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A FONDS PERDUS
Le choc des pr�jug�s
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 05 - 2011


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Le m�rite, jamais d�menti, qui revient aux Arabes dans la transmission des penseurs de l'Antiquit� subit de plein fouet la vague d�islamophobie qui traverse l�Occident depuis les attentats du 11 septembre contre le World Trade Center. Ainsi, pouvait-on lire dans la Nouvelle revue d�histoire, principal vecteur de la remise en cause historique actuelle, au demeurant franche et sans d�tour, que �les Arabes ont certainement moins recherch� et �tudi� les auteurs grecs et romains que les chr�tiens. [...] Rendre les Occidentaux tributaires des le�ons servies par les Arabes est trop de parti pris et d�ignorance : rien d�autre qu�une fable, reflet d�un curieux penchant � se d�nigrer soi-m�me�.
Les nouvelles th�ses, r�visionnistes d�une certaine mani�re, se veulent au service de la d�fense d'un Occident chr�tien, pr�tendument menac� de �deshellinisation � et, au-del�, d�islamisation, une crainte que partagent express�ment le Vatican et le pape Beno�t XVI. On se rappelle les d�clarations de ce dernier lors de la conf�rence tenue � l'Universit� de Ratisbonne, le 12 septembre 2006, et o�, se proposant de traiter des rapports entre la foi et la raison, n�ont pas manqu� de d�raper pour affirmer d�hypoth�tiques liens structuraux entre Islam et violence. Les facteurs culturels et l'opposition, voire le choc frontal, entre civilisations sont �rig�s comme moteur des conflits, au prix de simplifications, de distorsions et d'omissions, pratiques dont se d�lecte l�extr�me droite fran�aise dans son combat anti-Islam. En r�alit�, si choc il y a, c�est bien celui des pr�jug�s ! De part et d�autre, d�ailleurs, tant il est vrai que la restauration du khalifat reste au programme de nombreuses formations politiques agr��es du monde arabo-islamique. La Nouvelle revue historique semble �tre le fer de lance de la croisade id�ologique. On comprend mieux sa ligne �ditoriale en apprenant que cette revue a �t� fond�e par Dominique Vernner, ancien de l'OAS, fondateur avec Alain de Benoist du GRECE (Groupe de recherche et d'�tudes pour la civilisation europ�enne), laboratoire de la pens�e de la Nouvelle Droite. A la faveur de l�ijtihad des nouveaux historiens, il se construit une v�ritable contre-histoire de l'Occident, ancr�e dans les traditions de la droite radicale : celle du catholicisme �n�o-conservateur � et celle des mouvances politiques et id�ologiques anti-Islam, anti-arabes et anti-noirs. Le livre de Sylvain Gouguenheim, Aristote au Mont Saint-Michel, Les racines grecques de l�Europe chr�tienne, paru aux �ditions du Seuil (Paris, 2008), a suscit� tant de r�actions (articles, p�titions et comptes-rendus) qu�il a port� le d�bat au-del� du microcosme des �tudes m�di�vales sp�cialis�es et du microcosme universitaire. L�auteur du livre, qui est enseignant � l��cole normale sup�rieure de Lyon et professeur des universit�s, s�attaque � ce qu�il consid�re comme un mythe de l�histoire m�di�vale : la transmission d�une partie de la science antique et des savoirs aristot�liciens par les Arabes au Moyen- Age. A ses yeux, les Arabes n�auraient pas pu transmettre la pens�e et la culture grecques pour cette premi�re raison : �Jamais les Arabes musulmans n�apprirent le grec, m�me Al-Farabi, Avicenne ou Averro�s l�ignoraient.� L�Islam et la Gr�ce antique seraient des civilisations profond�ment �trang�res l�une � l�autre pour des raisons d�ordre culturel : les cloisons des imp�ratifs religieux musulmans auraient emp�ch� la p�n�tration r�elle de la culture antique. Ce processus d�opposition structurant l�histoire aboutirait � des identit�s fond�es sur �l�alt�rit� conflictuelle entre chr�tiens et musulmans�. La th�se renvoie par ailleurs � un argumentaire ethno-linguistique �nonciateur d�un racisme culturel : �Dans une langue s�mitique, le sens jaillit de l�int�rieur des mots, de leurs assonances et de leurs r�sonances, alors que dans une langue indo-europ�enne, il viendra d�abord de l�agencement de la phrase, de sa structure grammaticale. [�] Par sa structure, la langue arabe se pr�te en effet magnifiquement � la po�sie [�] Les diff�rences entre les deux syst�mes linguistiques sont telles qu�elles d�fient presque toute traduction. � Ainsi, les caract�ristiques linguistiques de la langue arabe rendraient la civilisation musulmane inapte � recevoir la culture antique et la culture europ�enne est quitte de toute dette envers l�Islam. La nouvelle menace qui p�serait sur l�Occident chr�tien viendrait donc de son mode erron� d�appropriation de sa propre Histoire. Sylvain Gouguenheim s�inscrit dans cette tradition sectaire. La stigmatisation de l�Islam et des musulmans n�est donc pas la r�sultante de simples pr�jug�s, voire m�me de x�nophobie, au sens parfois compr�hensif de peur de l��tranger, de l�inconnu, etc. Elle est une op�ration m�rement r�fl�chie qui rel�ve d�une action id�ologique de longue haleine. Le r�sultat est indigne d�une d�mocratie qui entend donner des le�ons de �d�mocratie� et de �libert�s� au monde arabo-musulman. Les incidences pratiques de ce nouveau cadrage id�ologique sont d�sastreuses. Dans un r�cent sondage Sofres sur �le racisme, la discrimination et l�int�gration dans la France de 2010�(*), il est soulign� que �le discours sur le racisme s�inscrit dans une perception globalement n�gative et pessimiste de la soci�t� fran�aise�. Il ne faut surtout pas s��tonner que les plus pauvres soient les plus racistes. Normal, le terreau nourricier de la stigmatisation est d�essence socio-�conomique et se trouve particuli�rement bien illustr� par deux ph�nom�nes que l��tude met en avant :
- �Une exacerbation de l�individualisme et de l��go�sme dans les comportements de leurs concitoyens, d�un manque de respect g�n�ralis�.
