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Le déni de l'échec
Un paravent nommé sorcellerie
Publié dans Le Soir d'Algérie le 30 - 01 - 2022


Par Sarah Raymouche
La défaite de l'équipe nationale a remis en avant un fait de société qui prend de plus en plus d'ampleur : la croyance en la sorcellerie et le mauvais œil. Echappatoire, croyances religieuses, ignorance, pratique culturelle, tout se mélange pour que charlatans et autres sorciers prennent le dessus sur la raison.
Il a fallu le démenti de la Fédération algérienne de football sur la non-présence d'un raqi pour que les réseaux sociaux se calment, un tant soit peu, sur l'existence d'un mauvais sort s'abattant sur l'équipe nationale. Rien de tangible, mais que de la superstition pour les millions de fans qui ne peuvent accepter une défaite après tant de victoires. Et le mal est tout désigné : la sorcellerie et le mauvais œil. Accepter l'échec et l'analyser ne fait pas partie de la sociologie algérienne, mais la fatalité et la responsabilité d'un tiers, même occulte, sont plus tangibles. D'autant plus que ces dernières années, des voix s'élèvent pour qu'un arsenal juridique soit mis en place pour lutter contre le phénomène de propagation de la sorcellerie.
Les cimetières ou le déversoir des sorts
Des vidéos, des photos, des témoignages sont régulièrement véhiculés par les réseaux sociaux pour «alerter» les personnes censées être atteintes de sorcellerie. Et pour cause, des campagnes de nettoyage de cimetières sont périodiquement organisées pour déterrer cheveux, poupées, photos et autres objets utilisés dans le rituel.
«Dans mon enfance, mes grands-mères partaient chez le taleb pour se procurer des amulettes censées protéger du mauvais œil, attirer la bienfaisance mais en aucun cas pour faire du mal. Et celles qui partaient aux zaouias, surtout par ignorance, pour avoir des enfants ou se marier, le faisaient pour le bien-être. Maintenant, cela est devenu presque banal de vouloir faire du mal aux autres. Et, pire que cela, offenser les morts en leur dernière demeure», s'écrie une habitante de Garidi qui assiste régulièrement de son balcon au nettoyage du cimetière mitoyen. «Avant, celles qui osaient partir chez une sorcière, elles le faisaient de façon discrète pour garder son mari ou pour marier son fils.
Maintenant, tout en sachant qu'elles seront maudites, elles le font en plein jour et tentent même d'expliquer que c'est pour le bien. En quoi cela est bien de faire perdre la raison à des personnes, de provoquer la maladie ou la folie ? Nous vivons un temps où la miséricorde et le pardon ont disparu.
Pourtant, maintenant nous avons accès à plein de choses qui n'existaient pas avant. Internet permet de se documenter, de comprendre, de purifier son esprit et son âme. Mais notre ignorance, l'envie de faire du mal et de se sentir supérieur conduit des personnes malveillantes à ces extrêmes», renchérit une dame disant avoir dû subir la sorcellerie.
Et la technologie a pris le relais aussi dans ce domaine obscur.
Chouafa en ligne, un business florissant
Après la roqia en ligne et le concentré de versets coraniques censés sortir les djins et autres démons des maisons facilement téléchargeables, la technologie s'empare aussi des chouafate. Après la lecture des tarros en Occident, voici les chouafate qui mettent en avant leur pratique online. Et les abonnés sont nombreux avec un faux profil, mais donnent les réelles informations liées à leur patronyme à ces voyantes ! Un véritable contraste.
«Ils sont des milliers, hommes ou femmes, à commenter, à envoyer leurs prénoms et ceux de leurs mères pour connaître leur avenir.
Elles suivent avec assiduité la cérémonie en allumant en simultané des bougies. Il y a aussi des groupes fermés qui sont créés et, bien sûr, des voyants hommes et femmes réputés qui demandent un budget colossal pour prédire l'avenir ou enlever un sortilège», explique une connaisseuse en la matière et qui y travaille par réseautage. Et d'ajouter : «Il faut dire que sur le Net, il y a ceux de certaines régions de l'Algérie qui sont les plus demandées, mais en France ce sont celles du Maroc qui sont les plus réputées et elles sont considérées comme puissantes.»
Mais derrière cela, le maître-mot reste l'argent. Le désir de vengeance, la volonté de réussir ou tout simplement de conjurer un sort, tout cela se paye.
Lynda Seddaoui, dans son étude Approche anthropologique sur les motivations de recours à la sorcellerie. (Cas des patients et praticiens de la wilaya de Béjaïa)», explique que le recours à la sorcellerie est d'emblée motivé «par la volonté de changer le cours de l'existence et de le destinée pour avoir des avantages personnels, soigner, nuire... mais que la sorcellerie reste et restera un moyen de gagne-pain pour les uns et de destruction pour les autres. En premier lieu, l'analyse des représentations, relations et pratiques au sein du cercle des ''praticiens'' et des ''patients'' nous a permis de découvrir que les sorciers font des recettes incomparables et s'enrichissent sur le dos de ceux qui croient en eux.
Les jaloux voient ceux qu'ils considèrent comme ennemis traîner dans une misère incontournable. Le reste du trio ne sont que les victimes qui n'arrivent pas à se sortir du gouffre de ce qui les détruit nuit et jour. Le malheur qui les rabaisse n'en finit jamais.»
De par les témoignages cités dans son étude, il est d'emblée constaté que le métier de sorcier est considéré comme un héritage pour les uns et un commerce florissant pour les autres. Et ce, en dépit de la religion, mais aussi de la justice. Des châtiments et des amendes sont prescrits dans les cas de dépôt de plainte.
«Ce point devrait être renforcé par l'auto-saisine et même par les dénonciations anonymes. Beaucoup de personnes connaissent les lieux où sont pratiqués les rituels, mais ont peur de porter plainte. Elles craignent des représailles», déplore une avocate, ayant déjà suivi une affaire dans ce sens. Et de souligner : «Il est rare que ce genre d'affaires aboutissent faute de preuves formelles, surtout que les vidéos ne sont pas considérées forcément comme des preuves matérielles.»
Il reste à dire que, face à l'avancée de l'ignorance, la sorcellerie existe sous forme de rétribution. Elle reste omniprésente dans les fêtes de mariage, les enterrements et même dans le quotidien de certaines familles, faisant tomber dans ses filets de nombreuses victimes.
Il reste à dire que le sorcier n'est pas un faiseur de miracles, un charlatan n'est pas un médecin. Une personne en dépression ne peut guérir en allumant une bougie.
S. R.


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