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Tendances
CHAÎNE DES LIVRES (15)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 29 - 07 - 2015


Youcef Merahi
[email protected]
Auteur de Parésie, du temps où les «poètes rêvaient de châteaux...» en Algérie, Hamid Tibouchi – agitateur patenté des signes – a mis en recueil une quarantaine de ses œuvres plastiques (aquarelles, lavis d'encre de Chine, techniques mixtes sur toile ou papier, papiers collés) accompagnées de ses «notes d'atelier», sous le titre très suggestif, l'Infini palimpseste, aux éditions la Lettre volée, 2010. Conçue sous forme de beau livre, cette «galerie d'art» nous donne à voir le talent de peintre de Hamid Tibouchi, lui, le poète du quotidien, ainsi que sa faconde de penseur. Oui, je peux me permettre d'utiliser ce qualificatif, car ses notes provoquent de la réflexion et incitent le lecteur à mettre au diapason la pensée et le tableau qui lui fait face. La question est la suivante : Hamid Tibouchi a-t-il d'abord peint, puis pensé tout haut ? Ou le contraire ? Certaines «portées» ou «notes d'atelier» sont tellement évidentes, simples, qu'il faut les mâchouiller pour les mettre à dessein (à dessin ?). Voilà quelques exemples : «J'écris des toiles et je peins des livres.» «Après avoir beaucoup lu, je m'applique à «délire.» Ayant pas mal écrit, je passe mon temps à «désécrire», page 40. «Matisse, métis. Paul Klee, pôle clef», page 34. Ou encore : «Il me reste encore la poésie comme respiration, et la dérision comme arme pour désamorcer l'innommable.» Malgré les années et les désillusions, les partages et les adieux aux amis, Hamid Tibouchi est resté le même, un poète des pas perdus, un peu comme un hippie, un poète de la gouaille et de la dérision, un peu comme Prévert, mais, surtout, un poète fidèle à sa vocation de traqueur de vertiges de ceux qui déjeunent, à longueur de journée, de certitudes précaires.
En ayant entre les mains l'ouvrage de Joe Okitawonya Malandy, sous le titre provocateur de L'évangile selon Joe, ou Histoire romancée de ma vie, aux éditions Lazhari Labter, 2014, je me suis gratté le crâne. Qu'est-ce que c'est encore ça, me suis-je dit ? Plus tard aussi, je me suis encore gratté le crâne, mais après avoir lu le récit pathétique de Joe Okitawonya Malandy, congolais de naissance, mais algérien parce que l'Algérie «a fait de (lui) un homme», page 87. Pathétique. Nostalgique. Sincère. Edifiant. Incroyable. A faire lire par les écoliers du monde entier. Voilà ce que j'ai pensé au fil de ma lecture de ce récit, encore une fois qui arrache les tripes. C'est du moins mon sentiment. Je suis resté, malgré mes innombrables lectures, au sentiment à fleur de peau. Et là, j'y suis ! En termes de sentiment, j'ai été servi à satiété par ce beau'z'ariste que tout le monde appelle l'artiste. Il est question, dans ce récit, de son Congo natal, de la pauvreté de sa famille, de l'ébriété quotidienne d'un père au chômage, le départ du pays vers le nord de l'Afrique, les études, les rêves, les espoirs, les amitiés fidèles (surtout avec Amine L.), les amours transies, la réussite... Mais après le départ d'Alger où, selon Joe, la rue Didouche-Mourad est la plus belle avenue du monde. Je cite l'auteur, bien sûr. Le récit finit gravement : «... Et à 10 heures 30, j'avais pris l'avion vers...», p. 101. Un récit qui finit par des points de suspension, je n'en ai jamais vu de ma vie. Ces points appellent quoi pour Joe ? Y a-t-il un retour possible ? Personnellement, je reste sur ma faim : ce récit appelle une suite pour être complet. Mais au fait, que devient Joe Okitawonya Malandy ? J'aimerais bien le savoir.
Biologiste de formation, Anissa Mohammedi a choisi la voie étriquée de la poésie pour mener sa vie, presque comme dans un soupir, titre de son premier essai poétique, édité en Algérie en 1996. Depuis l'année de ses premiers pas dans la respiration syncopée de la poésie, Anissa Mohammedi a fait un bon bout de chemin, tout de même. Elle a délibérément choisi de vivre en France, peut-être parce que l'inspiration y est plus libre et la démarche plus aisée. Un bon bout de chemin puisqu'elle participe aux lectures de poésie un peu partout dans le monde. Dans les deux recueils que j'ai entre les mains, Au nom de ma parole et De terre et de chair, j'y ai trouvé une voix brisée par la douleur, le rêve gâché, mais aussi de l'espérance plus rebelle que le destin de cette femme qui porte le fardeau (c'en est un pour moi !) comme Sisyphe portait son rocher. Un peu comme une malédiction : «Glissement/Entre glissement dans le même texte/Qui à force de parenthèses/Devient un semblant de gribouillis/Avec un semblant de début/Sans jamais un semblant de fin.», p.24. Néanmoins, Anissa Mohammedi accepte «l'overdose des mots» ; elle n'a que cette opportunité périlleuse ; elle en connaît les risques ; elle en accepte les conséquences. Elle se veut poète, dans le sens de la démesure, pour – sûrement – s'accomplir, mériter les aubes de chaque jour, aller dans le sens du beau et du vrai et, surtout, interférer dans le langage commun pour en faire un mirage : «Toutes ces quêtes, ces errances, ces palpitations, ont du mal à retenir la sève des bourgeons, des sources, des veines, du sang, du recommencement ? Naissance, renaissance, où est le début, où est la fin ? Peu importe, la parole est là...», p. 9 (Michelle Jacquet-Montreui). C'est ainsi qu'Anissa Mohammedi accepte d'être la mémoire future de ceux qui veulent, mais ne peuvent retenir le mot pour dire que «la vie ne vaut rien, mais que rien ne vaut la vie» (André Malraux) : «A bout de nerfs/A bout de souffles/La conscience s'en prend au néant/Rien ne semble plus fragile/Que cet horizon trouble/Voici mes mots/Qui surfent sur les méandres/Ils se heurtent à l'érosion/Plongent dans le silence/Pour se dépouiller/Puis remontent à ma langue/Pour vomir le vertige», p.20. Dommage que les différents recueils d'Anissa Mohammedi, poète bilingue tamazight-français, ne soient pas disponibles en Algérie où est censé se trouver son public naturel. On est encore dans la dimension de l'exotisme, même dans la parole. Je me rappelle de mon professeur de philosophie, dans les années 70, tentant de nous convaincre – nous, ses potaches – de lire n'importe quoi, journal, roman, poésie, polar, bandes dessinées...
Tout, quoi ! Juste pour ne pas perdre le nord, disait-il par conviction philosophique. C'est vrai que nous nous sommes mis à lire, à lire, à lire, jusqu'à la névrose, pour reprendre la formule de Djamel Amrani, ce poète de toutes les déambulations. Pardon Djamel, je sais que tu n'as jamais déambulé, sauf dans ton crâne perclus de poésie. Depuis, je n'arrête pas de questionner l'écrit (l'écriture ?) pour me retrouver sauf de toute crasse. C'est tout le mal que je souhaite aux lecteurs de tout bord !


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