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L'état Islamique : un des multiples avatars du projet du Grand Moyen-Orient des néo-conservateurs Américains
Le cas de l'Algérie (4e partie et fin)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 23 - 10 - 2014


Par Rachid Grim, politologue
Longtemps l'Algérie a été considérée par les Occidentaux comme un Etat se situant du mauvais côté de la barrière. Elle était dans le collimateur des puissants : Etats-Unis, Grande-Bretagne, et dans une moindre part, la France. Ainsi que de l'OTAN, le bras armé du bloc occidental.
Sans remonter aux années 1970, où la politique de récupération des richesses naturelles du pays et la forte implication de l'Algérie dans le combat anti-impérialiste avaient dressé le monde occidental contre elle, plus près de nous, un épisode significatif avait mis le pouvoir algérien sur la sellette par l'Occident. Rappelons qu'au milieu des années 1990, l'Algérie avait été l'objet d'une véritable campagne d'accusation de vouloir développer l'arme atomique.
La presse espagnole d'abord, britannique ensuite, relayée par les Marocains et par Bruno Tertrais, un auteur français spécialisé dans le nucléaire (Le marché noir de la bombe) avaient fait feu de tout bois pour faire accroire que l'Algérie était capable de produire du plutonium de type militaire et était aussi sur le point de disposer de la technologie de fabrication de l'arme nucléaire. Selon eux, le pays avait construit dans le secret le plus total, à Aïn Oussera, à la fin des années 1980, un réacteur de quinze mégawatts. Ce fut suffisant pour qu'un véritable branle-bas de combat soit déclenché pour mettre l'Algérie dans le collimateur de l'AIEA, des Etats-Unis et de tout l'Occident. Ce fut la signature par les autorités algérienne du Traité de non-prolifération nucléaire en 1995 et l'autorisation donnée aux inspecteurs de l'AIEA de procéder à des visites surprises qui ont mis fin à la campagne. Cette péripétie montre combien la situation de l'Algérie était et est encore fragile. Dans le projet du GMO, l'Algérie, sans être inscrite formellement dans la catégorie des pays «voyous» ou «hostiles», n'était pas non plus dans le cercle restreint des pays amis. Ses prises de position particulières et permanentes vis-à-vis des grands dossiers internationaux – conflit israélo-palestinien, conflit du Sahara occidental, relations amicales avec les Etats «voyous» d'Iran, de Libye, de Syrie, ses positions au sein de l'Opep, etc. ­— la rendaient suspecte. Les néo-conservateurs américains n'auraient pas vu d'un mauvais œil la déstabilisation complète du pays et la prise du pouvoir par un régime plus «souple» envers eux.
On peut se souvenir de la période ­— 1992/1999 — où la parole de l'Algérie était complètement inaudible sur la scène internationale. La période où le pays était la proie d'un terrorisme islamiste des plus barbares et où le monde entier regardait de loin les évènements, en accusant le pouvoir militaire algérien de tous les maux. Une période où les terroristes islamistes étaient considérés comme des «opposants armés face à la dictature» et non pas comme ce qu'ils étaient vraiment : des terroristes. L'Occident, Américains y compris, n'attendaient que la chute programmée du régime, pour adouber les islamistes qui seraient devenus les maîtres du pays. Cela montre combien «l'obligation démocratique» n'est qu'une phrase creuse dans la bouche des puissances occidentales qui veulent faire la leçon au monde entier, mais qui en réalité ne s'intéressent qu'à leurs intérêts mesquins. L'Algérie donc aurait bien pu faire l'objet d'un «printemps» à l'image des printemps tunisien, égyptien, libyen, yéménite ou syrien, si son peuple ne s'était pas souvenu du malheur qu'il avait vécu dans la décennie 1990. Si les émeutes des mois de janvier/février 2011 avaient réussi et que les islamistes (modérés ou non) avaient pu prendre le pouvoir par les urnes, l'administration Obama, comme tous les autres gouvernements occidentaux, auraient applaudi des deux mains.
