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Psychose 90 en compétition à Sidi-Bel-Abbès
Quand l'engagement ne chasse pas l'esthétique
Publié dans Le Soir d'Algérie le 08 - 04 - 2015

C'est sans doute la proposition la plus intéressante qu'on ait vue jusque-là dans la compétition officielle de ce 9e Festival local du théâtre professionnel de Sidi Bel Abbès. Mostaganem entre en force avec Psychose 90, signée Ahmed Bel Alem.
Adaptée du texte «4.48 Psychosis» de la dramaturge britannique Sarah Kane, la pièce Psychose 90 est une chronique obsessionnelle qui affiche un parti pris aussi bien artistique que politique. On l'aura compris à travers le titre : il s'agit de revenir sur une tragédie algérienne injustement occultée par le 4e art du post-traumatisme. La démarche de Ahmed Bel Alem est à la fois intelligente et audacieuse ; il n'est pas question d'aborder la décennie noire par le prisme d'un drame national globalisant, mais au contraire, à travers l'intime, l'invisible, le non-dit...
D'abord, une scénographie dépouillée mais puissante se révèle peu à peu sous les projecteurs : une toile géante représentant le visage littéralement fissuré d'une femme qui fixe pourtant intensément la salle. Puis on entend le premier cri d'une pièce qui en usera continuellement, parfois de manière malvenue, mais justifiée. Deux silhouettes menaçantes dont on distinguera les tenues afghanes courent après une femme en haillons ; laquelle entamera après un moment de silence une sublime chorégraphie sous les notes d'un luth. Le ton est donc donné pour un psychodrame qui promet de vous secouer tant la thématique ne s'est jamais départie de sa violence émotionnelle, notamment quand c'est l'art qui s'en empare. Nous transhumons, toujours sous le regard troublant de la femme sur la toile, dans un hôpital psychiatrique où surgit une jeune fille à qui l'on vient de mettre la camisole de force...
La scénographie reste inchangée mais les lumières se font plus franches et nous révèlent un visage meurtri, fou, noyé dans une longue crinière...
Le récit infernal d'un cauchemar bien réel peut commencer ! Cette femme (Sarah Bouregaâ) qui a vu mourir toute sa famille, a été kidnappée et maintes fois violée par des terroristes ; la «graine pourrie» semée en elle par l'un d'entre eux précipite sa démence. Son alter-égo (Imen Bel Allem), vêtue d'une robe blanche sur laquelle est collé un patchwork de coupures de journaux, tente de calmer sa douleur mais revient immanquablement à l'atrocité du souvenir et appelle sans cesse une certaine Houria... Il s'agit bien sûr de l'un des rôles les plus difficiles au théâtre : la folie, et tout ce qu'elle exige comme performances, souffle et endurance.
L'époustouflante Sarah Bouregaâ est visiblement hantée par son personnage car au-delà des traditionnelles mimiques de la démence, elle s'illustre dans une narration échevelée dont l'extrême laideur du contenu contraste avec l'élégance d'un arabe oranais quasiment poétique. Son double, la sensuelle et néanmoins féroce Imen Bel Allem, l'accompagne dans ses évocations torturées et métaphorise les scènes insoutenables à travers de magnifiques chorégraphies... Ce duo parfaitement complice entraînera le spectateur dans un tourbillon émotionnel et, sans le moindre discours direct ni appellation claire, fera resurgir sur scène le spectre de la décennie noire, mais il mettra également chacun devant ses lâchetés quant à l'institutionnalisation de l'oubli et le crime traditionaliste commis par la société contre les femmes violées par les assassins... Ahmed Bel Allem, discrètement subversif, assumera jusqu'au bout son duel avec le public et clôt son spectacle en dévoilant enfin un des bourreaux en pleine lumière.
Ce dernier se débarrasse de son accoutrement, pose son arme à terre et descend les marches de la scène pour prendre place parmi les spectateurs !
Le langage adopté par le metteur en scène pour se réapproprier le texte d'une dramaturge torturée comme Sarah Kane (qui a mis fin à ses jours à l'âge de 28 ans), est loin d'être une simple adaptation au contexte algérien, des tourments existentiels de l'auteure britannique. Il s'inscrit, au contraire, dans une confrontation entre l'esthétique du macabre et l'indispensable catharsis qui ne passera probablement pas par le pardon, encore moins par l'oubli. On regrettera seulement que l'auteur ait voulu surligner l'aspect dramatique d'une histoire qui n'en a pourtant pas besoin à travers la répétition des détails, certes en cohérence avec l'atmosphère obsessionnelle du texte, mais qui risquait de banaliser la souffrance et affaiblir considérablement les derniers instants de la narration.
Psychose 90 reste néanmoins la plus belle proposition depuis le début de la compétition officielle du festival qui se clôture demain jeudi à Sidi Bel Abbès.


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