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C'EST LA VIE
A 55 ans, elle vit toujours avec une balle dans la t�te
Publié dans Le Soir d'Algérie le 03 - 03 - 2012

Fatima est �g�e aujourd�hui de 55 ans. Elle vit � Cherchell avec une balle log�e dans la t�te que lui avaient destin�e les soldats de l�arm�e coloniale. Elle nous raconte les d�tails et les conditions de ce drame.
�Je n�avais pas encore deux ans, et selon le t�moignage de ma d�funte m�re Khe�ra, lors de ses travaux domestiques et de ses d�placements, elle me portait � califourchon sur son dos. Nous habitions alors dans notre douar � Taougrite, dans la wilaya de Chlef qui subissait en ce temps-l� un intense ratissage terrestre et a�rien de l�arm�e coloniale fran�aise. Notre village, compos� de gourbis en toub, fut incendi� et presque compl�tement d�truit. Les villageois fuyaient les lieux. Ma m�re me racontait qu�elle �tait dans le groupe des fuyards, et que parmi ceux qui n�ont pas �t� abattus, les villageois couraient dans tous les sens pour sauver leur peau. Un groupe de soldats nous rejoignit et visa ma m�re. Elle me racontait qu�une salve de balles s�abattit sur nous. Ma m�re fut bless�e � l��paule et � la cuisse. Elle r�ussit � se faufiler et � se cacher dans un buisson, hors de la vue des soldats fran�ais. Subitement, elle �touffa un cri quand elle me mit � terre et se rendit compte que j��tais inanim�e. Elle voyait que ma djellaba blanche �tait macul�e de sang, ma t�te et mon visage sanguinolents...� Mais comment sa m�re s�en est sortie avec toute cette armada de soldats � ses trousses ? Fatima, remu�e en narrant les faits que lui a racont�s sa m�re, nous en donne les d�tails. �Elle a r�ussi � semer ses poursuivants gr�ce � son courage � s�efforcer � marcher en boitant, quoique ensanglant�e, jusqu'� la maison de ma grand-m�re, situ�e dans un autre douar, � deux kilom�tres du n�tre. Arriv�e chez elle, elle pleurait, en lui demandant de me mettre � terre, car pour elle, j��tais morte et que les balles des soldats m�avaient atteintes. Ma grand-m�re, timor�e � la vue de mon visage et de mon corps ensanglant�s et inanim�s, me posa sur le sol, essuya mon visage avec un linge mouill�. Au contact de ce dernier, je commen�ais � ouvrir les yeux, � respirer puis j��clatais en sanglots, me raconte ma m�re. Surprise par ce r�veil et cette r�surrection inattendus, elle poussa d�abord des rires nerveux, ensuite pleura les larmes de son corps en oubliant sa propre douleur au dos et � la cuisse. Ma grand-m�re toute fr�missante et heureuse � la fois �ta ma djellaba couverte de sang et m�enfila une robe de fortune.
�Notre village fut incendi� et presque compl�tement d�truit. Ma m�re, qui me portait sur son dos, r�ussit � se cacher dans un buisson. Quand elle me posa � terre, elle se rendit compte que j��tais inanim�e.�
Elle alla ensuite s�occuper de ma m�re bless�e : les balles lui avaient �corch� l��paule et taillad� la cuisse d�o� giclait encore du sang.� A notre question de savoir si seul leur douar �tait la cible des violences des soldats coloniaux, Fatma �claire notre lanterne. �Il est peut-�tre judicieux de faire un petit rappel historique sur la ville de Taougrite et des villages du Dahra, qui ont cr�� une ceinture autour d�elle. Taougrite, appel�e jadis Paul-Robert, a �t� cr��e en 1911. Elle est devenue commune en 1956. Situ�e dans la riche plaine vitivinicole des territoires de Chlef, sa cr�ation fut l�aboutissement d�une occupation des bonnes terres des tribus arabes. Les colons nous ont repouss�s vers les massifs montagneux du Dahra dans l�ex-d�partement d�Orl�ansville et surtout vers les terres incultes. Ces massifs montagneux furent une zone de guerre tr�s sensible o� l�activit� des moudjahidine avait port� de grands coups et caus� de grandes pertes � l�arm�e coloniale. Mon p�re, le moudjahid Si Youcef, ainsi que plusieurs autres moudjahidine �taient originaires de mon douar natal. C�est ce qui explique que ce douar fut cibl� particuli�rement en subissant en permanence un harc�lement et un ratissage doubl�s d�attaques contre ses habitants. Les autres douars environnants subirent aussi des carnages et des attaques. Ma m�re, fut particuli�rement cibl�e et recherch�e du fait qu�elle �tait la femme d�un fellagha. Elle �tait menac�e de mort. Laiss�e pour morte par ses poursuivants, elle s�enfuit vers les maquis du Dahra. Je fus confi�e � ma grand-m�re qui m�a �lev�e jusqu�� l�ind�pendance.