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Soft power à l'algérienne, parlons-en !
Publié dans Le Soir d'Algérie le 13 - 07 - 2021

Le jour même de la passation des pouvoirs, M. Ramtane Lamamra a, de manière allusive, décliné sa nouvelle feuille de route, dont le contenu semble résider dans le nouvel intitulé du ministère des « Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger ». Précisant que le rajout par le Président Abdelmadjid Tebboune de la «communauté nationale à l'étranger» n'est pas un «changement dans la forme», mais une «orientation stratégique en soi ».
On note ainsi qu'il y a désormais une « nouvelle orientation stratégique ». On comprend aussi que son ministère est incité à sortir des clous de l'activité traditionnelle et de l'accumulation de fonds de routine pour intégrer notre diaspora à son action dynamique future. Il s'agit donc de «faire de la communauté, à titre individuel et collectif, des ambassadeurs de l'Algérie, des défenseurs de son image et de ses intérêts ». Et on prend acte de sa volonté de s'appuyer résolument sur une émigration « riche par son élite, son savoir-faire, ses compétences et ses capacités financières, ainsi que par ses réseaux ». Pour créer les bases d'une future puissance d'influence algérienne à l'étranger, il compte « œuvrer de concert avec la communauté et ses représentants, dont les membres élus de l'APN et les acteurs du mouvement associatif de la diaspora qui ont toujours collaboré avec l'Etat algérien, les ambassades et les consulats». Sommes-nous ainsi à la veille d'un changement réel des façons de penser et des manières d'agir de notre diplomatie ? On peut effectivement l'envisager en voyant le ministre annoncer l'usage de « nouvelles méthodes pour concrétiser cette vision politique stratégique, consistant en cette nouvelle dimension que le président de la République souhaite cristalliser dans ce gouvernement, en donnant cette appellation à notre ministère».
Cette « vision politique stratégique » et cette « nouvelle dimension » diplomatique, que le chef de l'Etat entend voir se concrétiser, ont cependant mis un peu de temps à trouver leur première expression publique depuis son élection à la tête du pays. Elles font pourtant partie de ses « 54 engagements pour une nouvelle République », sous le chapitre « politique étrangère dynamique et proactive ». Le futur Président s'était alors engagé en faveur de la « révision des objectifs et des missions classiques de la diplomatie algérienne » sur les plans bilatéral et multilatéral. Il s'était également prononcé pour une « diplomatie économique offensive au service du développement national et des entreprises et investisseurs publics et privés ». De même qu'il a implicitement évoqué la notion de soft power en préconisant « une diplomatie culturelle et cultuelle au service du rayonnement national ». Enfin, au sujet de notre émigration, il avait fait état de sa volonté d'agir « pour la protection et la promotion d'une communauté nationale à l'étranger et d'une diaspora pleinement impliquée dans le renouveau national ».
Les mots-clés de l'engagement électoral du président de la République et ceux de la première déclaration de son nouveau ministre des « Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger» ont donc du sens. Ce sont autant de syntagmes et de vocables qui disent qu'il y aurait présentement l'idée de réfléchir, faire et dire autrement. Autrement dit, on penserait maintenant à des concepts comme lobbying, influential power, soft power et smart power, et à des unités de sens liées comme persuasion, séduction, attraction, communication ? À ce stade de l'expression sincère des intentions, la réponse ne serait pas affirmative, bien évidemment, mais on en prend quand même les bons augures.
Ces idées forces sont-elles opératoires dans le cadre algérien actuel ? Non, si on doit se baser sur l'état des lieux diplomatiques, la nature quasi monoexportatrice de notre économie et l'absence de rayonnement culturel à l'étranger cantonné à l'existence d'un seul centre culturel dans le monde, basé à Paris. De même que le défaut absolu de présence médiatique et d'inexistence de cadres de mobilisation de la communauté algérienne à l'étranger, autrement que via les consulats.
Par son histoire post-indépendance, par la faible importance qu'elle accorde à sa culture, par son organisation administrative, et notamment diplomatique, l'Algérie n'est pas, et depuis longtemps, un grand pays de « soft power » et de lobbying organisé. Elle le fut cependant, d'une certaine manière, à l'ère de l'Etat souverain en construction et de l'édification nationale sous Boumediène. À cette époque, l'Algérie possédait une diplomatie performante et leader dans un tiers-monde non-aligné sur les deux blocs. Elle s'appuyait aussi, notamment en Europe, sur un puissant cadre de mobilisation que fut l'Amicale des Algériens en Europe (AAE), et sur une diplomatie parallèle intelligente au double sens latin et anglo-saxon du terme. Cet âge d'or est cependant révolu. L'après-Boumediène, constat froid, fut propice, pour moult raisons et à des degrés divers, à un désarmement de l'Etat en interne. Et surtout à l'affaiblissement progressif, voire à l'étiolement dans certains cas, en certaines circonstances et en certains endroits, de la présence de l'Algérie à l'étranger, dans tous les domaines.
En dépit de cet âge d'or relatif, l'Algérie n'a jamais su inventer un dispositif efficace de présence globale à l'étranger. Dans le sens où l'on pourrait parler de soft power. A savoir, la conjugaison tous azimuts de la diplomatie traditionnelle, la diplomatie parallèle, l'économie, la culture, le tourisme, le sport, le culte et les médias. Sous le règne moins orthodoxe de Chadli, l'outil efficient que fut l'AAE a été démantelé, ce qui était en soi une erreur stratégique. Mais c'est durant ses trois mandats que l'Algérie a pris conscience de la valeur de la diplomatie religieuse comme instrument d'appui à la diplomatie dans ses volets classique et parallèle (rayonnement de l'islam confrérique à l'extérieur). En même temps que fut relativement renforcée la présence médiatique de l'Algérie dans le monde, à travers l'installation d'un réseau de treize bureaux à l'étranger de l'agence nationale APS.
Aujourd'hui, nos ambassades ne disposent pas de missions économiques en bonne et due forme, même si la réflexion sur la nécessité de la présence de facilitateurs économiques et d'attachés commerciaux a été engagée par le prédécesseur de M. Lamamra. Il n'y a pas non plus de structures de mobilisation des Algériens en Europe ou ailleurs, et notre influence religieuse se résume à l'envoi d'imams de faible niveau théologique et linguistique pour officier dans certaines mosquées en France. Quant à la présence médiatique, elle est réduite exclusivement à la seule France où n'existent que de rares correspondants d'organes publics et privés, avec des moyens d'action étiques et généralement non accrédités officiellement. Cependant que l'APS n'y dispose plus de correspondants permanents. A titre comparatif, l'agence officielle marocaine MAP a un réseau maillant les cinq continents et organisé en douze pôles régionaux basés sur une trentaine de bureaux et une centaine de correspondants. Sans compter que le rival stratégique de l'Ouest bénéficie d'un équivalent efficace de l'ex-Amicale des Algériens en Europe, outre un lobbying digne de ce nom dans tous les pays jugés stratégiques par le Makhzen.
Comme dit l'adage populaire, il n'est jamais trop tard pour bien faire. La volonté politique d'agir et de mieux entreprendre, en somme de reconstruire et de construire sur le plan diplomatique, semble exister. Elle a déjà été exprimée, fort symboliquement, à travers la création de « l'Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement ». Elle vient d'être réitérée avec le reprofilage annoncé du dispositif diplomatique, comme le suggère la nouvelle appellation du MAE. Normalement, nécessité fait loi, dit-on. Alors tout doit être fait pour favoriser les convergences salutaires.
N. K.


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