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L'entretien de la semaine
Ahmed Tessa, Pédagogue et auteur, au soirmagazine : «Pour une école qui n'étouffe pas la capacité et l'envie de rêver»
Publié dans Le Soir d'Algérie le 31 - 05 - 2014

Dans cette interview, M. Ahmed Tessa, pédagogue et auteur, met en évidence les besoins exprimés d'un élève dans une école. Il revient aussi sur la relation que doit exister entre parent et élève et le processus de développement du statut de parent d'élève.
Soirmagazine : En tant que professionnel de l'éducation, quel est la place de l'enfant à l'école ?
Ahmed Tessa : Il y a lieu de souligner deux choses évidentes :
- d'abord, l'école n'est pas un milieu naturel pour l'enfant comme l'est la famille, voire la vie avec ses pairs. Il peut survivre sans. Il y a de cela quelques siècles, l'école telle que nous la connaissons aujourd'hui n'existait pas. Le percepteur donnait des cours aux enfants des aristocrates. Mais à domicile. Son apparition est récente, vers le XIXe siècle avec l'avènement de l'école universelle ;
- ensuite, l'école est aussi l'endroit où l'enfant d'aujourd'hui passe la plus grande partie de son temps. D'où l'impact que peut avoir le milieu scolaire sur l'enfant.
Dans un cadre de vie scolaire de qualité, l'impact sera positif. Dans ce cas précis, sa prise en charge éducative répond aux exigences de son développement.
En un mot, les dispositifs pédagogiques mis en place, le fonctionnement et l'organisation de l'école sont adaptés aux lois du développement global de sa personnalité. Cela veut dire en clair que cette école répond à des besoins aussi vitaux que le jeu, le mouvement, le repos, l'effort physique, l'activité cognitive sans cœrcition, les activités manuelles, artistiques, la sécurité psychoaffective qui conditionne sa confiance (en) et son estime de soi, etc. Ce type d'école attribue un statut de choix à l'EPS (éducation physique) et à l'éducation artistique – au même titre que l'éducation intellectuelle. C'est l'école où l'enfant se sent à l'aise. Il sait pourquoi il y va parce qu'il trouve du sens à ses études et qu'il s'y sent à l'aise. Dans le cas contraire où l'école ignore ces besoins vitaux et les centres d'intérêt qui en découlent, l'impact sera désastreux et devient nuisible à l'équilibre de l'enfant. Dans un tel contexte, le temps passé — généralement entre les quatre murs de la classe — étouffe les virtualités qui sommeillent en chaque enfant.
Cette école va à contre-courant de ses besoins. Bref, elle est inadaptée à l'enfant. C'est le choc entre une éducation scolaire d'oppression et une nature enfantine qui aspire à la vie, à la croissance, à l'éveil des aptitudes qu'il porte en lui.
Là nous sommes dans l'école/caserne avec comme instruments : l'évaluation/filtre (la note perçue en tant que salaire de l'élève et les examens comme des tribunaux expéditifs), la compétition entre élèves, le parcœurisme, le bachotage, la minorisation de l'EPS et de l'éducation artistique. Ces instruments sont antipédagogiques et n'ont point de vertus éducatives (rices). Malheureusement, ils sont toujours de mise dans certains pays. Plus grave, ils (ces instruments) sont appréciés par beaucoup de parents algériens. Ils en redemandent d'ailleurs. Et c'est dommage.
Aujourd'hui, nous assistons à l'évolution de la place de l'enfant dans la famille (plus chouchouté, plus d'attention). Comment l'établissement scolaire appréhende-t-il cette évolution ? A-t-elle des répercussions sur la vie scolaire ?
Grosso modo, nous avons deux types d'école :
- la positive qui traduit en termes pédagogiques les recommandations de la psychologie moderne et qui tout en développant les compétences intellectuelles, prend en charge les autres besoins vitaux en accordant une grande importance à l'EPS, à l'éducation artistique (pas seulement le dessin et la musique) et à la pratique de la morale — et non l'enseignement de la morale. Cette école est celle qui ouvre l'enfant à la vie, et à celle d'autrui, au monde extérieur. L'enfant s'y sent chez lui. Il a hâte d'y aller chaque matin pour y trouver une part de son bonheur avec des enseignants/éducateurs au grand cœur. Et parfois tout son bonheur.
Ce type d'école existe bel et bien. Pour les sceptiques, elle relèverait de l'utopie. Mais ne dit-on pas qu'à l'origine de toute révolution, il y a justement le rêve. Celui d'améliorer constamment les choses de la vie. En économie comme en éducation.
