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Et sinon...
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 11 - 2021

Franchement, avec ces pluies, j'ai l'impression de revenir à la vie. Oui, je suis un enfant de l'hiver. Je suis né un janvier. Tu imagines le tableau : pluie, vent, froid, nuit noire. Tout ce que j'aime, quoi. Depuis quelques jours, je n'ai plus les hésitations du matin ; hop, une fois les yeux ouverts, je saute du lit. A moi la journée que j'essaie de croquer à pleines dents ; enfin, celles qui me restent. On a la dentition de notre âge. Dans le jardin, je sens à pleins poumons l'odeur de la terre ; quelle sensation agréable ; le capricorne est le signe de la terre, dit-on. Puis, les oliviers, tout autour, exhibent une verdure agréable au regard. Avec tout ça, je revis. Si le ciel est plein, c'est la promesse de pluies abondantes. Et quand cette pluie fouette la terre, c'est la promesse de la gestuelle du semeur. À cette seconde même, les nuages ouvrent leurs vannes sur les tuiles de la maison qui, réveillées comme jamais, entonnent la chanson de la pluie. Il est l'heure, plus que jamais, pour le poète de rameuter ses vers et d'en faire des pièces d'anthologie. Dans les maisons où les cheminées sont encore d'actualité, le feu doit crépiter et renvoie sa douce chaleur vers le foyer. Ne manquent que les contes de grand-mère (jida) pour compléter le tableau.
Désormais, il y a le chauffage moderne ; il n'y a plus de rencontres familiales possibles. Plus de cheminées, ni de conte d'ogresse. Plus de discussions ni de sourires avenants. Chacun est dans son coin, le téléphone portable entre les mains ; vas-y que je surfe sur les nouvelles du monde ; vas-y que je tchatche avec un ami virtuel, que je ne connais ; vas-y que je te mette des photos de l'enfance ; vas-y que je précise le menu de la veille ; vas-y que j'exhibe le plus beau sourire du moment (souriez Gibbs) ; pardon, mon téléphone sonne, j'arrête d'écrire, une certaine curiosité m'oblige à voir qui c'est, surtout à répondre. On est hors famille ; on est hors de nous-mêmes. Le progrès rend énormément de service, c'est vrai ; mais il aliène l'être social, change les termes du contrat, l'individualise au maximum et le rend dépendant d'une machine programmée pour ce faire. Un nouvel être social en remplace un autre. Et les gens, comme moi, sont écartelés entre hier et aujourd'hui.
Puis, comme le dit un ami qui refuse de posséder un téléphone mobile, il en est toujours au bon vieil appareil fixe à la maison ; mon ami donc, le jour où je l'ai interpellé sur ce point, me dit : « Je ne posséderai jamais un téléphone quand celui qui appelle, avant les salamalecs, me demande où je suis. » C'est vrai : « Allô, win rak ? Anda tellid ? Où es-tu ? » Et alors ? En quel honneur ? Pourquoi veux-tu savoir où je me trouve ? La dernière fois, j'ai répondu que je me trouvais avec le diable ; ça n'a pas plu à mon correspondant. J'aurais dû lui dire que ça ne le regardait pas ; dis-moi ce que tu veux ; le reste est de ma responsabilité ; supposons que je me trouve au p'tit coin ; eh oui, on prend notre portable dans ces zones-là ; on se refuse de perdre une miette du contenu de cette machine, ce mal nécessaire.
Ah, autre chose ! Si par malheur quelqu'un vous appelle et que vous ne répondez pas ! Il ne laissera pas tomber pour rappeler à un autre moment ; non ; il va insister, insister et insister, encore. Je t'appelle, tu es dans l'obligation de me répondre, bla jeddek. Tu ne réponds pas toujours ; qu'à cela ne tienne, tu reçois dans la seconde un texto ; et ce ne sont pas les voies qui manquent. Puis, plus tard, il te fera la remarque de vive voix : « La dernière fois, je t'ai sonné, tu as refusé de répondre. Wech, ghir lkhir ? Ma voix t'écorche les oreilles ? »
La guerre est déclarée. Je lui réponds, un brin moqueur : « Tu veux vraiment le savoir ; ta voix m'importe peu ; ce jour-là, pour tout te dire, j'étais mort ; je viens à peine de ressusciter ; je ne pouvais pas donc décrocher et te parler ; là, on est face à face, dis-moi ce que tu voulais. » Ya kho, ce jour-là, je n'avais aucunement la volonté de parler à quiconque ; j'étais en grève de la parole ; puis, je ne suis pas obligé de répondre à tous les appels téléphoniques ; sinon, une bonne partie de la journée y passera.
À part mon ami, l'universitaire phobique du portable, y aurait-il un Algérien qui ne posséderait pas cette merveille de la technologie. Où que l'on soit, on forme un numéro, le temps de la sonnerie, votre interlocuteur répond immédiatement. Désormais, on ne peut plus languir un proche (ami, famille) ; avec le mobile, on peut l'écouter, le voir, blaguer un instant, avoir des nouvelles, etc. Où qu'on se le trouve, ce mal nécessaire nous permet d'aller au-devant des nouvelles, sans attendre la visite du pauvre facteur qui, malheureusement, a presque disparu de notre vie. Ce dernier ne porte plus les nouvelles ; il y a désormais le téléphone qui, instantanément, prend en charge l'info en un temps record. Il n'y a plus l'attente de la lettre manuscrite, apportée par le facteur et jetée dans la boîte aux lettres. A l'époque, cette attente me donnait des frissons ; maintenant, un simple clic vous permet d'aller prendre des nouvelles des ami(e)s. Ou des parents.
Cette proximité me fait peur ; cette instantanéité me fait flipper. On ne peut plus s'adosser à une certaine discrétion, ni profiter d'un semblant de solitude ; on se fait choper à tout moment, en tout lieu. Ce p'tit bidule sert à tout : infos du monde, météo, vie privée des people, dictionnaire, grammaire, biographie des auteurs du monde entier, etc. Un véritable fichier. Et un mouchard hors pair. Des bornes vous signalent à la seconde près. Des voleurs peuvent voler vos données. Des virus guettent le plus maladroit. Fini le carnet répertoire. Utilisez le Cloud. Ah, inutile d'utiliser votre mémoire humaine, le téléphone est là. Il peut tout mémoriser. Du numéro de téléphone à vos photos. D'une adresse électronique à un rendez-vous médical. L'homme devient dépendant de son outil. L'homme devient fainéant, paresseux. On ne fouille plus dans les bibliothèques ; il suffit d'un clic, l'information est là, toute fraîche. Le « fast » savoir nous tend la main, pour mieux nous asservir. La rapidité est une simple question de limite. Le portable s'est transformé en médiateur social ; il transforme notre vie, plus que la télévision ; il érige la paresse intellectuelle comme fondement dans l'utilisation de ce bidule.
Et sinon, tout va bien dans le meilleur des pays. La batata se donne des ailes et le poulet dandine du croupion. L'orange se vend acide et la poire est hors de prix. La sardine vend cher son arête et la viande fait la nique à ce pauvre bougre de consommateur smicard. Sinon, demain est un autre jour, avec lequel il faut négocier son quotidien.
Y. M.


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