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Lettre de province
La république des lettres et l'écrivain dans la cité
Publié dans Le Soir d'Algérie le 01 - 11 - 2014


Par Boubakeur Hamidechi
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Il est tout de même heureux que l'Algérie demeure une terre fertile en créativité littéraire. C'est ici dans ce pays au passé tourmenté et au présent désenchanté que souffle cycliquement le verbe vigoureux et sans concessions. A cela il y a une raison qui appartient au fait que des livres majeurs ont précédemment parlé sans fard de la douleur de la société et qu'ils l'ont décrite avec justesse dans son aliénation ravageuse. De cet héritage se dessina, peu à peu, une sorte de tradition littéraire quant à la manière d'appréhender le récit. En Algérie justement, celui-ci est rarement un exercice jubilatoire du talent mais un devoir grave par sa tonalité et sérieux dans ce qu'il s'efforce d'énoncer et de dénoncer surtout. En cette saison des livres, c'est notamment grâce à l'opus de Kamel Daoud que se perpétue ce courant typiquement «algérianiste». Avant lui, il y eut, entre autres, Boualem Sansal et Nina Bouraoui, lesquels, sur un mode différent de l'introspection de «l'Arabe» dans Meursault contre-enquête, décrivirent la désolation qu'inspire le pays réel. «Ma terre s'en va, écrit Bouraoui, je deviens un corps sans terre». Alors que Sansal annonce d'autres ruptures dans son roman intitulé Harraga. La noirceur totale de la littérature algérienne des 20 dernières années n'est-elle pas symptomatique de la morosité, voire du désespoir qui accable le pays ? Dans cette contrée des paradoxes, ceux qui confisquent les pouvoirs s'usent moins vite que les sujets... de la république. Globalement, l'on retrouve dans la plupart des fictions romanesques cette thématique de la terre blessée et de l'Algérien désorienté et vaincu par tant d'iniquités. «Même le souffle épique de Novembre 1954 s'est éteint et son souvenir aussi semble s'être perdu», écrivait un critique il y a une dizaine d'années. Pourtant, la grande geste d'un peuple, dont on s'apprête à célébrer le soixantième anniversaire, n'avait-elle pas inspiré de talentueux prosateurs et de sublimes poètes dont les œuvres survécurent à tous les enfouissements ? Textes qui témoignent encore de nos jours d'une grandeur, perdue hélas.
Kateb Yacine fut certainement le plus représentatif de cette génération d'auteurs. Charnellement patriote, il se fit publiciste et journaliste sans pour autant verser dans la connivence politicienne. Exemplaire par son tempétueux affranchissement vis-à-vis de l'establishment politique, il devint un modèle à bon nombre d'écrivains de la seconde génération. Autant dire que si l'écriture parvient à survivre encore à l'inquisition, même rampante, elle le doit pour l'essentiel à une sorte d'émancipation entêtée de quelques écrivains talentueux. Et c'est peut-être cela qui constitue le véritable testament de l'auteur du Cadavre encerclé. Celui que fructifie avec bonheur cette nouvelle littérature flamboyante dans sa facture et néanmoins réfractaire à la flagornerie honorée. La filiation nous paraît évidente à la lecture sans pour autant qu'elle soit assumée clairement par les auteurs. Pourtant, elle a pour «ancêtre» féroce le géniteur onirique de Nedjma, le sculpteur du monologue du «vautour» et le porte-parole de l'éternel «cadavre».
Celui qui fut durant un quart de siècle (1962-1989) la conscience des lettres nationales et en même temps le cauchemar des pouvoirs politiques n'avait jamais eu de cesse de rudoyer par son théâtre la concussion au sein de l'appareil d'Etat et les petits arrangements politiciens qui ont fini par altérer la confiance de la société. Son théâtre notamment a servi de détonateur oral à son œuvre. «Explorateur des abîmes et scrutateur des horizons», c'est ainsi qu'il définissait le rôle de l'écrivain algérien en 1959 avant d'étayer la formule en s'attardant sur, à la fois, l'outil linguistique de sa vocation et le sens de son combat.
«S'il (l'écrivain) écrit en français – disait-il – il n'est pas coupé, pour autant, de sa langue maternelle. Sa situation entre deux lignes de feu l'oblige à inventer, à improviser, à innover, à retrouver sa voix perdue dans le fracas des armes et à s'offrir en cible parmi les frères ennemis (...) Il avance comme un visionnaire. Il sent en lui la déchirure et cependant il entrevoit déjà la confluence. Il sait aveuglément que l'Algérie est un creuset où s'élabore une nation sans pareille qui préfigure dans ses charniers toute une humanité à venir. Les yeux fermés, il peut s'imaginer dans les replis de l'Aurès, sur les hauteurs du Djurdjura, de crête en crête, de village en village, toute une infinité de républiques, bien plus réelles que l'on croit. (...) Les missionnaires d'empires venus en Algérie au nom de Rome, de l'Islam ou de la France n'ont pas manqué de caresser ce rêve : intégrer l'Algérie à leurs systèmes contradictoires. Et que s'est-il passé ? Il s'est passé que nous avons assimilé nos assimilateurs. Ma génération et celles encore plus ardentes qui ont pris place au combat, le plus souvent à l'âge tendre, ne seront jamais mûres pour «l'interaction des âmes» ce sénile euphémisme de pieux théoriciens en uniformes (...) Enfin si l'écrivain est «l'ingénieur des âmes», ma mission est de vous dire, Messieurs les «missionnaires», qu'il n'y a rien en nous à intégrer. Tout ce qui reste en Algérie, après toutes les agressions, c'est l'ironique intégrité de nos montagnes» (in la revue Témoignage Chrétien. Avril 1959).
De nos jours, il nous a semblé, jusque-là, difficile de croiser, à travers la lecture, un talent aussi lumineux porter l'amplitude du procès qu'il instruit. Mais semble-t-il, les «choses» commencent à changer, car il ne faut jamais désespérer de la littérature surtout lorsqu'on a fini de se délecter à la lecture de la «contre-enquête» de Kamel Daoud.


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