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Citoyen, oui ; Dhimmi(*), jamais !
Publié dans Le Soir d'Algérie le 01 - 08 - 2013

Malgré la distance que marquent les partis politiques et leur mutisme assourdissant à son sujet, l'appel de Tizi-Ouzou pour la liberté de conscience est une initiative politique de premier ordre. Elle place au cœur du débat public une question essentielle, celle de la confessionnalisation honteuse de l'Etat algérien. Une dérive qui découle de la compromission des courants dits de «la famille révolutionnaire» avec ceux de l'islam politique.
L'inquisition rampante
Depuis des années, cette islamisation rampante de l'Etat algérien se trahit épisodiquement par une dérive moralisatrice dans les rangs des services de sécurité. Les appareils de sécurité n'hésitent pas à s'en prendre sur délation à des non-jeûneurs, des Algériens qui pour des raisons qui les regardent ne sont pas concernés par l'observation du Ramadhan. Une inquisition est en train de s'installer au mépris des garanties de la liberté de conscience, de celle d'opinion et de la sacralité de la vie privée inscrites dans les lois en vigueur. Pas même les engagements internationaux du pays, eux aussi transposés dans le cadre légal national, n'empêchent cette confessionnalisation sournoise qui sévit dans l'administration algérienne et qui atteint des citoyens jusque dans l'espace privé.
«Dhimmis politique»
Cinquante et une années après notre accession à l'indépendance, le constat est amer. Les «Algériens non-musulmans» que nous sommes n'ont pas encore voie à la citoyenneté. Nous sommes une sorte de Dhimmis politique», censés jouir de libertés et de droits formels. Ils sont inscrits dans les constitutions successives, mais sont exclus de toute concrétisation et tout exercice. C'est comme si l'article 2 de la Constitution, cet article de «contrebande» qui fait de l'Islam «la religion d'Etat», annulait tout le reste du texte de la loi fondamentale et rendait honteuses toutes les autres convictions, religieuses ou philosophiques. Partant de là, il serait amoral (?) d'être chrétien, juif, bouddhiste ou athée dans l'espace public, voire même dans l'espace privé. Cette forfaiture dans la forfaiture a cassé l'un des acquis majeurs du mouvement fondateur de l'Etat algérien : le refus de la théocratie.
L'algérianité défiguré
Semble-t-il qu'il nous faudrait avoir honte de nos convictions parce qu'elles ne s'accoleraient pas à ce que nous sommes : «des Algériens». Des Algériens réduits à être «arabes et musulmans», même s'il leur reste encore un peu d'amazighité, que de l'Etoile nord-africaine ressurgissent quelques brins de matérialisme historique, que des circoncellions parviennent encore quelques chants chrétiens et que le diwan des chants arabo-andalous emprunte des voies rabbiniques. Nous serions des excroissances qu'il faudrait espérer voir disparaître. Alors les forces de coercitions ont feu vert pour agir, et mettre les «déviationnistes» que nous serions derrière le Hadjeb, comme s'il fallait nous parquer dans un harem. Mais, de nous et des forces de l'inquisition islamiste qui est le cancer qui mine et tue l'algérianité ? L'attachement intéressé des courants dits de la famille révolutionnaire les a éloignés depuis longtemps des principes et des valeurs du mouvement national algérien, au point de s'allier et de plus en plus se soumettre à un courant étranger à notre mouvement national, à l'idée même de nation algérienne. De cette alliance naît un monstre qui ronge l'Algérie de l'intérieur, le courant islamo-nationaliste — tout aussi vide de sens que l'islamo-baasisme d'un Saddam finissant —. Les Frères musulmans que l'on s'apprête à introniser avec la bénédiction de l'hyper-puissance américaine n'ont d'existence dans le champ politique algérien que depuis le milieu des années 1960. Ils sont étrangers à un combat national qui a trouvé en la Kabylie son âme et sa substance.
