Dans les capitales occidentales souffle un vent qui risque de tout emporter avec lui. Oui ça craint. Pour les populations encore sous le joug de la domination étrangère. Pour tous ceux qui croyaient venu le temps de briser les chaînes de la servitude. En Afrique du Nord et au Moyen-Orient, des peuples sont dépossédés de leur terre, gîte et refuge ancestraux depuis toujours. Deux conflits mondiaux ne sont pas parvenus à faire de la guerre l'ennemi de l'humanité. Le nazisme hitlérien, le fascisme mussolinien, les généraux de l'empereur japonais ont perdu leur pari d'imposer partout leur hégémonie. Au prix de millions de morts. Si l'Europe a été le principal théâtre des opérations armées des plus meurtrières, des suites de querelles qui les concernent exclusivement, les populations sous le joug colonial, mises à contribution espéraient, en retour de leurs sacrifices profiter de la liberté proclamée partout. L'effondrement des empires coloniaux ne régla pas pour autant la question de la fin de la colonisation. Les négociations politiques, dans un cadre pacifique entre gens bien élevés, vont s'avérer être une supercherie. Les baroudeurs du FLN et ceux des partisans de l'Oncle Hô Chi Min finiront par comprendre l'inéluctabilité de la lutte armée. Croyant mettre à profit le génocide contre les populations juives, les indépendances acquises, une plus grande émancipation semblait aller de soi. Le souvenir des atrocités des deux guerres n'allait malheureusement pas signifier la fin de la discrimination et de la ségrégation. Elle touche jusqu'aux Etats – les puissants et les faibles. Cela est vécu comme un traumatisme et ces derniers veulent y mettre fin. C'est presque une gageure que de mener un combat qui se résume en protestations polies, civilisées. Le recours aux Nations-Unies paraît judicieux ainsi lors du rejet et la condamnation de l'apartheid, forme la plus abjecte de la ségrégation. Bonne nouvelle, une conférence (dite de Duban, Afrique du Sud) de suivi contre le racisme a été instituée. Nada, rien n'en sortira ! Fin de non-recevoir, les Etats-Unis et l'Europe n'en veulent pas et la boycottent. Il n'y aura pas de nouvelle marche à la Martin Luther King, pour l'égalité et pour la fin des discriminations par la seule volonté des maîtres du monde lesquels s'inscrivent en porte-à-faux par rapport à leurs opinions publiques pétries d'humanisme. La raison invoquée est tout aussi surprenante qu'inquiétante. Les participants à la conférence, qui doit se tenir le 22 septembre prochain, nagent dans la confusion la plus totale confondant sionisme et antisémitisme. L'Europe peut arguer de sa civilisation judéo-chrétienne pour rejeter cette rencontre pacifique, dans le fonds et dans la forme. Pour autant, elle trahit son sentiment de culpabilité à l'endroit des juifs de les avoir voués aux gémonies. Attaquer l'Etat usurpateur d'Israël serait de l'antisémitisme. Une façon de conjurer ses démons et faire amende honorable. Quelle lâcheté aussi de fermer les yeux sur les massacres quotidiens, empreints de la haine de l'Arabe (racisme pur et dur qui plus est encouragé par l'Etat) en Palestine. Que dire alors de juifs falashas, dont les femmes sont soumises à une contraception (stérilisation) forcée ? L'ostracisme qui frappe d'autres ethnies ? Antisémitisme ? L'on joue à la victime afin d'inverser les rôles ! Mais l'on fait chanter aux enfants juifs : «Un bon Arabe est un Arabe mort». Brahim Taouchichet