Hamlaoui préside une rencontre interactive à Aïn Defla    Les acteurs stratégiques de l'économie algérienne    Ouverture du Salon international de l'agriculture et de la production végétale    Situation socio-économique de l'Algérie en 2024 et axes de redressement national 2025/2030    Que pèse l'Otan face à une alliance Russie-Chine-RPDC ?    La flottille pour Gaza dit avoir été « frappée » par un drone    La « rhétorique génocidaire » de responsables sionistes dénoncée    Eliminatoires du Mondial-2026 : Guinée 0-Algérie 0 Et le football dans tout ça ?    Deux médailles supplémentaires pour l'Algérie    L'Espagne se balade en Turquie    « Une importante quantité de produits pyrotechniques saisie »    Si El Hachemi Assad souligne l'engagement et les efforts déployés    Vague de chaleur, pluies et orages    Un trésor numismatique hors-norme découvert à Kaboul    Lancement du 2e prix «Mon Premier Livre» dédié aux jeunes    Lancement des travaux de restauration de Bordj Moussa    IATF 2025: la société AQS signe un contrat de plus de 1,2 milliard de dollars avec la Banque de développement Shelter Afrique    Algérie-Chine: les moyens de renforcer la coopération dans le domaine agricole examinés    IATF: nécessité d'unifier les données pour renforcer l'intégration économique du continent    Réorganisation des matières et horaires de la 3e année primaire à partir de cette année    Un tournoi vendredi en mémoire d'Abderrahmane Mehdaoui au stade Chahid "Mouloud Zerrouki'' des Eucalyptus    France: démission du Premier ministre François Bayrou    L'Algérie condamne vigoureusement l'agression sioniste ayant ciblé Doha    Décès du chanteur Hamid Meddour à l'âge de 50 ans    Mascara: inhumation du moudjahid Ahmed Zouareb    Boughali plaide depuis le Caire pour une Union interparlementaire arabe plus solidaire et proactive    IATF: la forte participation hors continent confirme le rôle de l'Algérie de porte d'entrée vers l'Afrique    Boughali préside au Caire les travaux de la 39e session du Comité exécutif de l'UIPA    Gymnastique : l'Algérienne Nemour engagée dans trois grandes compétitions en cette fin d'année    Accidents de la route: 42 morts et 1942 blessés en une semaine    Workshop international à Alger sur les dossiers d'inscription au patrimoine mondial situé en Afrique et dans les pays arabes    Agrément à la nomination du nouvel ambassadeur d'Algérie auprès de la République du Belarus    Des pluies sur plusieurs wilayas du pays mardi et mercredi    Inhumation des moudjahidine Youcefi Mohamed Bencheikh et Telli Hamza    Qualifs Mondial 2026: l'Algérie et la Guinée se neutralisent (0-0)    La présidente accueille une délégation de la communauté algérienne établie à l'étranger    Programme TV - match du mercredi 29 août 2025    Programme du mercredi 27 août 2025    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



L'Egypte a peur de rejouer Sartre
Publié dans Le Soir d'Algérie le 22 - 11 - 2021

Signe des temps : une victoire sportive ne tient parfois qu'à une opération préventive d'exorcisme, destinée à mettre toutes les chances du côté de celui qui détient le meilleur élixir. On l'a vu la semaine dernière avant le match de football Algérie-Burkina Faso, quand une personne, autorisée et qualifiée semble-t-il, a déversé de l'eau bénite en certains endroits du terrain. Dans l'esprit de ceux qui l'ont commanditée, ou laissée faire, ces incantations devaient servir à désarmer les gris-gris disséminés un peu partout et à offrir la victoire aux coéquipiers de Mahrez. Las, le charme n'a pas opéré et a failli même se retourner contre le supposé bénéficiaire du filtre magique, puisque sur le terrain, les Burkinabés et leur gris-gris ont failli l'emporter. Ce qui prouve l'inanité de certains rituels lorsque certains joueurs ne sont pas en forme, ou que l'équipe est dans un jour sans, comme disent les commentateurs les moins crédules. Il est vrai que durant la dernière décennie, la pratique de l'exorcisme légal s'est répandue jusque sur les terrains de football puisqu'on avait vu un exorciste connu aux côtés de l'équipe nationale. Aujourd'hui, une nouvelle race de commentateurs sportifs et de supporters trouve normales des pratiques que leurs aînés tournaient en dérision lorsqu'ils les voyaient chez d'autres.