La Kabylie est l'âme de l'Algérie
L'action programmée pour samedi 3 août l'est en Kabylie. Beaucoup y trouveront matière à moudre. Aujourd'hui, cette région forte d'un dynamisme culturel et politique singulier ne connaît de la part de la bureaucratie gouvernante que des stratégies de nouveau fath (campagne d'islamisation) où se côtoient fonctionnaires des nidharates et pardonnés des lois scélérates dites de «pardon» ou de «réconciliation». L'Histoire de notre pays a fait que cette région soit à l'avant-garde du combat national et certainement que sa contribution à l'intégration nationale remonte à bien avant la colonisation française. Après 1962, cette région a été un bastion de résistance à l'autoritarisme au lendemain de l'accession à l'indépendance. Elle a été un vivier pour les partis d'opposition démocratique. Ses combats pour l'identité amazighe, pour la défense des droits de l'Homme, pour la préservation de l'Etat national devant le projet d'émirat islamique, tous ces combats en avançant ont renforcé et consolidé l'Algérie historique, celle de Hassiba, d'Yveton, de Taleb, de Alleg ou de Chaulet et plus près de nous de Djaout ou de Chergou. Ceux qui divisent sont ceux qui, étrangers à notre histoire, ignorent ses mécanismes intimes et secrets, ou ceux qui, non repus de la rente, vendent leur âme à la confrérie qui aujourd'hui a le vent américain en poupe.
L'aveu doit valoir démission
En marge d'un séminaire, Gholamallah avoue que depuis des années son gouvernement foule aux pieds les droits constitutionnels des Algériens. L'a-t-on entendu condamner les «dépassements» des forces de sécurité ? L'a-t-on entendu défendre ces ouvriers que la police est allée chercher dans un coin discret de leur chantier de travail ? L'a-t-on entendu défendre ce jeune ou cet autre passé à tabac par des policiers qui se sentaient investis d'une mission morale, voire divine ? Non ! Et, là au détour d'une phrase, notre mobilisation aidant, il se rappelle l'existence des garanties constitutionnelles ! Sont-elles nouvelles ? Non. Les connaissait-il auparavant ? Oui. Alors la messe est dite, et il ne devrait lui rester qu'à démissionner. Mais, faut-il attendre un tel geste de noblesse d'un ministre qui se débine et jette en pâture policier, gendarme et autres auxiliaires de l'Etat qui, semble-t-il, devraient répondre de leurs actes devant la justice ! En cela, le ministre ne déroge pas à la tradition gouvernementale de ne jamais assumer et de toujours se couvrir en sacrifiant le djoundi, le chortti ou le darki ! C'était le cas en 2001 avec Benflis et Bouteflika et c'est toujours le cas, à chaque fois que des comptes sont exigés, le commis est sacrifié à la place du responsable. Dans la foulée, le wali de Tizi-Ouzou nous apprend qu'aucun «non-jeûneur» n'a été interpellé. Cette demi-vérité nous la savons, mais nous savons aussi, ce que le wali ne pourra démentir, que des citoyens ont été inquiétés, intimidés, qu'une opération de police a été organisée selon toute vraisemblance sur le renseignement d'un «pardonné» qui, s'il était encore dans le djihad, aurait égorgé les jeunes de Tifra. Mais là, comble de l'ironie, il a le loisir d'actionner le Darak contre eux ! Aucun non-jeûneur n'a été interpellé parce que les actions dont ils sont l'objet sont illégales. Le wali ajoute qu'il n'y a aucune raison d'interdire le rassemblement du 3 août, c'est une bonne nouvelle et il faut en prendre note tout en lui rappelant qu'en tant que premier responsable de la sécurité des citoyens sur le territoire de la wilaya, il lui incombe l'obligation et le devoir d'assurer la sécurité de ce rassemblement. Nous savons tous les dégâts que l'accointance publique des forces de police avec les milieux islamistes lors de la marche du 14 juin 2001 continue de causer dans les consciences.
Citoyen
Chacun est libre dans sa croyance et la loi doit rester la même pour tous. Mon athéisme vaut la foi chrétienne d'un autre ou celle musulmane d'autres. Dans son esprit et dans sa lettre, la Constitution algérienne garantit les libertés et accorde des droits qui auraient dû empêcher les atteintes et tracasseries que subissent des citoyens, que subissent des Algériens, pour cause de leurs convictions religieuses ou philosophiques. Un terme clair doit y être mis. Que les responsables politiques en charge de l'Etat disent clairement leur entendement du régime établi en Algérie : Régime républicain non confessionnel ou théocratie islamiste honteuse qui tarde à se dévoiler ? Pour ma part, et assurément que je ne suis pas le seul, je dis : Qassamen que jamais, dans mon pays, je ne serais un Dhimmi !
M. B.
(*) Dhimmis : non-musulmans qui, en «Etat» islamique, sont soumis à des impôts spécifiques, la Jizya (revenus), et kharadj (foncier), tout en renonçant à certains droits contre le bénéfice de la «protection» des armées musulmanes.


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