Et même si c'est le statu quo (aidé par la manne financière des pétrodollars) qui a gagné, la situation de l'Algérie vis-à-vis des maîtres du monde n'a pas pour autant gagné en force et en stabilité. Tous les ingrédients d'une déstabilisation future – qui pourrait advenir bien plus tôt qu'on ne le croit — sont là :
A l'intérieur :
une crise économique absolument insupportable pour la population, malgré le matelas de dollars dilapidés par le pouvoir pour maintenir une paix sociale factice ;
une crise politique profonde, résultat de la destruction par le régime de tous les contre-pouvoirs (partis politiques, syndicats autonomes, société civile, etc.),
une crise sociale avec un développement phénoménal des maux sociaux ;
une crise morale avec une perte presque totale des valeurs traditionnelles de la société ;
une crise identitaire, qui constitue le danger le plus évident d'une implosion de l'Etat (le problème amazigh n'a toujours pas été réglé. Les populations touarègues peuvent à n'importe quel moment suivre l'exemple de leurs frères maliens, nigériens et libyens). Ne parlons pas du problème kabyle.
A l'extérieur :
un pays complètement cerné : le Maroc, bien évidemment avec lequel les relations sont exécrables ; la Libye qui est devenue le pays de tous les dangers pour tous les pays limitrophes et qui mobilise en permanence une part importante de l'armée algérienne ; la Tunisie aux prises avec le terrorisme islamiste, comme par hasard cantonné sur le mont Chaâmbi, à la frontière avec l'Algérie, qui mobilise elle aussi d'importantes troupes de l'ANP ; le Mali, toujours en état de guerre contre les groupes terroristes du Nord, d'où peuvent remonter les islamistes djihadistes pourchassés par les troupes maliennes, françaises et tchadiennes.
Même le Niger commence à constituer une zone de passage et de pénétration dangereuse pour la sécurité du pays.
Dans ce contexte, seule la Mauritanie ne constitue pas encore de danger visible.
Une zone géographique instable, avec : - une circulation effrénée d'armes issues ou non du formidable arsenal kadhafien ;
- des groupes djihadistes interconnectés entre eux qui ont fait du Nord-Mali et du sud libyen leur fief et qui gardent une capacité de nuisance certaine.
A son extrême sud, une zone de transit pour toutes les contrebandes possibles, y compris d'armes et de drogue.
L'UMA qui constitue une coquille que ses deux protagonistes principaux, l'Algérie et le Maroc, ont vidé de sa substance ;
des relations algéro-marocaines très tendues qui peuvent déraper à n'importe quel moment, tant que le problème du Sahara occidental n'est pas réglé et que les frontières restent fermées.
Même le scénario d'une guerre n'est pas à écarter, tant les deux régimes sont autistes et campent fermement sur leurs positions (rappelons qu'il y a déjà eu deux conflits armés entre les deux pays : en 1963 avec la guerre des sables, et en 1975/76 avec Amgala 1 et 2 au Sahara occidental).
En guise de conclusion
Existe-t-il aujourd'hui une manière autonome de faire de la politique, de l'économie, du développement, de la stratégie, de choisir sa propre voie pour un pays, en dehors du diktat de l'Occident en général et des Américains en particulier ?
Qui est capable de construire une opposition crédible à la mondialisation actuelle (en fait une américanisation) et proposer un autre modèle politique, économique et social pour se substituer à l'actuel, dont tout le monde sait qu'il mène l'humanité droit dans le mur ? L'hégémonie totale des Etats-Unis sur le reste du monde ­­— y compris envers les autres «puissances» (Europe, Japon, Chine, Russie, Inde, etc.) — sera-t-elle remise en cause dans un avenir prévisible ? Les Etats du Sud, tous ceux dont nous avons parlé et les autres que nous n'avons pas abordés, auront-ils encore la même forme ou seront-ils remodelés pour répondre aux desiderata des maîtres du monde ? Autant de questions essentielles qui se posent et dont les réponses ne sont pas évidentes.


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