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Enquête-Témoignages
Les cours supplémentaires, ces incontournables de l'enseignement actuel
Publié dans Le Soir d'Algérie le 28 - 03 - 2015

Ayant fait leur apparition timide au milieu des années quatre-vingt-dix chez les lycéens, les cours supplémentaires visaient alors les matières scientifiques telles les maths ou les sciences naturelles ou, pour les littéraires, la philosophie et la littérature arabe. Pourtant, au fil du temps, le recours au soutien scolaire est devenu de plus en plus indispensable.
les parents y ont recours, sous la pression de leurs enfants, ou vice-versa. Il est alors loin le temps des cours supplémentaires dans les matières importantes et réservés aux classes de terminale. Aujourd'hui, c'est tout le monde qui prend des cours «supp» dans toutes les matières et à tous les niveaux. L'alerte lancée ces dernières années par les syndicats des professeurs et les responsables du secteur de l'enseignement témoigne de l'ampleur d'un phénomène qui renseigne non seulement sur l'incapacité de l'école à combler le vide informationnel des apprenants mais également et surtout, sur la démission de certains parents incapables de s'investir dans l'instruction de leur progéniture et qui cèdent ainsi à la facilité moyennant payement.
Nassima, professeur d'école primaire et maman de deux enfants
«Ma fille aînée, Mina, est en quatrième année primaire. Elle est très douée à l'école et est à chaque fois classée première de sa classe. Pourtant, dès l'année passée, alors qu'elle était en troisième, son père et moi avons décidé de lui faire prendre des cours de français. Ce choix s'est fait en raison de notre niveau moyen dans cette langue qui a fait que j'étais sûre de ne pas pouvoir l'aider correctement. De plus, étant moi-même professeur, je vois très bien comment certains profs de français enseignent cette langue, pourtant loin d'être figée ; ils ne s'attardent que rarement sur l'oral et la production, et suivent les programmes inscrits dans les manuels à la lettre sans prendre la peine d'adapter leurs cours aux besoins et aux connaissances des élèves.
Ma fille sait parfaitement écrire en respectant les interlignes, elle lit aussi les mots et les textes qu'on lui présente, mais elle est incapable de parler, de produire autre chose que ce qui lui est enseigné en classe. C'est pour qu'elle puisse avoir accès à la culture de la langue et à tout ce qui pourra l'aider à s'exprimer en français que je l'ai, dès l'année dernière, inscrite chez une enseignante qui, à mes yeux, pourra lui apprendre, non pas ce qu'elle fait en classe, mais ce qu'elle gardera toute sa vie et qui lui permettra de maîtriser réellement cette langue étrangère.»
Yassine, 32 ans, fonctionnaire
«A mon époque, dans les années 2000, on avait recours aux cours supplémentaires en classe de terminale pour renforcer nos connaissances dans certaines matières difficiles et au coefficient important. Pour les scientifiques, c'était principalement les maths, la physique et les sciences naturelles alors que pour les littéraires comme moi, la philosophie et la littérature arabe, parfois l'espagnol, étaient de mise. Je pense que les cours à cette époque servaient de renfort lorsqu'un lycéen n'assimilait pas bien les cours chez tel ou tel professeur et qu'il n'osait pas le dire en classe ; c'était pour nous une bouée de sauvetage qui nous rassurait, surtout que nous avions le bac à préparer.
Certains élèves dont les parents étaient plus aisés se payaient des cours à domicile ; c'était le nec plus ultra des cours supp', car le professeur connaissait ses élèves personnellement et adaptait son cours par rapport à chacun d'eux. Avec du recul, j'estime que nos parents, la plupart en tous les cas, cédaient à la facilité en préférant payer des cours à leurs enfants au lieu de les suivre à la maison et auprès de leurs profs ; c'est le cas de mes parents, mon père ne venait que rarement s'informer de mes résultats ou de mes difficultés auprès de mes profs et c'est naturellement qu'il me donnait les mille dinars mensuels nécessaires aux cours supplémentaires.»
