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C'est ma vie
Le bonheur confisqué
Publié dans Le Soir d'Algérie le 27 - 12 - 2014

Quand on a 22 ans et qu'on convole en justes noces avec l'homme que l'on a aimé, il semble que l'on doit être prête à faire toutes les concessions. Dix années durant, Ratiba vivra sous l'emprise d'un beau-père.
Son père a flairé le mauvais choix, mais Ratiba, aveuglée par l'amour qu'elle vouait à son prince charmant, ne l'entendait guère de cette oreille. «Mais tu ne réalises pas que tu vas faire la bêtise de ta vie. Cette famille est trop différente de la nôtre, et puis tu vas vivre dans un minuscule trois pièces et laisser la grande villa, l'agréable jardin. Mais ça n'a pas de sens. Je suis triste pour toi. En plus tu vas t'occuper d'un vieillard, alors que chez nous tu ne fais même pas la vaisselle. J'avoue que je ne te comprends pas.»
«Aziz est très gentil avec moi, c'est ça le plus important.»
Et c'est Aziz qui aura le dernier mot. Il prendra pour épouse Ratiba et ils vivront dans le petit F3 avec son père dont elle s'occupera pendant dix ans, jusqu'à sa mort.
De longues années qui n'ont pas été de tout repos pour la jeune mariée. «Quand je me suis mariée, ma belle-mère était déjà morte. Mon beau-père, qui avait 70 ans passés, a mal accusé le coup. J'étais donc son souffre-douleur. Cuisinier en retraite, la cuisine était son lieu de prédilection. Quand il s'y trouvait, je tremblais à l'idée de faire bouillir le lait. Il inspectait le feu et me répétait que la flamme ne devait pas dépasser la casserole. Il se tenait debout et ne bougeait pas jusqu'à ce que le liquide bouille. On ne pouvait échapper à son commandement. Il veillait à ce que la maison soit toujours en ordre, que la vaisselle soit bien essuyée, rangée, le sol lustré, et le peu de meubles qu'il avait sans aucun soupçon de poussière.»
Ratiba n'avait pas droit au repos. «Il fallait que j'aie d'une main le balai et de l'autre la serpillière, à l'affût de la moindre petite souillure qui viendrait tacher le parterre. Une véritable obsession chez ce septuagénaire infatigable. Je me souviens que lorsque j'ai accouché de mon premier bébé, je me penchais sur son berceau en position debout pour ne pas perdre de temps à donner le sein à ma fille. Je devais faire vite et m'occuper d'autre chose. Heureusement que je me rattrapais le soir. Je la serrais contre moi pour que nous puissions nous sentir. J'avais surtout la hantise qu'il vienne me remettre à l'ordre. Il me terrorisait et mon mari n'avait aucun droit à la parole. C'était comme ça et personne ne devait rechigner. Quant à moi je gardais tout pour moi ; je ne devais surtout pas me plaindre à mon père. Ma mère nous avait quittés deux années avant mon mariage.»
Ratiba vivait la peur au ventre. Son époux quittait la maison tôt le matin pour se rendre à son lieu de travail, pour ne revenir que le soir, elle devait donc affronter seule son «bourreau». Sept heures tapantes, il frappait à sa porte, lui ordonnant de se lever, de lui préparer le petit-déjeuner et d'attaquer les tâches ménagères. Son tablier elle l'ôtera tard dans la nuit après avoir tout récuré. Elle se couchera la dernière et se lèvera bien évidemment la première. Un rythme soutenu même le week-end.
«C'est simple, je fonctionnais comme un robot. J'étais éveillée avant même qu'il ne toque, et me mettais au travail comme une automate. Et il était fier de dire à mon père que je savais pétrir le pain, rouler le couscous, faire toutes sortes de gâteaux, me lever tous les jours au chant du coq et me coucher presque au petit matin ; la belle-fille idéale quoi !» Ratiba ne savait pas ce que signifiait pour elle la lune de miel. Elle n'a pas eu droit non plus à un voyage de noces, même à travers son pays. Elle n'a eu aucun répit sauf les quelques moments d'intimité avec son époux, qui la consolait en lui demandant d'être patiente. «J'avais accepté cette situation, il fallait donc que j'assume.» Et elle a assumé jusqu'au bout. «Un jour, après avoir passé une nuit blanche à cause d'une rage de dent, je n'ai pas pu me réveiller. Assommée, je ne l'ai même pas entendu toquer. Il n'a pas hésité à pénétrer dans ma chambre et à me secouer de toutes ses forces. Je me suis réveillée en sursaut. Tétanisée, je sanglotais comme un enfant. Il est sorti furieux en claquant la porte. J'ai essuyé mes larmes, regardé l'heure. «Neuf heures, mon Dieu. Je me suis empressée de me mettre au boulot, sans même avaler quoi que ce soit. Ce jour-là il ne m'a pas adressé la parole. Quelques mois avant sa mort alors que son état de santé se détériorait, la nuit, je laissais la porte de ma chambre entrouverte et il m'appelait pratiquement toutes les dix minutes. Je ne dormais presque pas.
Mon mari et mes belles-sœurs avaient pitié de moi, j'avais donc droit à une petite sieste pour reprendre des forces, car les nuits étaient longues pour moi. Je fus à son chevet jusqu'à son dernier souffle. Même après sa mort, j'entendais sa voix. Je réveillais Aziz en pleine nuit, en lui disant que ton père m'appelle. Cela devenait récurrent et surtout inquiétant. Il a fallu l'aide d'un psychologue durant une année pour m'en remettre.»


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