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Quand Suzanne Tamim crie justice !
Publié dans Le Soir d'Algérie le 18 - 01 - 2021

Elle incarnait le rêve brisé des starlettes du Moyen-Orient qui trouvent parfois la mort, au lieu de la gloire qui leur était promise, parce qu'elles ont vécu la rencontre de trop, ou l'idylle fatale. La chanteuse et actrice libanaise Suzanne Tamim était sans doute comme ces starlettes qui s'exhibent sur la Croisette à Cannes, dans l'espoir de décrocher un rôle ou un mari, ou les deux. En 1996, à peine âgée de 19 ans, elle obtient le grand prix de la meilleure voix, lors du concours organisé par l'émission à succès de la télévision libanaise, «Studio El-Fen» (Studio de l'art). Dans la foulée, les éditeurs de musique se l'arrachent et les réalisateurs de cinéma s'empressent autour d'elle, qui pour lui proposer un rôle, qui pour lui montrer ses estampes japonaises. A quel moment Suzanne s'est-elle fourvoyée, et a-t-elle raté le grand virage de sa vie, dans l'univers des lumières, des flonflons, et des paillettes, dans lequel elle puisait jusqu'à l'ivresse? Finalement, le moment de la rencontre fatale est moins important que les péripéties dramatiques et les épisodes dérisoires d'une aventure qu'on peut qualifier d'amoureuse, faute de mieux. Car Suzanne Tamim, étourdie par le succès, n'a pas connu le prince charmant dont rêvait Cendrillon, et de préférence avec une grosse cylindrée en guise de carrosse, plus un chéquier.
La cylindrée tape-à-l'œil y était sans aucun doute, ainsi que le chéquier et la parure dans la boîte à gants, mais à la place du prince charmant, elle a eu un moustachu adipeux et lubrique. Il s'appelait, il s'appelle toujours, Hichem Talaat Mustapha, à la tête d'une des plus grosses entreprises immobilières et touristiques d'Egypte et d'une des plus grosses fortunes du pays. Comme tous les hommes avantagés par la fortune, mais boudés par la beauté physique, le milliardaire pouvait se prévaloir de son chéquier et de son compte en banque, en guise de sex-appeal. Or, Suzanne, sur qui il avait jeté son dévolu, était tout le contraire, si on pouvait s'enhardir à comparer sa voix à celle d'Oum Kalthoum, il n'en était pas question en matière de beauté. Et Suzanne Tamim était belle, lorsqu'elle est tombée dans les rets de son bourreau, comme une abeille dans une toile d'araignée, de cette beauté qui avait 28 ans d'âge, sans traces de scalpel. Comme toute belle femme, la chanteuse était courtisée et son amant égyptien n'avait pas le détachement des pharaons, n'y voyez aucune allusion, et il était aussi jaloux que riche. Pour ceux qui ont lu Zeyni Barakat, du regretté Djamal Ghitani, Suzanne Tamim a dû vivre la même mésaventure que l'odalisque, achetée par un cordonnier vieillissant, mais trop pressant.
La servante sexuelle avait trouvé auprès de Zeyni Barakat, «préfet des comptes», un allié providentiel qui l'avait soustraite aux assauts de son maître, Suzanne, elle, a fui pour Dubaï. Et c'est là que la mort l'a rattrapée et a mis fin à ses jours, par l'intermédiaire d'un ancien officier de police égyptien, Mohsen Sokkari, chargé par Talaat Mustapha de trucider l'artiste. Ce qu'il fait effectivement le 28 juillet 2008 en tuant Suzanne Tamim de plusieurs coups de couteau dans son appartement à Dubaï, mais en semant partout des preuves de sa culpabilité. Outre les caméras du quartier et celles de l'immeuble, l'arme du crime et les empreintes de l'assassin, abandonnées dans un réduit annexe, permettent d'identifier très vite l'auteur du crime. Du travail d'amateur, réalisé par un ancien policier, censé avoir une expertise professionnelle dans ce domaine, mais qui agit exactement comme s'il voulait se faire attraper. N'oublions pas aussi qu'à l'époque, Dubaï avait mis à la tête de sa police un fin limier du nom de Zahi Khelfane Temim El-Mehiri, sans lien de parenté avec la victime. Ce que pourrait suggérer une homonymie partielle. Le chef de la police qui s'est illustré par son hostilité aux Frères musulmans, ce qui pourrait servir à justifier la sympathie, dont il paraît jouir ici, a donc rapidement bouclé l'enquête.
La justice égyptienne agit aussi avec célérité, et moins d'un an plus tard, l'assassin de Suzanne Temim et son commanditaire sont condamnés à la mort par pendaison. Ce qui doit les faire encore hurler de rire jusqu'à aujourd'hui. Comme il fallait s'y attendre, la peine de Talaat Mustapha, un des piliers du régime Moubarak et ami personnel de Djamal, fils de l'ancien Président, est commuée en détention. Quant au lampiste, l'ancien officier à la retraite, il est condamné, en appel, à perpétuité, avant d'être gracié cette année par le Président Sissi, qui avait gracié aussi le milliardaire en 2017. J'avais évoqué en son temps cet assassinat odieux et le traitement de faveur dont jouissait Talaat Mustapha dans sa cellule de la prison de Tara, où l'avait rejoint, brièvement, son ami Djamal Moubarak. J'étais persuadé que l'ex-amant de Suzanne Temim et commanditaire de son assassinat, ainsi que l'exécutant étaient toujours en prison, dorée pour le premier, moins confortable pour le second. Les récentes révélations du musicien Hani Mehanna, ex-mari de la chanteuse Samira Saïd, sur les conditions de détention des personnalités de l'ancien régime ont créé un certain émoi. Le célèbre musicien qui avait joué notamment pour Oum Kalthoum avait été condamné à 5 ans de prison en 2014, pour des créances impayées vis-à-vis de la télévision égyptienne.
C'est dans la prison de Tara qu'il s'est lié d'amitié avec la «crème» de la clique Moubarak en détention, et notamment les deux fils de l'ancien Président, ainsi que d'anciens ministres. Il raconte que les deux frères lui ont offert respectivement un téléviseur et un frigidaire et qu'il partageait régulièrement leurs repas. Cela se passait dans deux bâtiments faits pour accueillir 3000 détenus, mais qui hébergeaient seulement 14 anciens responsables et officiers de police, accusés d'avoir tué des manifestants en 2011. Ces prisonniers bénéficiaient de toutes les commodités et du confort d'un établissement 5 étoiles et ils disposaient de plusieurs salles, pour le billard, le ping-pong ou le football. Les deux frères Moubarak avaient constitué deux équipes de football qui jouaient l'une contre l'autre, et Hani Mehanna faisait partie de l'équipe de l'autre frère, Ala. Mais, se plaint-il, l'arbitre attitré, l'ancien ministre de l'Intérieur, Habib Adli, favorisait systématiquement l'équipe de Djamal. Il précise également que ces installations sportives ont été réalisées par l'homme d'affaires Ahmed Izz, alors que Talaat Mustapha a édifié une grande mosquée durant sa détention. Ces déclarations ont évidemment suscité des protestations contre ce régime de faveur, notamment de la part de parents de détenus, entassés les uns sur les autres dans d'autres prisons.
Qu'on me pardonne si je persiste à n'écouter que les cris de Suzanne Temim qui réclame toujours justice, alors que ses assassins sont totalement libres de commettre d'autres crimes.
A. H.


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