Au lendemain de la rencontre de ses dirigeants avec le chef de l'Etat, très critiquée par sa base, le FFS appelle ses militants à continuer leur engagement au sein du mouvement populaire, et dénonce le régime qui «se cantonne dans un immobilisme destructeur qui pousse à la révolte, alors qu'une telle situation exige des actions fortes, notamment sur le plan politique». Karim Aimeur – Alger (Le Soir) – L'Instance présidentielle du FFS s'est réunie, hier mardi, au lendemain de la célébration du deuxième anniversaire du mouvement populaire à travers une forte mobilisation citoyenne dans plusieurs wilayas du pays. Contrairement aux manifestations du Hirak d'avant la crise sanitaire et durant lesquelles les dirigeants du parti étaient toujours sur le terrain, ce 22 février 2021, les responsables du FFS étaient invisibles dans les rues, et leur présence était très timide et même discrète. Après la rencontre de deux dirigeants du parti avec le chef de l'Etat, sans que beaucoup d'autres responsables soient au courant de cette rencontre (certains ont été informés de son déroulement la veille au soir), et la déclaration d'un conseiller du Premier secrétaire où il affirme que le Hirak est devenu «un instrument de régression», des doutes ont plané sur la nouvelle position du FFS par rapport au mouvement populaire. Et les militants ont multiplié les dénonciations de cet acte, en s'en démarquant. C'est dans ce contexte que la réunion de l'instance présidentielle du parti a eu lieu hier. Dans un communiqué sanctionnant cette réunion, le FFS dit encourager ses militants «à poursuivre le combat dans cette révolution populaire pour un changement démocratique dans le pays, car nous sommes conscients du rôle historique et déterminant qui nous incombe à tous, pour conduire ce processus salutaire visant à sauver notre pays d'un effondrement inéluctable de ses institutions». Dénonçant le régime qui «se cantonne dans un immobilisme destructeur qui pousse à la révolte», le FFS a réaffirmé son attachement à une sortie de crise basée sur un dialogue responsable. «Partant du principe qu'aucun dénouement de cette crise multiforme n'est envisageable et encore moins viable, dans un contexte exacerbé par la répression policière et judiciaire, le chaos économique et l'exclusion, le FFS a engagé une dynamique de concertations et d'échanges avec des partis politiques, des personnalités nationales et des organisations syndicales. Ces consultations visent à créer un climat de confiance favorable à des approches consensuelles et convergentes de sortie de crise», lit-on dans la même déclaration. Et de considérer que le contexte politique national actuel ne peut plus supporter d'autres «dérives autoritaires et d'autres échecs». Il se dit convaincu que la voie de la sagesse et de la raison doit prévaloir sur les scénarios catastrophes des extrémismes de tous bords, des apprentis sorciers et des pyromanes de tout acabit, sommant «les tenants du pouvoir à s'engager sérieusement dans un élan patriotique de changement pacifique de l'ordre établi». Pour le FFS, cet engagement devra être illustré par une volonté politique de créer un climat de détente et de confiance en faveur de ce changement. Dans le cas contraire, le parti estime que le Hirak «risque à tout moment de reprendre avec plus de détermination et d'intransigeance, si le pouvoir continue d'ignorer ses préoccupations». «Cette ignorance, qui frise le mépris de la volonté populaire, se manifeste par le renforcement du dispositif répressif, l'instrumentalisation de certains médias, et le rejet systématique de toutes les initiatives politiques de sortie de crise, qui proposent des solutions concrètes et consensuelles pour désamorcer ce contexte particulièrement explosif», explique le plus vieux parti de l'opposition, appelant à «jeter les bases d'une deuxième République». K. A.