Le wahhabisme et des zaouïas délestés du soufisme comme le FLN du jour s'est délesté de l'ALN se sont alliés pour le pire: imposer des pratiques fétichistes que l'Islam est censé avoir effacées. Pas un jour ne passe sans qu'on fasse la démonstration de cette régression de tout un peuple dont la vie se résume à chercher sa pitance et à se prosterner à la moindre saute de vent. Dans les années soixante, fraîchement indépendants, et auréolés de lauriers virtuels que nos aînés avaient récoltés au prix de leur sang, on se gaussait des Orientaux, dont les Egyptiens. Ces mêmes Orientaux qui décidaient où et quand on méritait ou non d'être des Arabes comme eux, et qu'on s'évertuait à convaincre par une maîtrise inégalable de la langue et de l'histoire. Beaucoup plus leur propre histoire que la nôtre. Pour nous inoculer le virus de leur nouvelle religion, ils n'avaient que la mer Rouge à traverser et l'Egypte leur offrait le terrain idéal. Aujourd'hui, la société égyptienne et la nôtre, unies dans la même détresse morale, s'enfoncent dans la spirale de l'interdit et de l'inquisition, tandis que ses exportateurs s'en éloignent. Alors que l'Arabie Saoudite s'évertue à prendre ses distances avec ses dogmes fondateurs, les peuples contaminés semblent s'y accrocher de plus en plus comme si c'était une addiction.
L'Egypte, tout comme une partie des Algériens que je soupçonne d'être majoritaires, est attachée à la «méloukhia», ce plat qui m'insupporte, mais elle est aussi fervente de culture et d'art. Il y eut une ère lointaine où nous rivalisions en matière de théâtre avec les Egyptiens, en matière d'adaptation et de mise en scène des œuvres de la littérature universelle, aujourd'hui oubliées. Dans les années soixante qui ont vu le pays susciter et entretenir l'engouement du public pour le théâtre, en dépit d'un régime politique autoritaire et sourcilleux, l'Egypte a joué Sartre. Certes, les metteurs en scène n'ont pas osé jouer Le Diable et le Bon Dieu, les pesanteurs religieuses étaient déjà là, mais il y a eu quand même La P... respectueuse,(1) un succès. Il faut dire que les adaptateurs ont fait une traduction très respectueuse du titre initial en évitant l'équivalent populaire, trop cru, et en traduisant «respectueuse» par un terme assez vertueux.(2) Mais ceux qui fulminaient contre les pesanteurs et la censure, imposées durant les années soixante, doivent mieux mesurer l'énorme écart intervenu entre ces années et celles que nous vivons. J'en veux pour preuve la levée de boucliers contre le projet annoncé par l'actrice Ilhem Chahine de faire rejouer la pièce et d'y camper le rôle principal campé naguère par Samiha Ayoub.(3)
L'un des premiers tirs contre le projet est venu du prédicateur et imam du vendredi, Abdallah Rochdi, improvisé pédopsychiatre pour la circonstance qui a déclaré : «Nous n'accepterons pas que cette expression ''Mawmiss fadhéla'' circule dans notre société jusqu'à implanter dans le subconscient de notre jeunesse l'idée qu'une prostituée puisse être une héroïne sociale.» Un parlementaire (vous savez ce que ça vaut) a enchaîné en affirmant que l'Egypte ne devait pas passer outre ses us et coutumes et a affirmé que la pièce de Sartre était pornographique. Intervenant dans le débat, Samiha Ayoub a affirmé que les adversaires du projet n'avaient peut-être jamais lu le contenu de la pièce: ils sont un peu comme quelqu'un qui ne retiendrait du verset coranique que l'expression «n'allez pas à la prière», occultant la suite «alors que vous êtes ivres», a ironisé l'actrice. Si les censeurs réussissent à empêcher le retour de la pièce, ce sera une nouvelle défaite pour la culture et la liberté de création, comme on l'a vécu durant les années FIS. Après avoir réussi à annuler le concert de Linda de Suza, et enivrés par leur succès, les intégristes ont voulu récidiver en interdisant un concert d'Aït Menguellet, mais ils ont échoué. En ce temps-là, les esprits éclairés n'étaient pas encore embrumés par l'opportunisme et les pénuries en tous genres.
A. H.
1) La pièce, inspirée par les émeutes raciales aux Etats-Unis, a été publiée par Jean-Paul Sartre en 1946.
2) Le titre choisi pour la version arabe Al-Mawmisse Al-Fadhéla passait mieux que s'il avait été traduit plus crument par Al-Fadjira Almouhtarima , par exemple.
3) Samiha Ayoub, née en 1932, est la grande dame du théâtre et du cinéma égyptiens, elle a été mariée, en dernier lieu, à l'auteur Saddeddine Wahba qui lui a fait jouer le rôle principal dans plusieurs de ses pièces. Elle a aussi joué Brecht, Pirandello, Molière, en plus de la pièce de Sartre dont elle a défendu le retour sur les planches et qu'elle s'est proposé de mettre en scène.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.