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«Ce choc émotionnel peut se transformer en traumatisme durable»
SPECIALISTE EN PSYCHOLOGIE SOCIALE, JUGURTHA ABBOU :
Publié dans Le Soir d'Algérie le 16 - 08 - 2021


Entretien réalisée par Leila Zaimi
À la suite des agressions et des crimes commis individuellement ou collectivement dans la société, des problèmes d'ordre psychologique surgissent. Nous parlons principalement du stress post-traumatique, cauchemars, manque de sommeil, dépression, et d'autres problèmes comportementaux. Les images et les vidéos de crime collectif commis mercredi dernier (un jeune homme présumé pyromane a été lynché, brûlé puis égorgé) laissent un impact très négatif sur le psychique, voire la santé mentale des Algériens. Dans cette interview, Jugurtha Abbou nous explique l'impact psycho-social de cet assassinat barbare. Les séquelles de cette violence sociale à court et à long terme.
Le Soir d'Algérie : Les violences au sein de la société ne laissent pas les humains indifférents. Elles touchent surtout les volets psychologique et comportemental des individus. En Algérie, nous avons assisté, il y a quelques jours, à un crime public. Depuis, des images et des vidéos choquantes n'arrêtent pas de circuler sur les réseaux sociaux. Quel est l'impact de cet assassinat collectif sur la psychologie et la santé mentale collectives des Algériens, notamment ceux qui ont suivi de près cette barbarie ? Quels sont les traumatismes ?
Jugurtha Abbou : Il faut d'abord dire que les Algériens vivent une période de stress aigu, causée par la propagation de la pandémie de Covid-19, ajoutez à cela le déclenchement des feux de forêt, qui est d'un impact non négligeable sur la santé mentale, le stress, la peur et la détresse. Et alors qu'un regain d'espoir a été suscité par l'élan de solidarité, une vidéo très choquante a été publiée et partagée sur les réseaux sociaux. Il est important de comprendre que ces pages sont visitées par toutes les franges d'âge, le choc qu'auront à subir les enfants est, par conséquent, plus grave que celui d'une personne adulte, amorti par plusieurs expériences et autres mécanismes de défense.
Ceux qui ont filmé, puis partagé les vidéos, ont-ils pensé un instant aux parents et aux proches de la victime ? Ont-ils à ce point banalisé leur acte ?
Aussi, une violence d'une telle ampleur est à la fois la cause et la conséquence d'une violence à une même échelle. Déjà que les séquelles psychologiques de la décennie noire ne sont pas effacées, et nous les voyons dans notre société, qu'une autre violence s'installe, plus visible cette fois, puisque diffusée en live grâce aux nouveaux canaux d'information. La disparition des valeurs qui autrefois faisaient la fierté des Algériens est aussi un fait réel. L'esprit revanchard prime désormais sur l'esprit du dialogue et de la communication. Ces images et ces vidéos risquent de provoquer un stress émotionnel intense, aux conséquences fâcheuses comme l'angoisse, la peur, la colère ou le dégoût. Ce choc émotionnel peut se transformer en traumatisme durable. L'enfant peut avoir recours à l'imitation, comme moyen d'expression de son ressenti face à une telle image.
Pourriez-vous nous parler des conséquences et répercussions de ce crime sur le volet psychologique à moyen et long terme ?
La violence crée un sentiment d'insécurité, d'instabilité et de menace permanente. On se refuse à aller aider autrui par crainte de se faire agresser, on craint de se déplacer d'une wilaya à une autre, de discuter avec l'autre, de lui apporter un débat contradictoire. Ce sentiment provoque un renfermement sur soi, l'être humain réduit au maximum ses relations sociales et préfère s'isoler que de mettre sa sécurité en péril, ceci sur le plan interne.
Sur le plan externe, ça engendre un comportement agressif, à travers l'accroissement de la haine d'autrui, la volonté de l'abattre, l'anéantir.
Ce traumatisme collectif doit être accompagné et pris en charge, n'est-ce pas ? Quels sont les outils psychologiques permettant une thérapie collective ? Prendre en charge psychologiquement toute une population ne serait pas une tâche facile...
Comme souligné précédemment, le traitement post-traumatique des crises que nous subissons – Covid et feux de forêt — est plus que nécessaire. Beaucoup de psychologues se déploient sur le terrain et font de leur mieux pour gérer la situation. Après quoi, le traumatisme collectif causé par l'acte ignoble et barbare doit être traité dans sa globalité, à travers les institutions qui doivent jouer pleinement leur rôle.
Il faut plus que jamais renouer avec l'éducation citoyenne. Il faut que les institutions de socialisation – famille, école, mosquée – jouent un rôle actif dans ce sens. Le rôle des médias est aussi important, sinon essentiel. Le vivre-ensemble n'a plus de goût, et lorsque le vivre-ensemble est menacé, la société risque de disparaître. Alors, vivons ensemble ou disparaissons.
Pour pouvoir se guérir et se libérer de ce traumatisme, il est important, entre autres, de souligner la psychologie du crime. Expliquez-nous les causes de cet acte barbare. Autrement dit, à quoi pensait ce groupe criminel au moment du lynchage et de l'assassinat ?
Les facteurs criminogènes peuvent être sociaux ou individuels. Le comportement criminel peut être le fruit du milieu, favorisant la violence, de la démographie, des facteurs socio-économiques, et du facteur culturel. Il peut aussi être héréditaire et dû à des facteurs endogènes, telle l'incapacité de l'individu à s'intégrer dans le milieu social, son incapacité à s'adapter au milieu, ce qui développe en lui des attitudes négatives, voire violentes ou criminelles.
L. Z.


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