� Mais comment Fatma a pu vivre avec une balle dans la t�te toutes ces ann�es ? �D�s l�ind�pendance de l�Alg�rie, mon p�re, � l�instar de ma m�re, n�avait jamais imagin� que j�avais une balle plant�e dans ma t�te. C�est vrai que suite � mes blessures, j�ai gard� une cicatrice � la tempe, mais je n�ai jamais subi une radiographie. Ainsi, personne ne s�inqui�tait. Je menais une vie normale. J�allais � l��cole. J�assimilais mes cours. Je grandissais sans pr�ter attention � ma blessure puisque je ne souffrais pas de douleurs � l��poque. Mon p�re qui exer�ait � Gouraya, puis � Cherchell avait obtenu un logement dans cette ville. Ce n��tait qu�en 1980 apr�s sa mort, et vivant dans le d�nuement, que ma belle-s�ur me conseilla de constituer un dossier de victime de guerre en vue de pouvoir b�n�ficier d�une pension. J�avais consult� alors un m�decin fran�ais, le docteur Lacave, de l�h�pital de Cherchell, qui me prit en charge.
�Ma m�re �tait menac�e de mort. Laiss�e pour morte par ses poursuivants, elle s�enfuit vers le maquis du Dahra. Je fus confi�e � ma grand-m�re jusqu�� l�ind�pendance.�
Il me fit faire des radiographies et suite � son diagnostic, il attesta qu�une balle �tait log�e profond�ment dans ma t�te et qu�il estimait dangereux de l�extraire en Alg�rie, du fait qu�il n�existait pas d�infrastructures et de moyens adapt�s. Il me proposa une prise en charge � l��tranger. Ma m�re, dans son ignorance, avait refus� sachant qu�on n�avait aucun moyen financier de faire face � ce transfert et qu�aucun membre de ma famille ne pouvait m�assister dans de telles conditions. Comme il fallait gagner de l�argent pour survivre, j�ai travaill� � la biscuiterie de Cherchell, durant 16 ans. En 2005, l�usine ferma et on me mit d�office � la retraite proportionnelle, avec une pension mis�rable. Durant cette p�riode de travail, j�avais ressenti des troubles et des vertiges fr�quents avec des g�nes fr�quentes. Ma vue baissait dramatiquement. Aujourd�hui, ma vue au niveau de l��il gauche est devenue floue. J��tais consciente que la balle provoquera t�t ou tard des l�sions et alt�rera ma vue. Je m�attends au pire, mais je suis incapable de trouver une solution � mon probl�me. En 1982, la structure locale de Cherchell des moudjahidine m�a orient�e vers les moudjahidine de Taougrite, lieu de mon �accident� en 1959. A Taougrite, on m�a orient�e � Chlef, o� j�ai pass� des radiographies. Puis ce fut le statu quo. Je ne connaissais pas mes droits et personne ne m�avait assist�e. Aujourd�hui, je suis d�sesp�r�e : sans travail et sans pension cons�quente, je ne sais plus quoi faire ; de plus, mon �tat de sant� empire, et les douleurs � l��il plus r�currentes. Plus grave, on m�a �t� la pension de fille de moudjahid, que je percevais du fait que je suis toujours c�libataire. A la CNR de Tipasa, on a justifi� le retrait de cette pension par le fait que j�avais d�j� une pension de retraite proportionnelle qu�on m�avait impos�e � la suite de la liquidation de la biscuiterie de Cherchell. Je le r�p�te, je ne connaissais pas mes droits, car tous les travailleurs ont �t� mis dehors. Cette usine de l�ex-Simpac avait ferm� ses portes. Je ne demande pas l�aum�ne, je revendique mes droits en ma qualit� de victime de guerre.�


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