[email protected] Zohra ouvre sa marmite d'où se dégage une odeur alléchante d'un berkoukes au poulet qui vient à point nommé en cette journée pluvieuse. Elle en remplit des bols. Les enfants n'aiment pas manger trop chaud. Midi : ils arrivent affamés. - Allez vite vous laver les mains ! Ils s'exécutent, puis se mettent à table. Ils ont juste le temps d'avaler leur soupe et de filer à l'école. - Le déjeuner était délicieux. Ils s'en sont léché les babines ! s'exclame Zineb, sa sœur. - Oui, en plus, ils adorent ça. Va t'installer au salon, le temps de terminer la vaisselle et je te rejoins. - Ne t'éternise pas, je te connais. - Non, je te promets, j'en ai pour un petit quart d'heure. Assiettes et couverts lavés, séchés, rangés, Zohra remarque quelques gouttes d'eau sur le sol. Elle prend le sceau, la serpillière et essuie la surface. Zineb s'impatiente. - Alors, c'est pour demain ? L'épisode va commencer. - ça y est, j'arrive. Zohra ôte son tablier, se lave les mains et s'affale sur le divan. - ce n'est pas possible, on ne finit jamais ce satané ménage. - Non c'est toi qui cours après, ma parole, tu ne peux pas tenir en place. C'est une maladie chez toi. - Tiens, tu me fais rappeler que je n'ai pas encore trié le linge. Je vais le chercher, je le ferai en regardant la télé. Zohra revient avec une pile d'effets et se met à la tâche. Elle dispose les chemises de son époux sur le dos de la chaise. - Il y en a beaucoup. Je vais les repasser vite fait, je m'en débarrasserai, comme ça je serai libre. - Incroyable ! tu ne sais pas t'assoir ne serait-ce que dix minutes et ne rien faire, juste te relaxer ? - C'est plus fort que moi. Je ne suis pas tranquille tant que la maison n'est pas nickel et bien ordonnée. - Après le repassage, tu vas forcément trouver autre chose. Zohra rit aux éclats. - Tu me fais rappeler notre cousine Mehdia, qui panique quand la télé tombe en panne. Ce bruit de fond, ces images qui défilent, même si elle n'est pas en face sont comme une drogue pour elle. Toi, tu perds la tête quand il n'y a plus rien à faire dans ta demeure. Siroter un thé en parcourant les pages d'un roman, ou faire une petite sieste te fait peur. Libère un peu tes mains. - Mais non, tu me prends pour une malade ? Zohra, sourire en coin, continue son repassage. Experte qu'elle est, elle achève son œuvre en deux temps trois mouvements. - Le temps de les ranger dans l'armoire et je suis à toi. - Oui, c'est cela. J'attends. Zohra s'assoit enfin. Elle pose sur la table du salon une boîte à couture et un pantalon. - J'ai oublié de faire les ourlets. Nazim me l'a demandé hier, mais j'étais trop fatiguée. - Tu sais, il est bientôt 16h, les enfants ne vont pas tarder à rentrer. - Mon Dieu ! Je vais le liquider vite fait, et préparer une galette. Les gamins en raffolent. Et la voilà repartie dans sa cuisine. Elle enfilera son tablier et se remettra à la besogne.