Nous avons l'école/caserne, en total déphasage avec les exigences de la psychologie moderne. Elle s'arcboute sur des pédagogies périmées, basées sur l'enflure des programmes, la mémorisation à outrance, le «parcœurisme» et le bachotage avec une évaluation figée sur la restitution via les examens/sanction, source de pression, d'angoisse et de déprime, voire de suicide parfois.
Cette école ne milite pas pour des dispositifs qui poussent l'enfant à raisonner, réfléchir, voire créer, la créativité. Cette pédagogie est devenue, de nos jours, archaïque. Par le passé, elle se justifiait aux yeux de la politique officielle des pays qui en étaient adeptes — la France coloniale par exemple. Cette école fait des misères aux enfants qui la perçoivent comme une corvée. Même si une élite minoritaire arrive à s'y adapter et à réussir. La majorité des élèves, elle, sombre dans l'échec. Si dans leur famille, ils sont chouchoutés, ils deviennent des élèves vulnérables, fragiles psychologiquement. Si vous entendez par «chouchouter» accéder aux besoins vitaux exprimés par l'enfant, il est tout à fait normal que les parents y répondent. Bien sûr qu'ils doivent l'être (chouchoutés) mais dans les limites du raisonnable. Pas trop. Les bons parents sont ceux qui trouvent le juste milieu entre «chouchoutage» et fermeté. Par ailleurs, il ne faut pas confondre besoin vital associé à l'intérêt et caprice.
Le caprice est négatif. C'est là une définition que l'on donne aussi à l'action de chouchouter, à savoir satisfaire les caprices de son enfant. C'est négatif comme comportement parental. Aux parents de faire la part des choses.
Des deux côtés, l'excès est nuisible. Seul un partenariat école/famille pourra amener les parents à coller aux exigences de cette éducation équilibrée, stimulante et épanouissante. La famille prépare l'enfant pour l'école (avant six ans). Puis, elle l'accompagne tout au long de son cursus tout en apportant un soutien aux missions de l'institution scolaire.
C'est à l'école que revient la responsabilité d'initier ce partenariat par le biais des associations de parents d'élèves. Ces dernières doivent devenir des écoles de parents. Des parents responsables sont ceux qui s'informent, se sensibilisent, se forment au «métier» de parent puis à celui de parent d'élève.
Les enfants se sentent des fois agressés ou le sont carrément par le corps professoral (cas de maltraitance), y a-t-il des lois pour protéger l'enfant dans ces cas ?
Oui. Nous avons des textes qui l'interdisent (loi d'orientation de 2008 et, depuis des décennies, les différentes circulaires ministérielles). Mais avant que les lois ne viennent interdire le châtiment corporel ou la maltraitance psychologique, c'est la morale professionnelle et la conscience de l'éducateur qui interviennent. Un éducateur digne de ce nom n'a pas besoin qu'on vienne lui dire «frapper ou brimer, c'est interdit». Tous les membres de la communauté éducative doivent lire cette loi d'orientation sur l'éducation nationale. Pour la critiquer mais aussi pour l'utiliser, le cas échéant.
Les enseignants passent-ils un examen psychologique ou bien y a-t-il un suivi psychologique pour les enseignants et le personnel d'encadrement ?
Non. Il est demandé, à tout postulant au métier d'enseignants, deux certificats médicaux (généraliste et phtysio). Il est vrai que c'est par vocation que l'on doit choisir ce noble métier : aimer travailler avec les enfants, aimer les former pour les aider à s'émanciper progressivement de leur statut d'enfant et atteindre la plénitude de leurs compétences. Si je me sais hypernerveux, de caractère coléreux je n'ai pas à choisir ce métier. Ce serait faire du mal aux enfants, à la société.
Pensez-vous qu'un élève a conscience de l'importance de la journée du 1er juin ? Avez-vous un souhait à émettre en cette occasion ?
C'est aux éducateurs que revient la mission de sensibiliser les enfants à leurs droits et par la suite, aux droits de l'élève en milieu scolaire ; les deux se complétant. Un souhait ? Que tous les enfants d'Algérie savourent un jour les délices d'une école adaptée à leurs besoins, à leurs espoirs. A leur rêve d'enfant et d'adolescent. Une école qui n'étouffe pas la capacité et l'envie de rêver.
Ouvrages parus de M. Ahmed Tessa :
- Le BONU.SC. ou Le bouquet numérique de la scolarité : une innovation pour l'école du XXIe siècle (Collection Que faire ? Année 2012).
- L'éthique éducative au service de l'élève ou plaidoyer pour une charte d'éthique
et de déontologie (Collection Que faire ? Année 2014).
- Ouvrage à paraître en septembre 2014 : Collection Que faire ? Pour en finir avec
le scandale des cours payants.


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