Par Hassane Zerrouky Les images montrant Seif Al-Islam dans la nuit de lundi � mardi en train de d�mentir son arrestation et qui ont fait le tour du monde rappellent curieusement celles de Saddam Hussein saluant ses partisans le jour m�me o� les forces am�ricaines prenaient Bagdad. On sait ce qu�il en est advenu : Saddam n�a pu emp�cher la chute de son r�gime. Il va de m�me pour Kadhafi et les siens retranch�s dans le complexe fortifi� de Bab Al Azizia, tomb� mardi en fin d�apr�s-midi aux mains des insurg�s. Le r�gime de Kadhafi a donc v�cu. Celui de Abdellah Saleh au Y�men est aux abois ; quant � Bachar Al Assad, s�il continue dans la m�me direction, il subira t�t ou tard le m�me sort. Une chose est s�re : la fin politique de Kadhafi � en d�pit de son appel � se battre jusqu�� la mort � marque une nouvelle �tape dans les r�voltes arabes et maghr�bines. Mouammar Kadhafi, le plus ancien autocrate arabe, 42 ans au pouvoir, a perdu le sens des r�alit�s � partir du moment o� les capitales occidentales ont commenc� � lui d�rouler le tapis rouge � chacune de ses visites, tout en fermant les yeux sur son c�t� fantasque et les frasques de ses enfants, lui donnant ainsi l�illusion d��tre un homme puissant, ind�boulonnable et au-dessus des lois. Une illusion confort�e de surcro�t par ces f�licitations et remerciements que Washington et ses alli�s ne manquaient pas de lui adresser pour sa coop�ration contre le terrorisme islamiste et l�ouverture du march� libyen aux compagnies p�troli�res occidentales. Seif Al Islam, par exemple, �tait re�u avec tous les �gards, sa Fondation remerci�e pour son r�le d�interm�diaire dans les d�licates op�rations de lib�ration d�otages occidentaux. Mais Kadhafi et les siens ne savaient-ils pas qu�� la moindre occasion ces m�mes capitales l�abattraient sans coup f�rir ? Et c�est bien ce qu�elles ont fait au nom de la �protection � du peuple libyen ! Et c�est ce qu�elles feront demain avec ceux qui, parmi les chefs d�Etat arabes, s�accrochent � leur �koursi�, man�uvrant et r�primant comme jamais pour �touffer les aspirations d�mocratiques de leurs peuples. Alors comment comprendre qu�en Alg�rie, apr�s la vague qui a emport� Ben Ali, Moubarak, Kadhafi, et prochainement Abdellah Saleh, Bachar Al Assad, on �labore un code de l�information o� sur les 15 articles le composant, dix pr�voient des peines de prison pour les journalistes ! Selon El Khabar, Ahmed Ouyahia s�y serait oppos� et aurait demand� la suppression de tels articles. Tant mieux si c�est vrai. La fin de Kadhafi va changer la donne politique au Maghreb et dans le monde arabe. L�Alg�rie est objectivement isol�e. Le chaos tant souhait� en Tunisie, par certains chez nous, avec � l�arri�re plan cet espoir d�un retour inesp�r� de Ben Ali, n�a pas eu lieu. Un retournement de situation militaire en Libye en faveur de Kadhafi, voire une solution politique qui aurait permis au guide libyen de se maintenir au pouvoir et � laquelle a �uvr� l�Alg�rie dans le cadre de l�Union africaine, n�ont pas eu lieu. Les inqui�tudes exprim�es � grand renfort de publicit� en Alg�rie sur le vol d�armes libyennes au profit de l�AQMI dans le but de discr�diter les opposants � Kadhafi, n�ont eu aucun �cho. Qui, en Occident, pourrait y donner du cr�dit alors que sur le plan interne, les autorit�s alg�riennes laissent le salafisme se propager et occuper les espaces y compris institutionnels (la TV par exemple), et ne font absolument rien pour mobiliser la population contre le terrorisme islamiste de crainte que les Alg�riens ne fassent le lien entre islamisme salafiste et terrorisme ! Et quand, par ailleurs, elles interdisent aux forces de progr�s (quand elles ne les r�priment pas) d�occuper les espaces publics et de s�exprimer sur les sujets qui pr�occupent les Alg�riens ! Moubarak, Ben Ali, Kadhafi, Abdellah Saleh, Assad� Des despotes. Dira-t-on un jour chez nous �C��tait il y a longtemps et �a n�est jamais arriv� (Evguenia Guinzbourg, �crivaine sovi�tique ayant pass� 21 ans dans le goulag). A�d moubarak � tous.