Cette semaine, nous relaterons la vie hors du commun de Saci Takchira, un personnage tr�s simple devenu c�l�gre gr�ce � son esprit dou� de finesse et d�une intelligence qui lui permettent de d�velopper son sens de l�humour. L�histoire de cette ville d�borde de personnages dont la renomm�e a souvent d�pass� ses fronti�res. De nombreuses personnalit�s illustres sont, en effet, natives de cette cit�, r�put�e pour ses fascinants panoramas, ses terres arables et ses vestiges romains, mais surtout pour son pass� r�volutionnaire. Elles ont tout le temps entretenu des liens �troits et passionn�s avec leur ville. Qu�ils soient intellectuels, artistes, hommes de lettres, figures historiques ou m�me modestes citoyens, ils ont tous crois� le chemin de Guelma. Ammi Abdelmalek Belmihoub, connu par tous sous le nom de Saci Takchira, un sobriquet sous lequel il a acquis sa c�l�brit�. Selon certains de ses anciens compagnons, c�est une histoire qui remonte � des dizaines d�ann�es. �Il a propos� � ses amis des chaussettes de tr�s mauvaise qualit� achet�es � tr�s bas prix de Marseille.� Saci est n� en 1939 � Guelma, il est rest� c�libataire jusqu�� la fin de ses jours ; il disait souvent � ses intimes : �C�est un choix qui n'�tait pas celui que j'aurais fait, mais il est le mien aujourd'hui.� Cela ne l�a pas emp�ch� d��tre une personne heureuse et prosp�re. Le d�funt �tait �galement r�put� pour sa grande g�n�rosit�, malgr� son maigre revenu ; il a travaill� quelque temps en France ; pour cela, il recevait r�guli�rement une pension. Bien que son apprentissage scolaire soit tr�s limit�, l�homme fait partie des figures embl�matiques de Guelma, il a fait conna�tre cette ville partout o� il a mis les pieds, Marseille, Alger, Annaba, Souk-Ahras� Il est connu pour sa forte capacit� � faire rire, comme en t�moignent toutes ses petites histoires qui restent grav�es dans la m�moire des Guelmis. Ses faits insolites, ses commentaires et ses remarques suivis d�anecdotes d�crivent de nombreuses facettes de Calama, cette ville antique, et particuli�rement dans les quartiers qu�il fr�quentait tr�s souvent, boulevard Souidani-Boudjema�, le caf� maure de Seddiki et B�b Es-Souk. �La France est rest�e plus de 130 ans en Alg�rie, on n�a rien dit, et le pauvre Saci pour un retard de 48 heures, vous en avez fait une affaire d�Etat.� Il avait �t� tr�s bien accueilli partout o� il allait, dans les f�tes familiales, les caf�s, les bars et au stade ; il a toujours apport� autour de lui bonheur et gaiet�. Ammi Saci, selon les Guelmis qui l�ont c�toy� de pr�s ou de loin, �tait un personnage hors du commun, fin gourmet et fameux connaisseur de vinasse gouleyante. Une parfaite harmonie et une belle complicit� se sont �tablies entre lui et ses amis intimes, les regrett�s Kaci Raci, ma�tre Aibi, dit El-Oulem, le grand violoniste de la troupe Chabab El Fen, Amar Ba�li, dit Ouakha. Il fr�quentait �galement le c�l�bre �crivain Kateb Yacine, qui, �� chaque fois qu�il passait � Guelma, il tenait � rencontrer Saci Takchira. Kateb Yacine s�inspirait parfois de ses commentaires qu�il trouvait tr�s originaux et refl�tant le v�cu quotidien du citoyen. C��tait pour lui une source intarissable d�inspiration, de vision, et de v�rit�, tr�s b�n�fiques, notamment pour les hommes de lettres�, nous dira un de ses cousins. Ce dernier nous rappelle l�histoire de Saci avec la Police fran�aise des fronti�res � son retour de Marseille, au d�but des ann�es 1960. �Sans se rendre compte, il a pr�sent� � la police son passeport dont la validit� a expir� depuis plus de 48 heures, ce qui lui a valu d��tre soumis � une v�rification minutieuse � l�issue de laquelle il r�cup�rera son passeport pour finalement rentrer au pays. Mais avant cela, Saci fixe des yeux le commissaire en �bauchant un l�ger sourire et lui dit : �La France est rest�e plus de 130 ans en Alg�rie, on n�a rien dit, et le pauvre Saci pour un retard de 48 heures, vous en avez fait une affaire d�Etat.� Sa r�action a provoqu� un fou-rire g�n�ral dans les locaux de la police des fronti�res�. Une s�rie d'anecdotes et de prises de paroles inopin�es de Takchira, qui ont fait un tabac � Guelma. Saci, pris d�un besoin pressant en ville, frappe � la porte des toilettes du caf� du coin, de l�int�rieur une voix rauque s��l�ve : qui c�est ? Saci r�pond : un pisseur comme toi. Saci porte un kilo de sardines envelopp�es dans un papier journal ; dans la rue, il s�aper�oit que quelques sardines sont tomb�es par terre. Il s�adresse au journal : �C�est bizarre, tu n�as pas support� un kilo de sardine, mais tu portes des tonnes de fourberies.� Saci Takchira, un sobriquet sous lequel il a acquis sa c�l�brit�. Selon certains de ses anciens compagnons, c�est une histoire qui remonte � des dizaines d�ann�es. �Il a propos� � ses amis des chaussettes de tr�s mauvaise qualit� achet�es � tr�s bas prix de Marseille.� Takchira effectuait souvent des s�jours � Marseille, o� il compte beaucoup d'amis ; il y organisait beaucoup de rencontres avec la communaut� alg�rienne. Un jour, il est abord� par un homme qui pr�tendait �tre de Guelma. Pour v�rifier �a, il commence � lui prononcer l�expression �ziti zalamiti�, au bout de la troisi�me fois, Saci lui r�torque : je regrette monsieur, tu n�est pas de Guelma, mais peut-�tre des environs, parce que tu aurais d� me r�pondre �dezze El a�chra bouff�. Cette expression populaire sp�cifique � la ville de Guelma �tait utilis�e jadis par les enfants des quartiers pour d�partager les candidats au jeu de cache-cache. Durant toute sa vie, Saci Takchira a �t� un compagnon id�al ; avec son sens de l�humour, il a pu �gayer le quotidien des Guelmis, il disait � ses amis : �Le jour de mon enterrement, je vous conseille de marcher avant mon cercueil, parce qu�apparemment, c'est moi qui aurais l�air de vous enterrer.� Saci est d�c�d� il y a de cela une douzaine d�ann�es. La nouvelle de sa mort est tomb�e sur toute la ville tel un couperet, en laissant ses amis, ses proches et les gens qui l�aimaient constern�s et confondus de chagrin. Le souvenir de Saci Takchira persistera et restera grav� pour toujours dans la m�moire de tous les Guelmis. A nos lecteurs Cette page est la v�tre. Si vous avez �t� t�moin de faits qui vous ont parus hors du commun, de situations heureuses ou malheureuses, si vous connaissez des personnes qui m�nent une vie peu ordinaire, profitez de cet espace que nous vous offrons pour vous exprimer. Partagez-les avec nos lecteurs. Cette richesse d�exp�riences que vous allez leur conter les rendra, sans nul doute, un peu plus forts pour affronter avec courage la vie. Alors, � vos plumes !