Zemmouri Zohir est gérant d'une agence de voyages, en activité depuis 2012. Dans cet entretien, il explique les nouvelles habitudes des Algériens en terme de vacances et l'impact du mois de carême sur les voyages. Soirmagazine : Pouvez-vous nous présenter votre agence et votre parcours en tant que professionnel du métier ? Zemmouri Zohir : Zemmouri Tours est une agence de voyages possédant plusieurs années d'expérience dans le conseil et l'organisation de voyages en Algérie et à travers le monde. Nous sommes une entreprise commerciale qui compose et vend des offres de voyages à ses clients. Nous jouons le rôle d'intermédiaire et/ou d'agrégateur de services entre les clients et les différents prestataires sur le marché du tourisme : compagnies aériennes, hôteliers, loueurs de voiture, compagnies d'assurances, etc. Notre métier s'exerce dans des structures telles que les offices du tourisme, les musées, les sites touristiques, les sites liés aux activités de loisirs comme les parcs de loisirs et les bases de loisirs. Nous offrons aussi à nos clients l'hébergement dans les hôtels, les campings et les villages vacances. Notre rôle principal consiste en l'accueil des visiteurs, l'accueil téléphonique pour prendre des réservations, concevoir des visites, des excursions, veiller à l'esthétique du lieu d'accueil et son entretien et participer à l'organisation de manifestations, festives ou culturelles. Les qualités requises pour ce métier sont la patience, le travail d'équipe, l'ouverture d'esprit, le sourire permanent, l'organisation. Il est aussi recommandé d'avoir de bonnes bases en anglais, des notions d'une deuxième langue, et l'aisance en français et en arabe, à l'écrit comme à l'oral. Il faut aussi avoir un intérêt pour l'histoire, la géographie et l'art. Nous avons essayé de développer le tourisme dans le grand Sud algérien, notamment dans les régions de renommée mondiale pour leurs sites paradisiaques et leur diversité culturelle qu'on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde, mais malheureusement les années d'insécurité durant lesquelles notre pays a été plongé ont fait fuir de nombreux touristes nationaux et internationaux amoureux de ces régions. Nous recevons de nombreuses demandes de séjours touristiques de la part d'étrangers qui ont connu et visité ces régions dans les années 70 et 80, et qui ne peuvent être satisfaites car non permises par les autorités du pays pour cause d'insécurité. Qu'en est-il de la demande des Algériens ? La demande de séjour touristique des citoyens algériens est essentiellement axée sur le séjour à l'étranger dans les complexes touristiques. Si dans les années précédentes, la destination principale des touristes algériens était la Tunisie et le Maroc de par leur proximité géographique, les tarifs abordables affichés par les hôtels et surtout le visa qui n'était pas exigé, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Dans les années 2000 et jusqu'à aujourd'hui, le touriste algérien commence à s'aventurer dans d'autres pays lointains comme la Turquie, Dubai, la Grèce et autres Malaisie, Chine, Singapour et même les Etats-Unis. La demande pour les pays nordiques est en net déclin à cause des restrictions dues aux visas qui sont délivrés au compte-gouttes. L'Espagne en est la seule exception avec la France car l'obtention du visa est moins restrictive que les années précédentes. Il est certain que le pouvoir d'achat d'une certaine frange de la population algérienne s'est en quelque sorte amélioré ces derniers années à cause de la conjoncture politique et financière du pays, ce qui a entraîné une soif des Algériens a découvrir certaines régions du monde jusque-là inaccessibles. Les Algériens sont en train de découvrir des sites jusque-là réservés aux riches tels que les îles Maldives dans des «water villa» (villas-hôtels bâties sur l'eau). Pensez-vous que le fait que le mois de Ramadhan soit en été change les habitudes des Algériens ? Durant le Ramadhan la demande pour les séjours à l'étranger est réduite aux seuls voyages d'affaires. Les années précédentes, le Ramadhan a eu lieu durant l'été, ce qui a considérablement réduit l'engouement des Algériens à voyager durant ce mois sacré et par conséquent réduit considérablement notre chiffre d'affaires. Il est clair que le plus gros pourcentage du chiffre d'affaires d'une agence de voyages est réalisé durant les 3 ou 4 mois de l'été. Néanmoins, la préparation du séjour à l'étranger des touristes algériens pour l'après-Ramadhan se fait durant ce mois. Nous recevons énormément d'appels téléphoniques et de visites dans notre agence, de citoyens demandant les offres de séjour pour le mois d'août. Donc, nous travaillons dessus. Comment faites-vous à cet effet ? Y a-t-il des offres spéciales ? Il n'y a aucune offre spéciale durant le mois de Ramadhan. Comme c'est un mois de prière et de recueillement pour la majorité des Algériens, le désir de voyager s'en trouve réduit au minimum. C'est vrai que l'engouement est beaucoup plus important pour les voyages religieux tels que la omra. Cas exceptionnel, une famille algérienne a choisi le mois de Ramadhan pour partir passer ses vacances au Canada chez des proches parents. Une façon pour elle d'atténuer l'isolement culturel et spirituel de leurs proches résidant au Canada. Quelle est la destination la plus prisée ? La destination la plus prisée par les Algériens est la Tunisie et le Maroc car proches culturellement et aussi parce que les offres de séjour sont très abordables et compétitives. Il y a aussi le problème de transport par avion, qui est saturé durant l'été pour toutes les destinations. Les Algériens se rabattent sur ces deux pays car ils remplacent l'indisponibilité du moyen de transport par avion par le transport en voiture. La construction de l'autoroute Est-Ouest a aussi favorisé cet engouement pour ces deux pays car la durée du trajet est réduite.