De Tunis, Mohamed Kettou D'ici le mois de juin, trois millions de citoyens tunisiens et de résidents en Tunisie auront été vaccinés contre le Covid-19, a annoncé le ministre de la Santé publique, Fawzi Mehdi, à l'occasion de la réception, mardi dernier, du premier lot du vaccin Spoutnik V. Ce premier lot comprend trente mille doses qui permettront d'inoculer 15 mille personnes. La Tunisie attend encore cinq cent mille doses de ce même vaccin, sans compter d'autres types qui, selon le ministre de la Santé, ont prouvé leur efficacité. C'est un véritable feuilleton qu'ont vécu les Tunisiens en raison des fausses déclarations, le plus souvent contradictoires, des responsables de la santé. Cela fait plus de deux mois que des rumeurs circulent, faisant croire à une arrivée du vaccin à la mi-février. Finalement, c'est avec un mois de retard que la Tunisie a reçu les premières doses qui seront destinées, en premier lieu, aux personnels de la santé, aux personnes âgées et à celles souffrant de maladies chroniques. La campagne de vaccination sera entamée samedi prochain au bénéfice des inscrits dont le nombre reste limité et ne dépassant pas les 515 000 candidats sur une population de 12 millions. Pour inciter la population à adhérer au plan du gouvernement, les autorités multiplient les appels tout en orchestrant une campagne de prise de conscience sur la gravité du virus. Malgré la réticence des citoyens, le gouvernement poursuit l'exécution du plan d'importation arrêté avec l'espoir de voir une bonne frange de la société accepter le vaccin qui reste gratuit, mais non obligatoire. Cependant, le gouvernement vient de procéder, depuis lundi dernier, à un allègement des mesures coercitives qui ont impacté l'économie et augmenté le nombre des chômeurs dans le secteur des services notamment. En effet, l'ouverture des cafés, des restaurants, voire les hôtels, était nécessaire car ils sont sur le point de déclarer faillite. C'est pour leur permettre de souffler que le couvre-feu a été décalé vers 22 heures, et que l'administration a repris ses horaires habituels. Cette décision, à caractère purement politique, n'est pas du goût des scientifiques qui y voient un risque de retour à la case départ, surtout après la découverte du variant britannique dans certaines régions du pays. Pire encore, les partis politiques ont déplacé, ces derniers jours, leurs querelles dans la rue. Des meetings et des manifestations réunissant des dizaines de milliers de personnes ont été organisés dans diverses régions. Les responsables des partis concernés s'y régalent sans prêter attention au risque de l'extension de l'épidémie de Covid-19. Par ailleurs, l'arrivée de ce premier lot de vaccin a offert l'occasion à certains de régler leurs comptes avec la présidence de la République qui, estime-t-on, a pris le train en marche pour se positionner comme étant le principal acteur. En fait, dit-on, c'est un Tunisien résident à Moscou qui s'est battu pour que la Tunisie reçoive ces doses de vaccin. C'est comme qui dirait qu'en Tunisie, toutes les occasions sont prétextes à disputes. M. K.