Lahna, 16 ans, lycéenne
«Je suis des cours particuliers depuis l'école primaire, en français et en maths en sixième année, puis dans presque toutes les matières au collège et maintenant que je suis en deuxième année secondaire, c'est encore le même rituel. Au début j'étais réticente, aller encore en cours alors que je sortais à peine de l'école et étudier les week-ends au lieu de m'amuser avec mes amies. C'était pour moi un supplice, voire une punition alors que j'étais toujours parmi les premiers de la classe, je sentais que mes parents n'étaient pas satisfaits de mon niveau alors je me forçais et c'est vrai que j'avais de meilleurs résultats ; j'ai obtenu ma sixième avec une moyenne de 10 sur 10.
Au collège, les cours supplémentaires ont commencé à être agréables, j'y voyais mes copines et me faisais d'autres amis venus d'autres écoles. En plus, les professeurs étaient plus gentils et plus attentifs à nos besoins. On résolvait des problèmes en faisant l'impasse sur les cours ennuyeux et tout le monde trouvait sa place et participait sans gêne. Maintenant que je suis au lycée, je passe mon bac l'année prochaine, j'ai choisi moi-même les matières pour lesquelles je prends des cours supp' ; celles dont le coefficient est important (maths, physique, chimie et sciences), ainsi que l'arabe et la philo dans lesquelles je ne suis pas très bonne. Ces cours me permettent d'avoir un niveau supérieur à ce que j'aurais eu juste en suivant mes cours au lycée, surtout avec les grèves multiples et certains profs qui n'expliquent pas bien du tout ; ils font trop vite, juste pour terminer le programme et ne se donnent pas la peine de s'approfondir sur des sujets qui, parfois, nous intéressent particulièrement. J'avoue par ailleurs que pour la plupart de mes copains, prendre des cours supp' est une mode incontournable, on se refile l'adresse d'un bon prof entre amis, on discute des tarifs et des méthodes utilisées, même sur internet, en cherchant bien, on tombe parfois sur de bonnes adresses et de bons enseignants. Ne pas prendre de cours supplémentaires est considéré comme anormal et parfois plouk ; j'ai connu une fille au collège qui ne suivait aucun cours particulier et je vous jure qu'elle n'avait presque aucun ami.»
Nacer, professeur à la retraite
«j'ai pris ma retraite l'année passée, j'ai enseigné durant plus de trente ans, et j'avoue que cet engouement pour les cours particuliers m'intrigue un peu, même si je sais très bien la difficulté que rencontrent certains élèves à comprendre des sujets que nous, les adultes, nous efforçons de leur expliquer. Le recours à des professeurs extérieurs aux établissements scolaires est dû, pour moi, à la conscience de certains élèves et de leurs parents de l'inefficacité de ce qu'on leur propose à l'école. Je témoigne moi-même que certains professeurs de langues ne maîtrisent même pas les bases de ce qu'ils enseignent ; fautes d'orthographe, prononciation hasardeuse et pédagogie inexistante, tels sont les tristes constats que j'ai pu faire chez la plupart des nouveaux enseignants. Les élèves sont poussés à la mémorisation et au reflux inconditionné ; on n'exige d'eux que l'ingestion des informations sans leur donner les outils de la production et de la compréhension approfondie.
Actuellement, je donne des cours de soutien en langue française au sein de la Maison de la culture de ma ville et les jeunes qui viennent me voir sont souvent universitaires, étudiants ou diplômés et qui ne maîtrisent qu'approximativement une langue qu'ils étudient pourtant depuis le primaire. J'ai affaire à des jeunes complètement déboussolés qui ne savent pas accéder à l'information d'eux-mêmes ; ils se limitent à prendre ce qu'on leur présente et à le restituer. Dans mes cours, je pousse les apprenants à décortiquer, analyser et étudier les mots, les phrases et les tournures afin d'en extraire le sens et la méthode. Le support est aussi important car à chacun ses centres d'intérêt, donc il faut adapter son enseignement à son public. A mon avis, si les gens s'orientent davantage vers les cours supplémentaires, ce n'est pas sans raison ; il y a indéniablement des lacunes que les pédagogues et les responsables du secteur doivent prendre au sérieux et y trouver des solutions avant qu'il ne soit trop tard.»


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