Encore une histoire de bisou qui enfièvre le pays dans ses espaces virtuels. D'abord cette question qui revient : est-ce que la vie sur les réseaux sociaux est vraiment différente de la « vraie » vie ? Bien sûr, tout le monde vous le dira : c'est deux mondes ! Le problème est que ceux qui disent une chose sont souvent les mêmes qui soutiennent son contraire. Parce qu'avec le même aplomb, sur le ton et le même air entendu, ils vous diront aussi que les réseaux sociaux sont « le reflet de la société ». La formule est ringarde, usée jusqu'à la corde mais rien n'interdit de la reprendre. C'est comme ça, les réseaux sociaux, on n'y trouve que ce qu'on y a « posté », on y réfléchit dans des conditions et en temps réels, avec en cadeau, le souci de l'esthétique et la force de l'argument. Parce que, tout le monde vous le dira, la toile, ça vous forge une réputation, il arrive même que ça fasse des vocations et des fortunes. Evidemment, chacun reste dans les limites de ses moyens. Il faut revenir à l'histoire, parce qu'il y a (encore) une histoire. Celle de Bouchra qui a fait un bisou à son petit copain, à moins que ce ne soit son mari. Tenez, c'est quand même étrange qu'on ne s'est pas trop posé la question : c'est son mari ou son petit copain ? Ce n'est pas important, les gardiens de la moralité sur Facebook et autres espaces apparentés savent... aller à l'essentiel. Dans la vraie vie, ils ont quasiment tout réussi, surtout question bisous et autres câlins de moindre ambition. Mais ils ont un problème, ils ne peuvent pas mettre un gendarme derrière chaque couple tactile, surtout dans des endroits discrets où ils peuvent en plus... filmer ça et prendre et envoyer ça au monde entier en un clic. Ils prennent ainsi leur revanche en prenant leur... pied ! C'est fou, ce que des Algériens ont des problèmes avec les bisous. Y compris quand ils sont censés être lointains, comme celui de Franck Ribéry qui a eu le malheur d'avoir déclaré sa conversion à l'Islam par amour pour la femme de sa vie. Et qui sera vite promis aux enfers après un bisou historique à l'Allianz Arena, après avoir été porté aux nues à Alger, à Oran et dans toute l'Algérie. Il y a eu ensuite Mahrez et bien d'autres, moins spectaculaires parce que le fait de jeunes couples moins connus. Mais celui qui aurait pu faire un tabac s'il avait été filmé est sans conteste « la pelle » de Diego Maradona et sa compagne survenue en plein dîner avec les officiels qui l'accueillaient dans son séjour de promotion en Algérie. Historique et génial, il a envoyé ministre et autres responsables du sport qui admirer sa paire de chaussures, qui scruter le beau lustre qui descendait du plafond et qui guetter l'entrée d'un fantôme. Mais celui-là, on n'y peut rien, c'est le bisou de Dieu. Laissons encore conclure Saïd Djabelkhir : « De Mahrez à Bouchra, des peuples ont un problème avec le bisou mais cohabitent très bien avec la médiocrité, le harcèlement, l'exclusion et l'extrémisme » (traduit de l'arabe par le chroniqueur). S. L.