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PATRIOTES 90
LE MIRACUL� DE L�OUED ATELLI V. Ne plus sentir ces odeurs de sang chaud et de chair br�l�e�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 19 - 04 - 2012

Le comprim� fit son effet, le sommeil est lourd et le r�veil est difficile. La journ�e est s�rieusement entam�e. Je d�cide d�accompagner mon fr�re � l�h�pital. Pour raison de visite minist�rielle de circonstance, l�entr�e y est interdite � un grand nombre de gens.
Elle n�est lib�r�e qu�en d�but d�apr�s-midi, apr�s la visite annonc�e du ministre. A l�int�rieur, dans le service des urgences, nous rencontrons un �lu RND. Cet ex-sympathisant FIS, avec une indiff�rence sublime, nous dit comprendre ce qui s�est pass�. Il explique que le chauffeur du bus avait �t� menac� de mort plus d�une fois et qu�il n�en avait, semble-t-il, pas tenu compte. Il ne dit pas que c��tait bien fait pour lui, mais c�est tout comme ! Pas un seul mot de compassion pour les victimes. Sid�rant ! Effarant ! Terrible et gratuit ! Je demande � quitter M�d�a. Mon fr�re se lib�re et nous voil�, lui, son �pouse et moi, sur la route d�Alger. Au niveau du chantier yougoslave, un barrage de gendarmes est dress�. Le bus cram� est sur le c�t� gauche. La Golf a disparu, seul le bitume en garde les traces.
Vingt passagers d�un microbus br�l�s vifs�
Les gorges de la Chiffa sont p�nibles � traverser tellement elles sont �riches� en �v�nements terribles. L� c��tait une dizaine de v�hicules et de camions calcin�s � l�entr�e du village fant�me. L�, c�est la for�t qu�on br�lait volontairement pour d�loger les ��gar�s�. Ici, en contrebas, plusieurs familles dans leur totalit� ont �t� �gorg�es. L�, par contre, ce fut un car de voyageurs enti�rement d�cim� par une horde sauvage. Ici, ce fut un convoi officiel mitraill�. L�, encore, des paysans tu�s puis �t�t�s dans leur sommeil. L�, l�auberge a �t� saccag�e puis br�l�e. En face, de l�autre c�t� de la route, deux cadavres gisaient pr�s d�une flaque de sang frais. L�, encore, c��tait vingt passagers d�un microbus br�l�s vifs, alors qu�ils partaient faire la pri�re du �Taraouih� dans le village voisin. Et ici ! Et l�bas ! Paroxysme de l�horreur ! Quand elle nous ouvre la porte, mon �pouse ne se doute de rien. Elle n�avait pas, fort heureusement, �cout� les informations de la veille ni ceux du matin. Elle est prise en charge, tr�s vite, par ma belle-s�ur et mon fr�re d�s qu�elle remarque que mon �tat n�avait rien de normal. Moi, je me dirige vers le salon, m�allonge sur un canap� et laisse couler le temps. Les journaux qu�on me ram�ne dans l�heure qui suit mon arriv�e r�servent leur Une au faux-barrage. Les informations ont �t� certainement ramass�es � la h�te. Je lis qu�une 505 taxi, en plus de l�autocar et de la Golf, a �t� aussi br�l�e. Le nombre des assaillants, celui des victimes, le lieu et les circonstances diff�rent d�un journal � un autre. Dans certains, je suis mitraill� dans mon v�hicule et y meurs calcin�. C�est tout � fait conforme � ce qui se transmet, � une vitesse folle, de bouche � oreille. A Alger, chez moi, tout est fait pour m�aider. En plus des paroles r�confortantes des parents et amis, mon �pouse et mes enfants me couvent v�ritablement. Tout ce que je veux est r�alis� dans les secondes qui suivent. La chaleur humaine m�inonde et me r�conforte. Un cocon de soie ! Un week-end bien tranquille et heureux. Le samedi 6, je me d�place au si�ge d� El Watan et raconte ma version. Elle est publi�e le lendemain sous le titre �Faux-barrage de M�d�a, tout s�est pass� tr�s vite�. Bien que le journaliste ait un peu arrang� les choses, l��crit est conforme � ce que j�ai v�cu. Deux jours apr�s, dans un article de synth�se du m�me journal, je prends connaissance du bilan macabre. 18 sur les 20 corps calcin�s ont �t� identifi�s dont un b�b�, deux fillettes et douze femmes. Sur les vingt terroristes estim�s, quatre sont rattrap�s et tu�s. Le chiffre de vingt me para�t exag�r�. Ils n��taient pas si nombreux. Six ou sept, pas plus ! Les mois qui suivirent, je remonte � M�d�a souvent. Pratiquement une fois (au moins) par semaine. Beaucoup � faire, la d�claration � la gendarmerie, le d�p�t du dossier � la Wilaya pour le remboursement du v�hicule br�l�, le suivi de la liquidation de l�entreprise familiale et plein d�autres choses. A la gendarmerie, une semaine apr�s le faux-barrage, je croise dans le couloir qui sert de salle d�attente, deux autres rescap�s, aussi hagards que moi. Nous n��changeons pas un seul mot. Que des regards furtifs comme si nous avions honte d��tre encore vivants.
La Golf du Vieux est rembours�e � 100% de son prix au march�
Le gendarme pr�pos� au rapport tire deux papiers carbone gris, les place entre trois feuilles de papier 21-27, les ajuste dans sa machine � �crire d�un autre �ge puis nous �coute en apart� l�un apr�s l�autre. Je reraconte mon histoire dans les moindres d�tails. Ma m�moire est sollicit�e de mani�re plus prononc�e pour tout ce qui se rapporte � la riposte des services de s�curit�. Je reviens plusieurs fois apr�s, pour retirer une copie de la d�claration qui, j�esp�re, va me permettre de refaire les papiers que j�ai laiss�s dans la Golf. Se noue alors une amiti� particuli�rement appr�ciable avec certains gendarmes. Comme ce caporal qui, dans le fond du trou qui fait office de caf�, en face de la gendarmerie, s�est laiss� aller � certaines confidences. Le magnifique et noble m�tier qu�il exer�ait, l�horreur qu�il croisait quotidiennement, ces ��gar�s� qu�il prot�ge aujourd�hui alors qu�il les combattait il n�y a pas si longtemps et qui seront, peut-�tre, ses coll�gues demain, les amis qu�il a perdus, comme �a ! La satisfaction am�re d�avoir fait son devoir mais aussi l�envie, de plus en plus forte, de s�en aller comme ses amis, comme �a ! Et ne plus voir l�horreur. Ne plus entendre le �qui-tue-qui ?� des biens-pensants. Ne plus sentir ces odeurs particuli�rement prenantes, de sang chaud et de chair br�l�e, qui suivent les carnages. Dans la Wilaya, le service qui s�occupe des victimes des actes de terrorisme est vite trouv�. A droite en entrant, au fond du couloir. Le chef de service est un ami de longue date. Journaliste talentueux � la RTA dans les ann�es 70, il revient au bercail dans les ann�es 80 comme charg� de la mission �arabisation�. Je le retrouve, donc, en fin de carri�re dans un semblant de bureau exigu, envahi de dossiers et de poussi�re. Il m�explique comment obtenir le remboursement du v�hicule d�truit. Je d�pose le dossier demand�. Peu de temps apr�s, la Golf du Vieux est rembours�e � 100% de son prix au march�. La liquidation de la soci�t� familiale, par contre, c�est une autre histoire. Un livre que j��crirai peut-�tre un jour !
A suivre
Pour t�moigner : [email protected]


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