- �Une ins�curit� grandissante, � la fois �conomique (pr�carit�, baisse du pouvoir d�achat) et mat�rielle.
Cette derni�re s��tend des incivilit�s dans la rue et des agressions verbales � l�attentat terroriste, paroxysme de l�ins�curit� et menace r�elle, voire imminente chez beaucoup d�interview�s. � �Cette peur du terrorisme se nourrit et vient entretenir une m�fiance contre l�Islam et les musulmans, d�autant qu�aux yeux de certains, l�islamisme se diffuse dans la soci�t� fran�aise�, est-il encore relev�. D�une mani�re g�n�rale, on observe toujours un assez large consensus parmi les personnes rencontr�es sur les principales cibles du racisme : il s�agit des populations originaires du Maghreb (les �Arabes�) et dans une moindre mesure celles originaires d�Afrique subsaharienne (les �Noirs�. De fa�on peut-�tre plus marqu�e qu�en 2007, date de l�arriv�e de Nicolas Sarkozy au pouvoir, on note une insistance sur ces populations en raison de la focalisation actuelle sur la question de l�Islam. Comme en 2007, les �jeunes des cit�s� sont particuli�rement identifi�s comme l�objet du racisme puisqu�ils cristallisent � la fois les craintes li�es � l�immigration et � l�Islam. La polarisation de la question de l�Autre sur celle de l�Islam appara�t encore plus fortement qu�en 2007. Les d�bats r�cents autour de la burqa ou du hallal et les interrogations plus larges sur la place de l�Islam dans la soci�t� fran�aise, ou encore sur l�identit� nationale fran�aise, semblent avoir profond�ment marqu� les personnes interrog�es : l�Islam para�t ainsi �tre, aux yeux de beaucoup, la principale difficult� li�e � l�immigration et � la gestion de la diff�rence dans la soci�t� fran�aise. �On observe m�me chez certains un discours tr�s virulent contre des musulmans qui leur paraissent vouloir revendiquer � tout prix leur religion, voire l�imposer � la soci�t� fran�aise. Ils per�oivent derri�re cette menace une volont� affirm�e de dissoudre l�identit� fran�aise et chez les plus extr�mistes un projet de destruction de la civilisation occidentale�, rel�ve encore le sondage. �Imaginez que vous vous d�tendez sur une plage paradisiaque : vous visualisez un ciel d�un bleu intense, vous sentez le soleil caresser votre peau, vous entendez le doux bruit du ressac et le bruissement des palmiers qui ondulent sous une brise l�g�re. Pour recr�er la situation, vous avez puis� dans votre stock d�images mentales. Et c�est comme si vous y �tiez. Demandez maintenant � un amn�sique de s�imaginer dans la m�me situation : il ne pourra vous d�crire que du bleu ou du blanc, peut-�tre la sensation de quelques grains de sables sur ses doigts. Et c�est tout�, r�v�le cette semaine le magazine Sciences humaines(**).
A. B.
(*) Racisme, discrimination et int�gration dans la France de 2010 D�finitions, �volutions et perceptions depuis 2007 TNS Sofres. Auteurs Emmanuel Rivi�re Laure Salvaing, Guillaume Caline Etude TNS Sofres / SIG pour la CNCDH, avril 2011.
(**) Pour Demis Hassabis et Eleanor Maguire de l�University College London dont la Revue fait �tat des travaux, les amn�siques ne parviennent pas � imaginer les situations autrement qu�� partir de quelques �l�ments : leurs images sont parcellaires et manquent de coh�rence.


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