se remet actuellement. C'est l'une des figures majeures de l'ancienne génération des plasticiens algériens. Mohamed Oulhaci, 78 ans, souffrait d'une santé fragile doublée d'une précarité de plus en plus pesante. Discret et digne, l'artiste-peintre a disparu depuis quelques années des radars, sa dernière exposition remontant à plusieurs années. Né en 1943, Mohamed Oulhaci est considéré comme l'une des figures de proue d'une génération dorée de l'histoire artistique algérienne. Contemporain d'Issiakhem et de Khadda, son parcours est assez singulier : lycéen à Oujda, il devient instructeur dans cette ville puis à Oran et Sidi-Bel-Abbès avant de rejoindre l'Ecole des beaux-arts où il ne restera pas longtemps malgré d'excellents résultats. Il part ensuite pour Alger où il travaille à l'Imprimerie pédagogique nationale puis au Centre national d'alphabétisation, ce qui lui permettra de bénéficier d'un stage d'arts graphiques à l'Unesco. Ce n'est qu'en 1970 qu'il expose pour la première fois à la salle El Mougar d'Alger, révélant ainsi un style et une sensibilité artistiques qui ont très vite séduit le milieu de l'époque. Créateur entièrement dévoué à son art et peu friand des feux des projecteurs et de la frénésie urbaine, Oulhaci déménage à Stidia à Mostaganem où il vit jusqu'à aujourd'hui. Il reviendra cependant régulièrement à Alger à l'occasion de différentes expositions, individuelles et collectives. Aujourd'hui âgé et souffrant d'un problème à la jambe depuis sa jeunesse, sa détresse a été rendue publique début janvier par son ami le plasticien Hachemi Ameur qui a lancé un appel à la solidarité auprès de la communauté artistique en vue de récolter la somme nécessaire pour une intervention chirurgicale délicate. Largement relayée, cette demande d'aide consistait en la création d'un groupe de dépôt-vente où les artistes étaient appelés à vendre leurs œuvres et à faire don d'une partie ou de la totalité de la somme à Mohamed Oulhaci. Par ailleurs, une expo-vente intitulée « Art'graire » a eu lieu le 12 janvier à la galerie le Paon avec la participation de l'artiste-peintre Mohamed Boucetta, du designer Tarek Boulifa et de la boîte artisanale le Sirocco du Nord. Ces efforts conjugués ont donc permis à Mohamed Oulhaci de payer les frais de sa chirurgie mais ils ont également remis sur le tapis la lancinante question du devenir matériel et moral des artistes. Cette dernière se pose, en effet, ponctuellement et suscite souvent une indignation légitime devant la négligence des autorités culturelles à l'égard de ceux qui, naguère, faisaient les beaux jours de l'art algérien. Quelquefois, le ministère de tutelle intervient, non sans avoir convoqué les médias, pour venir en aide à tel ou tel créateur dans le besoin. Mais des initiatives telles que celle dont a bénéficié Oulhaci ouvre une autre perspective, en ce sens qu'elle mobilise la communauté elle-même et pose ainsi l'idée d'une certaine autonomie et entraide aussi efficaces que respectueuse de la dignité d'un artiste dans le besoin. S. H.