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Il était une fois le 20 Avril 1980
Publié dans Le Soir d'Algérie le 22 - 04 - 2021

Dans quel contexte s'est produite l'irruption du printemps citoyen amazigh du 20 Avril 1980 ? Le déni de la dimension amazighe de l'identité algérienne a été déterminant. Un déni qu'exprimait on ne peut mieux cette politique d'arabisation islamisée imposée par le FLN version Chadli Bendjedid, qui avait décidé de tourner le dos au socialisme autoritaire de Boumediène en opérant un recentrage de l'Etat autour des valeurs islamo-conservatrices, alors que l'Algérie disposait d'un enseignement et d'une université dont la qualité faisait l'admiration de l'Afrique et du Maghreb.
Et c'est dans cette optique que le FLN dominé par le courant islamo-conservateur va se saisir d'une grève avec occupation des lieux, déclenchée le 20 novembre 1979 par les étudiants d'obédience islamiste des filières arabisées de l'enseignement supérieur, alors soutenus par un certain...Abassi Madani : les grévistes ne demandaient rien de moins que l'arabisation intégrale de l'enseignement et de la société avec un calendrier précis.
Dans un premier temps, la session du comité central des 26-29 décembre 1979 va se prononcer pour l'accélération de l'arabisation, l'intégration de l'éducation religieuse comme matière obligatoire aux examens et la création de sections de sciences islamiques à l'université... Puis, le 10 février 1980, elle adopte le plan d'arabisation présenté par Taleb Ahmed Ibrahimi, membre du BP et président de la commission éducation et culture du parti, qui prévoyait une arabisation intégrale de l'Etat et de la société, étalé sur cinq ans en trois étapes : suppression de l'enseignement bilingue arabe-français dans le primaire et le secondaire dès la rentrée scolaire 1980-81, arabisation de l'administration, des filières non scientifiques de l'enseignement supérieur. Et avant fin 1985, arabisation des secteurs économique, bancaire, commercial et de l'enseignement supérieur scientifique.
Cette politique d'instrumentalisation de l'arabisation va servir en outre de moyen d'exclusion de groupes entiers de la population porteurs de modernité, sous prétexte qu'ils sont francophones, et ouvrir la voie à la mise en place de ce que Mostefa Lacheraf appelait une « identité de substitution » et qui n'est rien d'autre qu'une identité d'importation. C'est contre cette instrumentalisation de l'arabisation à des fins idéologiques et de déni identitaire et non contre l'arabe en tant que langue et culture que vont réagir ceux qui se battaient, avant l'heure, pour la dimension amazighe de l'identité algérienne.
Et dans ce combat contre le déni identitaire, l'université de Tizi-Ouzou, devenue un espace de vie politique et culturel dans une région n'ayant plus rien à voir avec la Kabylie rurale de 1962, va se trouver naturellement en première ligne. Quoi de surprenant dès lors, que l'interdiction le 10 mars 1980 par les autorités de la conférence que devait animer le regretté Mouloud Mammeri provoque la colère des étudiants et des enseignants qui, à coups de rassemblements de protestation et de pétition vont tenter de la faire annuler. Interdiction qui s'ajoutait à des mesures vexatoires et discriminatoires – fermeture du département de langue berbère en 1973, réduction des horaires de diffusion de la radio Chaîne 2 en langue amazighe, obligation aux chanteurs kabyles se produisant en public de chanter une partie de leur répertoire en arabe...
Naturellement, aux yeux du pouvoir de Chadli, cette réaction des mondes universitaire et lycéen à quelques mois du congrès du FLN fixé au 15 juin, était insupportable. Sous le slogan « Une seule langue, un seul peuple », le FLN et ses organisations relayées par les médias – la presse privée n'existait pas – multiplient les campagnes d'explication sur le bien-fondé de la politique d'arabisation, et organisent le 10 avril à Tizi-Ouzou un meeting populaire destiné à montrer que cette région, à l'instar de toute l'Algérie, adhère au processus d'arabisation.
La riposte ne se fait pas attendre : une grève générale est annoncée pour le 16 avril. Dans l'urgence, le ministre de l'Enseignement supérieur, Abdelhaq Brerehi, est dépêché à Tizi-Ouzou pour déminer la crise. Durant deux jours, les 14 et 15 avril, il s'efforcera de convaincre les étudiants, jusqu'à promettre que le congrès du parti prendra en charge la culture berbère. En vain. Non seulement, la grève générale est un succès, Brerehi désavoué, mais cette grève provoque l'irritation de Chadli Bendjedid : « Nous sommes arabes que nous le voulions ou non. Nous appartenons à la civilisation arabo-islamique » et d'avertir : « Nous combattrons par tous les moyens toutes tentatives visant à entamer l'unité nationale, quel que soit le slogan utilisé pour ce faire .» (17 avril).
Aussitôt dit, aussitôt fait : dans la nuit du samedi 19 au dimanche 20 avril, des arrestations sont opérées. Le 20 avril à 5 heures du matin, les forces de sécurité délogent les grévistes du campus universitaire. Les affrontements s'étendent dans la ville et dans les localités de la région : on compte 476 blessés pour la seule journée du 20 avril.
Le 23 avril, la révolte prend fin. En soirée, l'ENTV diffuse un reportage – bus calcinés, vitrines éventrées, édifices publics saccagés — accompagné d'un commentaire où la thèse du « complot » fomenté par les ennemis de l'Algérie est présentée comme pièce à conviction. Et si la majorité des manifestants interpellés sont relâchés dans les jours qui suivent, 24 d'entre eux, dont Saïd Sadi et Mokrane Aït Larbi, sont déférés devant la cour de sûreté de l'Etat.
Deux mois après, le 15 juin 1980, comme si de rien n'était, s'ouvrait le congrès du FLN sous le slogan « Pour une vie meilleure » ! Pour les nantis et les corrompus, bien sûr...
H. Z.


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